Herbert George Ponting est né à Salisbury, dans le Wiltshire au sud de l'Angleterre le . Son père, Francis Ponting, est banquier. À l'âge de dix-huit ans, il est employé dans une succursale bancaire à Liverpool, où il travaille trois ans ; cette période est suffisamment longue pour le convaincre qu'il ne souhaite pas suivre la profession de son père[1]. Il émigre en Californie et acquiert un ranch agricole, spécialisé dans les arbres fruitiers. En 1895, il épouse une Californienne, Mary Biddle Elliott ; leur fille Mildred naît à Auburn, en Californie, en .
Il vend son exploitation en 1898 et fait de son hobby de longue date pour la photographie son nouveau métier. Il s'installe à Sausalito, au nord de San Francisco, et travaille en tant que photographe indépendant pour des périodiques anglophones. Il effectue un premier voyage en Chine et au Japon pour le compte de CH Graves, une société de stéréoscopie, et du magazine Leslie's Weekly afin de prendre des photographies stéréoscopiques du Japon et de couvrir la guerre américano-philippine ainsi que la révolte des Boxers en Chine[2]. Il couvre la guerre russo-japonaise de 1904-1905, se rend en Birmanie, en Corée, à Java et en Inde[3] ; il publie au Japon deux livres livres de photographies en 1905 et 1906[2]. Il présente ses photographies à des concours, remporte des prix ; il envoie certaines de ses photographies stéréoscopiques à des sociétés qui les publient. Il est élu membre de la Royal Geographical Society (FRGS) en 1905.
Lors de l'expédition Terra Nova dirigée par Robert Falcon Scott visant à atteindre le pôle sud, il est engagé comme photographe et cinéaste ; c'est le premier photographe professionnel engagé pour faire découvrir au monde entier les premières images de l'Antarctique[4]. Il aide à l'installation du camp d'hiver début 1911 au cap Evans, sur l'île de Ross, avec une chambre noire photographique : Hubert Ponting prend des photographies sur plaques de verre, ainsi qu'avec des plaques autochromes pour réaliser des photographies en couleur[5]. Il est aussi équipé d'une caméra portable ; il filme l'expédition, ainsi que la faune de l'Antarctique : orques, phoques et manchots. Il échappe de peu à la mort lorsqu'un groupe de huit orques brise la banquise sur laquelle il se tenait dans le détroit de McMurdo. Pendant l'hiver 1911, Ponting prend de nombreuses photographies de Scott et des autres membres de l'expédition dans leur camp de base du cap Evans ; il a emporté avec lui des photographies et les projette à ses compagnons[N 1].
Après 14 mois passés au cap Evans, Herbert Ponting et huit autres hommes remontent à bord du Terra Nova en février 1912 pour retourner en Grande-Bretagne. Il classe l'ensemble des plus de 1 700 plaques photographiques qu'il a prises et rédige un récit de l'expédition[6]
Fin de carrière
La fin catastrophique de l'expédition de Scott a un impact sur la vie et la carrière de Ponting : l'expédition s'était endettée pour partir et comptait que Scott revienne du pôle Sud en tant que célébrité, puisse utiliser les photographies et les séquences cinématographiques de Ponting dans diverses manifestations qui auraient été un élément clé de récupération financière pour l'expédition. Cependant, la découverte des corps de Scott et de ses compagnons sur la plate-forme glaciaire de Ross en novembre 1912 avec leurs journaux et carnets de bord qui décrivent les derniers jours des explorateurs, avec les supplications de Scott à ses compatriotes pour qu'ils veillent au bien-être des veuves et des survivants de l'expédition, appels éloquents qui sont publiés dans la presse britannique, suscitent des dons massifs de la part du public britannique. Dans ce cadre, les photographies antarctiques de Ponting sont devenues un mémorial à Scott et à ses compagnons plutôt qu'une célébration ; elles sont publiées dans la presse, présentées dans toute la Grande-Bretagne et utilisée dans de nombreuses conférences données par Ponting et d'autres membres de l'expédition.
Au début de la Première Guerre mondiale, Ponting tente en vain d'être engagé par le ministère de la Guerre comme photographe de correspondant de guerre, mais son âge est invoqué pour justifier le rejet de sa candidature. Des copies de ses films sur Scott sont montrées aux soldats au front qui, selon un aumônier de l'armée, ont été émus par l'héroïsme de Scott et de ses hommes selon Ponting dans The Great White South.
Ponting se brouille avec certains des membres survivants de l'expédition qui pensent qu'il profite de l'exposition pour gagner de l'argent et de la célébrité, accusation infondée, Ponting estimant qu'il est de son devoir de protéger non seulement les intérêts de son programme photographique, mais aussi la mémoire et les réalisations de l'expédition ; la majeure partie de l'argent des conférences de Ponting sert à rembourser les dettes de l'expédition et à alimenter le fonds commémoratif créé pour aider les veuves et les personnes à charge des membres qui ont péri[7].
En 1921, il publie The Great White South, récit photographique de l'expédition, qui est un succès populaire. Il produit au Royaume Uni deux films documentaires basés sur les séquences cinématographiques qu'il a conservées :
Ninety Degrees South, film sonore, en 1933, réalisé en collaboration avec Edward Evans[10],[11]. Une adaptation en français est diffusée à la télévision française sous le titre 90° sud en 2022[12].
Herbert Ponting meurt à son domicile de Londres en 1935[13].
Postérité
Le Scott Polar Research Institute achète la collection photographique de Ponting en 2004 pour 533 000 livres., The Great White Silence est restauré par le British Film Institute et réédité en 2011, avec une bande originale musicale de Simon Fisher Turner(en)[14].
Publications
(en) avec T. Enami : Japan through the stereoscope, New York, Underwood & Underwood, 1904 : boîte de 100 vues stéréoscopiques des paysages, de la vie quotidienne, de coutumes et de la culture du Japon[15].
(en + ja) Fuji-San, Tokyo,, Ogawa Kazumasa Shuppanbu, , 26 p. : photographies du Mont Fuji[2].
(en + ja) Japanese studies, Yokohama, Kelly and Walsh, .
(en) In Lotus-Land Japan ... With 8 illustrations in colour and 96 in monochrome, from photographs by the author, Londres, Macmillan & Co, , XVI-395 p. (lire en ligne).
seconde édition : Londres et Toronto, J. M. Dent & Sons Ltd., E.P. Dutton & Co., 1922, XII-306 p.
(en) « Cinematographing the Antarctic », Pearson's Magazine, no 9, , p. 235–249.
(en) The great white south : being an account of experiences with Captain Scott's South Pole expedition and of the nature life of the Antarctic, Londres, Duckworth, , XXVI-305 p..
- : Antarctic photographs : Herbert Ponting (1870-1935) Scott Expedition (1910-13), Frank Hurley (1885-1962) Mawson Expedition (1911-13) Shackleton Expedition (1914-16), National Gallery of Victoria, Melbourne.
- : le Grand Blanc. La photographie et la conquête du Pôle Sud, galerie LʼAtelier dʼArtistes, Paris - photographies de Frank Hurley et Herbert Ponting[16],[17].
– : Endurance and the Great White Silence. The Antarctic Photographs of Frank Hurley, Herbert Ponting and Captain Scott, Atlas Gallery, Londres[18].
↑Apsley Cherry-Garrard, un des membres de l'expédition, le rapporte ainsi dans son ouvrage The Worst Journey in the World publié en 1922 : « Aucun officier ou marin n'aurait pu assister à un trop grand nombre des conférences de Ponting, qui nous donnaient un aperçu de nombreux pays, illustrés par ses diapositives inimitables. C'est ainsi que nous avons vécu de temps en temps une petite heure en Birmanie, en Inde ou au Japon, dans des scènes d'arbres, de fleurs et de charme féminin qui étaient l'antithèse même de notre situation actuelle, et nous n'en avons été que plus heureux »
↑E. H. Brown, The Corporate Eye: Photography And The Rationalization Of American Commercial Culture, 1884-1929, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2005, p. 24.
(en) H. J. P. Arnold, Photographs of the World: a biography of Herbert Ponting, Londres, Hutchinson, (ISBN978-0-8386-7959-3).
(en) Terrey Bennett, « Herbert George Ponting, 1870-1935 », dans Hugh Cortazzi (dir.), Britain & Japan : biographical portraits, Londres, Japan Library, (ISBN1-903350-14-X), vol. IV, part 5, p. 303-304.
(en) Jennie Boddington, 1910 - 1916 Antarctic Photographs Herbert Ponting and Frank Hurley, Melbourne, The MacMillan Company of Australia, .
(en) Elspeth Huxley, Scott of the Antarctic, New York, Atheneum Books, (ISBN0-689-10861-3).
(en) Dennis Lynch, « Profile: Herbert G. Ponting », Polar Record. A Journal of Arctic and Antarctic Research, vol. 26, no 158, , p. 217 - 224 (présentation en ligne).
(en) Robyn Mundy, « Pioneering Antarctic photography: Herbert Ponting and Frank Hurley », The Polar Journal, vol. 4, no 2, , p. 389-406 (présentation en ligne).
(en) Yuki Shimizu « Photographing Japan in the Japan-Russo War Period: H. G. Ponting’s Expression of Japan » () (lire en ligne, consulté le ) [PDF] —The Asian Conference on Cultural Studies 2024.
(en) Anne Strathie, Herbert Ponting : Scott's Antarctic photographer and pioneer filmmaker, Cheltenham, History Press, , 271 p., 32 p. de pl. (ISBN9780750979016, lire en ligne).
(en) David Wilson, The Lost Photographs of Captain Scott, Little, Brown and Company, (ISBN978-0-316-17850-1).
(en) Manami Yajima, « Ha-ba-doJo-ji Ponting no Utsushita Nihon -Shizen wo Daizaitoshita Shasin no Kousatsu [Japan as photographed by Herbert George Ponting - a study of photographs with nature as the subject matter] », Journal of International Cultural Studies, vol. 19, , p. 117-130.