Officiellement, du point de vue du gouvernement australien, un(e) insulaire du détroit de Torrès est une personne qui :
a des ancêtres insulaires du détroit de Torrès ;
s'identifie comme telle et ;
est reconnue comme telle par sa communauté insulaire.
Les trois critères doivent être remplis. Officiellement, un terme tel que « en partie insulaire » n'a aucune valeur. La couleur de peau n'est pas un critère[4]. La même définition s'applique aux Aborigènes[4].
Démographie
Environ 6 800 insulaires habitent les îles du détroit, tandis que 42 000 résident ailleurs, principalement à Townsville et à Cairns, dans la partie continentale du Nord du Queensland.
Environ 6 % des autochtones australiens sont des insulaires du détroit de Torrès ; 4 % ont des origines mixtes (aborigène et insulaire du détroit de Torrès).
Culture
Situé entre l'Australie et l'île de Nouvelle-Guinée, le détroit de Torrès a toujours été au croisement des influences culturelles des rives de ses deux voisins, d'autant que les insulaires du détroit de Torrès pratiquaient la navigation et les voyages maritimes.
Une chanson enfantine traditionnelle des insulaires de ces îles est la chanson Taba naba, reprise et diffusée par plusieurs chanteurs non insulaires en 2000.
Eddie Mabo et la question des terres
Jusqu'en 1992, la fiction juridique de terra nullius faisait que la propriété autochtone traditionnelle des terres de ces îles n'était pas reconnue par la législation australienne. Eddie Mabo, un insulaire du détroit de Torrès, porta jusqu'à la Cour suprême les revendications de son peuple, mais mourut quelques mois avant que ne soit reconnu le droit autochtone coutumier en matière de propriété terrienne. Ce droit s'applique également aux Aborigènes. La répudiation de la doctrine de terra nullius par la Cour suprême est l'une des décisions juridiques les plus célèbres de l'histoire de l'Australie[6].
Demande de reconnaissance des insulaires du Détroit de Torrès
Le , les délégués à une convention référendaire des aborigènes et des insulaires du détroit de Torrès tenue près d'Uluru en Australie centrale adoptent la Déclaration d'Uluru[7], qui appelle à la reconnaissance d'une « voix des Premières nations » dans la Constitution de l'Australie et à une « Commission Makarrata » (commission de rassemblement après la lutte) pour superviser un processus de « conclusion d'accords » et d'« expression de la vérité » entre le gouvernement et les peuples autochtones[8]. Le , le Premier ministreMalcolm Turnbull publie une déclaration conjointe avec son ministre de la Justice et son ministre des Affaires autochtones, rejetant ces demandes[9]. Le débat se poursuit en 2021[10],[11],.
Lors de la campagne pour les élections législatives de 2019, la question est peu présente, toutefois le gouvernement fédéral reprend le sujet en désignant en juillet 2019 un comité chargé de concevoir dans les détails la création d’instances « pour que les voix autochtones soient entendues à tous les niveaux de l’Etat » (ministre Ken Wyatt, 30 octobre 2019). Les professeurs Tom Calma et Marcia Langton dirigeront ces travaux.[réf. nécessaire].
↑(en) « "General History" », Torres Strait Regional Authority, site web du gouvernement australien
↑Rod Mitchell, 1995, Linguistic Archaeology in Torres Strait: The Western-Central Torres Strait Language, Townsville, James Cook University, thèse universitaire.