Vers 850-750 av. J.-C. : transition entre le subboréal et le subatlantique ; dégradation du climat, qui devient plus frais et plus humide. La tendance va en s’accentuant jusqu’au VIe siècle[1]. Maximum glaciaire attesté par la tourbière du glacier de Fernau (Tyrol), entre 900 av. J.-C. et 300 av. J.-C. Il s’agit de deux poussées glaciaires successives, dont chacune se prolonge pendant deux ou trois siècles, séparées par un intervalle de retrait pendant un siècle et demi[2].
Afrique
Vers 900 av. J.-C. : fondation du royaume de Koush avec pour capitale Napata. Vers 780 av. J.-C. Alara est le premier roi attesté, auquel succède son frère Kachta vers 760 av. J.-C.[3].
Vers 900 av. J.-C.-200 apr. J.-C. : culture de Nok au Nigeria. Œuvres de terre cuite (têtes et bustes)[4]. Des populations venues du Nil, de la région de Napata, auraient suivi les vallées de l’oued Milk, de l’oued Houar et du Bahr al-Ghazal, puis contourné le lac Tchad et se seraient installées par la Komadougou Yobé dans la région du plateau de Baoutchi où des néolithiques soudanais devaient développer au Ier millénaire une très belle civilisation, appelée « Nok Figurine Culture », qui connaît quelques siècles av. J.-C. la métallurgie du fer[5].
Amérique
Vers 900 av. J.-C. : destruction du site de San Lorenzo (Mexique)[6]. Le site de La Venta devient le principal centre cérémoniel des Olmèques en Mésoamérique (900 av. J.-C./400 av. J.-C.)[7]. Les Olmèques établissent des relations commerciales pour se procurer des matières premières : basalte, obsidienne, cinabre, serpentine, jade et or. Le culte de l’homme-jaguar implique l’existence de prêtres. Une classe de guerriers, capturant des esclaves et faisant régner l’ordre devait exister. La Venta est construite selon un motif axial qui influencera pendant plusieurs siècles le développement urbain en Amérique centrale. L’ensemble du tracé de l’enceinte cérémonielle a été interprété comme un masque de jaguar stylisé. Une pyramide de terre d’environ 34 m de haut, une des plus anciennes de Mésoamérique, est érigée au centre d’un complexe de temples et de cours ouvertes, dont l’une est bordée de colonnes de basalte de 3 m de haut. Les Olmèques sont les premiers à utiliser la pierre dans leur architecture et leur sculpture, bien que les blocs doivent être acheminés des monts Tuxtla, à environ 100 km à l’ouest de Tula.
850-200 av. J.-C. : apogée du site de Chavín de Huántar, dans les Andes[8]. Immense complexe cultuel, avec une monumentale plate-forme en pierre, creusée de passages et de chambres, qui renferment les objets du culte. La « grande image », sculpture de 4,5 m de hauteur, est toujours en place : elle représente une divinité avec des crocs proéminents, une bouche hurlante et des cheveux serpentiformes. Le panthéon est rempli de jaguars, d’aigles, de caïmans, de serpents et de figures anthropomorphiques avec ces mêmes attributs.
Vers 900 av. J.-C. : date probable de la bataille de Kurukshetra, en Inde ; défaite des aryens à l’issue de la guerre du Mahābhārata qui marque le début du Kali Yuga (ère des querelles) en 3102 av. J.-C. selon la tradition[11]. L’épopée du Mahābhārata relate plus vraisemblablement des événements du début du IXe siècle av. J.-C. Vers cette époque, le centre de la vie politique et culturelle s’est déplacé vers le Doāb gangétique et la capitale des Kuru, Hastinâpura ou Asandîvant. Les Aryens ont dû progresser vers l’est et fonder des royaumes dans le Kosala, à l’est du Doāb, et à Kasî, dans la région de Vârânasî (Bénarès). Le Kosala est le royaume de Rāma, héros de la deuxième grande épopée, le Rāmāyana. Les sources les plus anciennes le disent roi de Vârânasî[12].
Vers 900/600 av. J.-C. : sites archéologiques aryens de Hastinâpura, Ahicchatrâ et Kausâmbî en Inde. Hastinâpura a été détruite par des inondations vers 900 av. J.-C. et la capitale transférée à Kausâmbî[13]. Poteries ornées de peintures grises ; débris de cuivre, habitations de brique.
883-610 av. J.-C. : la Phénicie est sous domination assyrienne[15].
Vers 860-590 av. J.-C. : royaume d’Urartu autour du lac de Van[16]. Sa puissance et sa force militaire lui permettent de résister au pouvoir assyrien.
Vers 850 av. J.-C. : construction d’un sanctuaire à Kition[17], premier comptoir phénicien à Chypre, peut-être fondé par Abibaal, père de Hiram de Tyr, avant 970 av. J.-C.[15].
Europe
Vers 900-800 av. J.-C. : transition entre l’âge du bronze et l’âge du fer en Europe occidentale entre le Hallstatt B2-3 et le Hallstatt C1[1]. Des sites fortifiés (oppidum) se développent sur les collines (Goldberg, en Allemagne, de Wittnauer Horn en Suisse, Krašovice et Prague-Hloubétinen Bohème[18]). Les habitants des villages de l’Europe tempérée ont des soucis de défense : palissades à Choisy-au-Bac (Oise), enceintes fortifiées de Catenoy (Oise) et de Hohlandsberg (Haut-Rhin), construction de forts en palissade de bois en Allemagne du nord et dans l’aire lusacienne (800, 700 av. J.-C.) trahissant la multiplication des heurts guerriers et de moyens plus sophistiqués (emploi de chevaux et de chars de combat)[19]. La métallurgie du bronze est de plus en plus tournée vers la production d’armes ou d’objets de parade : cuirasses de Fillinges (Savoie) et de Marmesse (Haute-Marne) visiblement destinées aux offrandes[20], roues, boucliers, casques. Les villages littoraux des lacs français ou suisses (palafittes) sont abandonnés en quelques années[1] (vers 850-800 av. J.-C.). De nombreux indices semblent accréditer la thèse d’incendies criminels. L’insécurité se traduit également par la brusque augmentation de l’habitat en grotte à relativement haute altitude[20]. Les réseaux commerciaux se raréfient pour des raisons inconnues. Les productions s’en ressentent : l’orfèvrerie décline, des objets de bronze sont récupérés par les métallurgistes et enfouis dans des cachettes. Il y a crise économique ou crise de société.
Italie
Vers 900-500 av. J.-C. : la civilisation villanovienne pro-étrusque succède aux cultures Terramares et proto-villanovienne dans le nord du Latium et en Toscane[21]. La civilisation villanovienne regroupe deux groupes de populations assez proches mais culturellement différents, l’un au Nord, autour de Bologne (Culture de San Vitale, 950/750 av. J.-C.[22]), l’autre en Toscane et dans les environs de Rome (culture latiale), et jusque dans le sud, jusqu’à Salerne au VIIIe siècle av. J.-C. La première phase du Villanovien en Étrurie est caractérisé par des tombes à puits dans lesquelles les cendres sont déposées à l’intérieur d’urnes biconiques ou d’« urnes cabanes » en argile. La céramique est en impasto (argile grossière) et seuls les rasoirs, les armes et les fibules sont en bronze. Le fer, qui était utilisé, a le plus souvent disparu sous l’oxydation. On ne note pas d’influences extérieures jusqu’en 740/700 av. J.-C.[23].
Vers 900 av. J.-C. :
Au sud et à l’est, on rencontre plusieurs cultures régionales ou locales comme celles connues dans le Picenum et en Apulie. La plus importante, la culture « des tombes à fosses » (Fossakultur) occupe le versant tyrrhénien de l’Italie du Sud (Calabre, Campanie, Ischia). Elle est ainsi nommée parce que les morts y sont inhumés dans des fosses rectangulaires surmontées d’une petite pyramide de pierre. Le mobilier funéraire est riche (armes, bijoux en bronze) et des reliefs de repas funéraires attestent d’une croyance dans l’au-delà[24].
Fin du IXe siècle av. J.-C. : stèle de Nora, réputée le plus ancien document écrit d’Europe occidentale. L’écriture apparait en Sardaigne par l’intermédiaire des Phéniciens[31].
Monde grec
Vers 900-700 av. J.-C. : en Grèce, fin de la « période protogéométrique » (1050 à 900 av. J.-C.), et début de la période « géométrique » (900 à 700 av. J.-C.)[32]. Il apparaît en Attique, puis rapidement en Eubée et en Argolide une céramique différente, innovante dans les formes avec utilisation d’un tour plus rapide, dans le décor avec des motifs en demi-cercles ou de cercles concentriques peints au compas. Période de relatif isolement des différentes régions grecques[33]. À Athènes, l’étude des tombes révèle l’émergence de familles dominantes qui annonce l’aristocratie archaïque. La hiérarchie sociale n’est plus celle des sociétés palatiales à pouvoir centralisé[34].
Vers 850-750 av. J.-C. : époque géométrique moyen en Grèce. Apparition de décors figurés dans la céramique grecque (chevaux, oiseaux, guerriers). Premiers temples à Samos, Érétrie et Thermos[32]. Mise au point de l’alphabet grec. Reprise du commerce et de l’industrie (IXe – VIIe siècles). Communication entre les régions égéennes, échanges avec le Proche Orient attestés par des céramiques grecques datées sur le site d’Al-Mina(en) après 825 av. J.-C.[34]. La propriété individuelle prend de l’importance. Riches tombes à Athènes et à Lefkandi (Eubée), symboles de la prospérité d’une classe sociale enrichie par le commerce avec l’orient. Prospérité de Chalcis grâce à la métallurgie. Changement d’ordre social ou démographique en Eubée. La communauté essentiellement agricole jusqu’alors, s’ouvre au commerce (Macédoine, Cyclades, Chypre)[35].
↑Ali Moussa Iye, Albert Ollé-Martin et Violaine Decang (trad. de l'anglais), Histoire de l'humanité : 1789-1914, vol. 6, Paris, UNESCO, , 1519 p. (ISBN978-92-3-202815-0, présentation en ligne)
↑Robert Cornevin et Marianne Cornevin, Histoire de l'Afrique : des origines à nos jours avec 20 cartes, Payot, (présentation en ligne)
↑Matthew Williams Stirling, Michael D. Coe, David C. Grove, The Olmec & Their Neighbors : Essays in Memory of Matthew W. Stirling, Dumbarton Oaks, (présentation en ligne)
↑Pradhan Sv, The Elusive Aryan s : Archaeological Search and Vedic Research; The Origin of the Hindus, Cambridge Scholars Publishing, , 315 p. (ISBN978-1-4438-6592-0, présentation en ligne)
↑ a et bClaude Baurain, Les Grecs et la Méditerranée orientale. Des « siècles obscurs » à la fin de l'époque archaïque, Presses universitaires de France, , 720 p. (ISBN978-2-13-073806-0, présentation en ligne)
↑Jean-Nicolas Corvisier, Les Grecs à la période archaïque : (milieu du IXe siècle à 478 av. J.-C.), Ellipses, (présentation en ligne)