Les musulmans constituent environ 30 % des 28 millions d'habitants du Cameroun[1]. En général, ils ne se rattachent pas à un courant précis de l'islam, mais ils s'identifient comme sunnites bien qu'il existe une minorité chiite 2 %[2] et une minorité équivalente adepte de l'ahmadisme.
L'Islam s'étend en Afrique subsaharienne, notamment à partir du XIe siècle, lors de la conversion à l'Islam du 12eroi du Kanem, Oumé, il règne de 1086 à 1097[3]. Au XIXe siècle, la diffusion de l'Islam connait un essor avec le djihad lancé par le peul Ousman dan Fodio (1754-1817). Son lieutenant Modibbo Adama, dirige la campagne dans le Fombina (le Sud en langue peul) et fonde l'Émirat de l'Adamaoua, ce mouvement entraine la constitution des Lamidats, états musulmans favorisant la diffusion de l'islam dans ces régions de l'actuel Cameroun septentrional[4].
L'islam sous la colonisation allemande
Lorsque l'Allemagne chercha à conquérir des territoires en Afrique, elle occupa le territoire du Cameroun en 1884, et en fit une colonie en 1902. Pendant la période coloniale, la région de l'Adamaoua et la région du lac Tchad furent gouvernées à l'aide d'une présence militaire forte et de lois simples. Les chefs musulmans locaux, appelés Lamido dans la région de l'Adamaoua, et sultans au Nord du Cameroun, restèrent en place bien que leur influence fût plus limitée qu'au XIXe siècle. Leur légitimité ne reposait plus sur d'autres autorités musulmanes africaines. Les institutions politiques locales du territoire restèrent en place, de même que les lois islamiques et les coutumes indigènes. Contrairement au pouvoir britannique au Nord du Nigeria, la colonie allemande n'imposa pas de taxes ni de réformes de l'agriculture avant 1913. Le Cameroun devint un territoire sous mandat administré par la France et le Royaume-Uni à la fin de la Première Guerre mondiale, et les réformes agraires purent avoir lieu.
Ethnies musulmanes
Bien que présent dans les dix régions camerounaises, l'Islam est fortement implanté dans les trois régions septentrionales, Extrême-Nord, Nord et Adamaoua, qui concentrent 70% des musulmans du pays. Les foyers émergents sont constitués par le Noun et le Mbam (Bafia et Babouté).
Les Peuls sont un peuple pastoral nomade qui répandit l'islam au début du XIXe siècle en Afrique de l'Ouest, grâce au commerce et aux confréries soufiesQadiri et Tijani. Ils sont très présents dans les régions du Nord du Cameroun. Deux autres groupes ethniques sont considérés comme musulmans : les Kirdi qui vivent au Nord du Cameroun, et les Bamouns qui vivent à l'Ouest du Cameroun.
↑G Abbatcha, Situation actuelle de l'Islam au Cameroun, Mémoire de DEA en Histoire, Université d'Aix en Provence, 1987, p.17
↑Souley Mane, Les Associations islamiques au Cameroun, L'Harmattan, 2017, p.22
Annexes
Bibliographie
Hamadou Adama , L'islam au Cameroun : entre tradition et modernité, L'Harmattan, Paris ; Budapest ; Torino, 2004, 244 p. (ISBN2-7475-7361-3)
Geneviève de Bollardière, La pénétration de l'islam avant 1850 dans l'ex-Afrique équatoriale française et le Cameroun, Université Paris I, 1977, 419 p. (thèse de Lettres)
(en) Mark Dike DeLancey, Rebecca Mbuh, Mark W. Delancey, « Islam », in Historical Dictionary of the Republic of Cameroon, Scarecrow Press, 2010 (4e éd.), p. 209-211 (ISBN9780810873995)
Aboubakar Njiasse-Njoya, Naissance et évolution de l'islam en pays Bamum, Cameroun, Université Paris I, 1981, 2 vol., 573 p. (thèse de 3e cycle d'Histoire)
(en) Helen A. Regis, Fulbe voices: marriage, Islam, and medicine in Northern Cameroon, Westview Press, Boulder, CO, 2003, 175 p. (ISBN0-8133-3816-6)
Renaud Santerre, Pédagogie musulmane d'Afrique noire : l'école coranique du Cameroun, Presses de l'Université de Montréal, 1973, 174 p.
Filmographie
Prisonnières du bonheur, documentaire réalisé par Néna Baratier et Geneviève Louveau, CNRS Audiovisuel, Meudon, 1980, 14 min (VHS)
Articles connexes
Tablighi Jamaat (1926, Association pour la prédication), mouvement islamique revivaliste