Dans les domaines de la psychologie et de la psychiatrie, l'hyperfocus (ou l'hyperconcentration) est une forme intense de concentrationmentale ou de visualisation, qui concentre l'attention d'un individu sur un objet, un sujet, une situation ou une tâche.
L'hyperfocus sur un sujet particulier peut entraîner un détournement de tâches assignées ou importantes relatives à d'autres sujets.
Liens entre hyperfocus et flow
Les concepts de flow et hyperconcentration sont liés. Dans certaines circonstances, le flow et l'hyperconcentration sont une aide à la réussite, mais dans d'autres circonstances, la même concentration et le même comportement peuvent être un handicap, car distrayant par exemple d'une tâche à accomplir.
Cependant, contrairement à l'hyperfocus, le flow est souvent décrit en termes plus positifs, suggérant qu'ils ne sont pas les deux faces d'une même condition dans des circonstances ou un intellect contrastés[pas clair][3].
Trait ou symptôme psychiatrique
L'hyperfocus peut dans certains cas également être symptomatique d'une affection psychiatrique.
En psychiatrie, l'hyperfocus est considéré comme l'un des traits importants du TDAH[réf. nécessaire] (paradoxalement, avec l'inattention).
On parle parfois aussi de persévération — une incapacité ou une grande difficulté à changer de tâche ou d'activité (« set-shifting »)[5], ou à s'abstenir de répéter des réponses mentales ou physiques (gestes, paroles, pensées) malgré l'absence ou l'arrêt d'un stimulus[6],[7],[8].
L'hyperfocus ne doit pas être confondu avec la stéréotypie (un comportement idiosyncrasique hautement répétitif)[4].
Dans le TDAH, il peut s'agir d'un mécanisme d'adaptation ou d'un symptôme d'autorégulation émotionnelle.
Les personnes dites « deux fois exceptionnelles », avec des troubles intellectuels élevés et des troubles d'apprentissage, peuvent avoir l'un ou l'autre des comportements d'hyperconcentration et de persévération[4]. Ils sont souvent imités par des affections similaires impliquant un dysfonctionnement exécutif ou une dérégulation émotionnelle. Une absence de diagnostic et de traitement peut entraîner une comorbidité supplémentaire[4].
TDAH
Dans le TDAH, la formulation et la réflexion peuvent être plus lentes que chez les personnes neurotypiques (bien que ce ne soit pas universel) et peuvent être « longues ou tangentielles »[4],[9]. Ces symptômes d'inattention se produisent en double avec ce qui a été appelé « hyperfocus » par la déclaration de consensus européen de 2019 sur le TDAH chez l'adulte.
La surconcentration ou l'hyperconcentration se produit souvent si la personne trouve quelque chose de "très intéressant et/ou offre une gratification instantanée, par exemple lors de jeux sur ordinateur ou lors de discussions en ligne. Pour de telles activités, une forte concentration peut perdurer des heures[4].
Deux des principaux traits caractérisant les troubles du spectre autistique (TSA) comprennent la production de sons ou de mouvements répétitifs et une hyperfixation de l'attention sur diverses choses, y compris des sujets, des thèmes et des activités[14]. Concernant l'hyperfocus dans le contexte des TSA, on parle aussi d'intérêts spécifiques (ou restreints) et on a parlé d'incapacité à rediriger les pensées ou les tâches quand le contexte change (flexibilité cognitive)[15].
Une explication avancée à l'hyperfocalisation chez la personne autiste est que l'activité sur laquelle elle est hyperfocalisée est prévisible. L'aversion pour les situations imprévisibles est une caractéristique des TSA[16] tout en se concentrant sur quelque chose de prévisible, ils auront du mal à passer à une tâche imprévisible[14].
Schizophrénie
La schizophrénie est un état mental caractérisé par une déconnexion du réel, dont via la mégalomanie (illusions grandioses), une pensée désorganisée et un comportement social anormal[17].
Récemment, une forme d'hyperfocus a attiré l'attention dans le cadre des symptômes cognitifs associés au trouble schizophrénique. Cette hypothèse suggère que l'hyperfocus est la raison pour laquelle les personnes atteintes de schizophrénie éprouvent des difficultés à répartir leur attention sur plusieurs choses[18].
Références
↑(en) Jeffrey Freed et Laurie Parsons, Right-Brained Children in a Left-Brained World: Unlocking the Potential of Your ADD Child, Simon and Schuster, (ISBN9780684847931, lire en ligne).
↑(en) Daniela M. Pfabigan et Ulrich S. Tran, Behavioral and Physiological Bases of Attentional Biases: Paradigms, Participants, and Stimuli, Frontiers Media SA, (ISBN9782889196401, lire en ligne).
↑ a et b(en) White et Shah, « Uninhibited imaginations: Creativity in adults with Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder », Personality and Individual Différences, vol. 40, no 6, , p. 1121–1131 (ISSN0191-8869, DOI10.1016/j.paid.2005.11.007).
↑(en) Goodin, « Famous People with ADHD », Parenting, Meredith Corporation (consulté le ) : « David Neeleman, Founder of JetBlue Airways … reported in an interview with ADDitude magazine his ADHD prevents him from being detail-oriented and completing doing day-to-day tasks, saying, ‘I have an easier time planning a 20-aircraft fleet than I do paying the light bill.’ ».
↑2012 Burnett Lecture Video, Part 3 of 3, Q & A Dr. Russell Barkley by UNCCHLearningCenter - Streamed live on Nov 1, 2012 Sponsored by the Academic Success Program for Students with LD and ADHD — a UNC-Chapel Hill Learning Center Program in the College of Arts and Sciences — and the UNC General Alumni.
Hartmann, T., Attention Deficit Disorder: A Different Perception, Underwood, (ISBN978-1887424141).
Goldstein, S. et Barkley, R. A., « ADHD, hunting and evolution: "Just So" stories (commentary) », ADHD Report, vol. 6, no 5, , p. 1–4.
Jensen, P. S., Mrazek, D., Knapp, P. K. et Steinberg, L., « Evolution and Revolution in Child Psychiatry: ADHD as a Disorder of Adaptation », Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, vol. 36, no 12, , p. 1672–1681 (PMID9401328, DOI10.1097/00004583-199712000-00015, lire en ligne).
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