Henri Lindegaard naît à Madrid en 1925, d'origine danoise par son grand-père paternel et espagnole par sa mère[1]. Son père Enrique Lindegaard (1879-1944) est pasteur au Temple El Salvador à Madrid[2] et président de la Fédération des Églises évangéliques en Espagne[3]. Son oncle maternel, Eduardo Diaz Yepes (1910-1978), est sculpteur[4]. Pendant la guerre d'Espagne, la famille se réfugie à partir de 1938 à Clairac[2].
En 1942, Lindegaard étudie à l’École nouvelle cévenole (précurseur du collège Cévenol) au Chambon-sur-Lignon. Il loge à la maison des Roches, une maison d'accueil pour étudiants[5], où il échappe à une rafle de la police allemande le 29 juin 1943[6]. Il termine ses études secondaires à Sainte-Foy-la-Grande[7].
En 1952 Lindegaard fait une rencontre décisive pour sa vocation d'artiste avec le peintre cubiste Albert Gleizes (1881-1953), qui devient son maître[12]. Selon le théologien Jérôme Cottin, spécialiste des rapports entre le protestantisme, l'image, et l'art[4], « Lindegaard a gardé de Gleizes ce style anguleux, ces formes rectangulaires qui ne sont pas abstraites, mais qui simplifient et décomposent la réalité en de multiples surfaces colorées. Pas ou peu de perspective dans cette peinture, pas « d’effets de réel»[9].»
Lindegaard épouse en 1956 Béatrix de Rougemont, le couple a trois enfants[1]. Il est consacré au ministère pastoral en 1958 par le pasteur Jacques Delpech[13]. À partir de 1961 il est pasteur à Vézénobres[14]. Il obtient d'exercer son pastorat à temps partiel, ce qui lui permet de s'engager plus à fond dans sa vocation d'artiste[1]. Une série d'expositions (aquarelles, peintures à l'huile, portraits, dessins à l'encre noire s'ensuit à partir des années 1970 et continue après sa mort, en France, Suisse, et Allemagne[15].
Il prend sa retraite en 1990, dans un vieux mas cévenol près du musée du Désert[16], où il animait depuis les années 1960 des stages d'aquarelle[17]. Il meurt au cours d'un stage au Lazaret de Sète, parmi ses stagiaires, près d'achever une aquarelle de la cathédrale de Maguelone[18]. En commémoration, un numéro de Foi et Vie - La revue de culture protestante lui est entièrement consacré, intitulé Art et Foi de Lindegaard. Il comprend des articles par des théologiens et des pasteurs, ainsi que des écrits de Lindegaard, illustré par plusieurs de ses œuvres[19].
Œuvre artistique et littéraire
Lindegaard réalise des dessins bibliques à l'encre noire, dont il publie en 1983 une série intitulée Jean Le Précurseur, chaque dessin accompagné d'un texte[20]. En 1993 il rassemble ses dessins et textes dans La Bible des Contrastes : Méditations par la plume et le trait[12],[21]. Les dessins « se caractérisent par des formes stylisées faites d’aplats noirs et blancs qui se répondent, s’interpénètrent, s’appellent[9]. » Les textes illustrés s'insèrent dans le cadre des « théologies de l'image[22]», Lindegaard visant « un langage total, qui parle au sens sans pour autant négliger l’intellect, qui puisse s’adresser aux gens simples comme aux personnes cultivées[9]. » Le livre connait un succès populaire et une deuxième édition augmentée s'ensuit[23], ainsi qu'une traduction en allemand[24]. L'usage des dessins et textes de Lindegaard dans le travail pastoral fait l’objet d’une publication en allemand[25].
Lindegaard réalise des peintures murales et des mosaïques pour des temples et centres d'accueil pour enfants et étudiants, ainsi que toute une série de croix en étain, y compris des variations de la croix camarguaise et de la croix huguenote[4]. À partir des années 1960 et continuant après sa mort, ses dessins et aquarelles illustrent des livres[4] (notamment Les psaumes du pèlerin[26]) et des pochettes d'album[27].
L'œuvre de Lindegaard le place dans la lignée des artistes protestants qui ont influé sur la transmission de la foi[28].
Références
↑ abcd et eRoger Chapal, « Le parcours », Foi et Vie Vol. XCVI / 3, (lire en ligne)
↑ a et bLe Lien Protestant novembre 1944, « Nouvelles », Étoile du Matin, no 86, , p. 895 – 896
↑ abc et dPatrick Cabanel et André Encrevé, Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, t. III, De Paris Eds Max Chaleil, , p. 816-817
↑Jean-Philippe Le Forestier, « Exposition Erich Schmid, Henri Lindegaard, et Antonio Plazas aux Roches », La Lettre de la Société d’Histoire de la Montagne #6, , p. 7-9 (lire en ligne)
↑Gérard Bollon, « Contribution à l’histoire du Chambon-sur-Lignon : le foyer universitaire des Roches et la rafle de 1943 », Cahiers de la Haute-Loire: revue d'études locales, , p. 391-421 (lire en ligne)
↑Patrick Booth, « Couleur de l'amour - interview », En avant : bulletin hebdomadaire de l'Armée du Salut, , p. 1-3 (BNF12148, lire en ligne)
↑Pierre Hédrich, « L'art de la lumière », Foi et Vie Foi et Vie Vol. XCVI / 3, (lire en ligne)
↑Pierre Durand, « La cathédrale inachevée », Foi et Vie Volume XCVI #3, (lire en ligne)
↑Art et Foi de Lindegaard, Foi et Vie Vol. XCVI / 3, (C:/Users/Owner/Downloads/1997_03.pdf)
↑Henri Lindegaard, « Jean le Précurseur », Le Christianisme au XXe Siècle, nos 41-48, novembre - décembre 1983
↑Henri Lindegaard (préf. Jérôme Cottin), La Bible des contrastes: Méditations par la plume et le trait, Labor et Fides, (lire en ligne)
↑Jérôme Cottin, « La parole et l'image », Foi et VIe, (lire en ligne)
↑Henri Lindegaard (préf. Michel Leplay), La Bible des contrastes: méditations par la plume et le trait, Réveil Publications,
↑(de) Henri Lindegaard (trad. Hanne Holch, préf. Andreas Mertin), Biblische Kontraste: Meditationen in Bild und Wort, La Colombe,
↑(de) Hanne Holch, Hans Walter Goll, Sieghard Mühlmann, Ulf Rademacher, Die "Biblischen Kontraste" von Henri Lindegaard in der Gemeindearbeit, La Colombe,
↑Roger Chapal, Henri Lindegaard et Daniel Bourguet, Les psaumes du pèlerin, Lyon, Réveil Publications,
↑Jérôme Cottin, « La Bible, le protestantisme et les images », Regards protestants, (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
Patrick Cabanel, « Henri Lindegaard », dans Patrick Cabanel et André Encrevé, Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, t. 3 H-L, Paris, Les Éditions de Paris / Max Chaleil, (ISBN9782846213332), p. 816-817.