Hans Bauer, né le à Grasmanndorf (village de la commune de Burgebrach) en Haute-Franconie est le fils d'un couple d'agriculteurs[1]. Il est tôt orphelin et peut faire des études grâce à l'Église catholique[2].
Quand l'Église catholique lui demande en 1911 de prêter serment contre le modernisme, il refuse, pour des raisons de conscience. Il demande à quitter ses fonctions sacerdotales parce qu'il a des doutes sur la doctrine catholique. Il devient franc-maçon en 1913 et quitte l'Église catholique en 1916, se convertissant au protestantisme[2].
Universitaire, sémitisant et épigraphiste
Pendant la Première Guerre mondiale, Hans Bauer est employé à l'état-major général, dans la section des dossiers de guerre[3]. Il est affecté à l'Abwehr au service du chiffre, expérience utile pour ses travaux ultérieurs[4], au même titre que son goût pour les mathématiques[5].
Il se marie en 1920 avec Eugenie Kerschbaumer[1]. En 1922, il obtient un poste de professeur de linguistique sémitique comparée et d'études islamiques à l'université de Halle[3]. Ses travaux de traduction des ouvrages d'Al-Ghazali de l'arabe en allemand sont salués pour leur courage mais critiqués[6]. Avec Pontus Leander, il publie deux grammaires de référence de l'hébreu biblique et de l'araméen biblique. Ces deux livres sont les premières analyses grammaticales et historiques rigoureuses de ces deux langues[2].
Charles Virolleaud, directeur du service des Antiquités de Syrie, voit dans cette écriture un système alphabétique, dès sa première publication à propos de ces tablettes, à la fin de l'année 1929, dans la revue Syria, Il affirme plus tard avoir identifié dès ce moment trois lettres[4].
La même année, Hans Bauer vient à Paris pour étudier ces inscriptions[5]. Il devine qu'il pourrait s'agir d'une langue sémitique inconnue[7],[9]. Grâce à son goût pour les mathématiques, il établit un système s'appuyant sur les signes qui peuvent être des préfixes ou des suffixes dans une langue sémitique[9]. Il parvient à déchiffrer un nombre important de lettres et prévient par courrier l'assyriologueRené Dussaud de ses découvertes. Ce dernier en rend compte en mai 1930 à l'Académie des inscriptions et belles-lettres[10],[9] et dans la revue Syria[11], parlant d'une vingtaine de lettres déchiffrées. Il s'agit en réalité de quatorze[4].
La même année 1930, en août, le philologue Édouard Dhorme réussit à identifier correctement dix-huit lettres sur un total de vingt-neuf. Ces résultats sont communiqués à Hans Bauer, qui tient compte de certaines observations de Dhorme dans la première publication de son déchiffrement, en septembre 1930[4],[9]. Au même moment, Charles Virolleaud annonce dans un courrier à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, qu'il a déchiffré l'alphabet des tablettes de Ras Shamra[12]. En 1931, il propose un déchiffrement plus complet, alors que les découvertes de textes ougaritiques se multiplient[4].
Hans Bauer, Édouard Dhorme et Charles Virolleaud déchiffrent donc, en 1929-1931, la première écriture cunéiforme alphabétique[8], de manière à la fois indépendante et complémentaire[4]. Le premier abécédaire est mis au jour en 1938[4], mais Hans Bauer est mort avant, en 1937[1].
Publications
(de) Hans Bauer, Islamische Ethik, Halle, Max Niemeyer, 1916-1922, 3 vol.[6]
(de) Hans Bauer et Pontus Leander, Historische Grammatik der hebraïschen Sprache der Alten Testamentes, t. 1, Halle, Max Niemeyer, , 380 p.
(de) Hans Bauer et Pontus Leander, Grammatik der Biblisch-Aramaïschen, Halle, Max Niemeyer, , 409 p. (lire en ligne)[13]
(de) Hans Bauer et Pontus Leander, Kurzgefasste Biblisch-Aramaïsche Grammatik : Mit Texten und Glossar, Halle, , 81 p.[13]
(de) Hans Bauer, Das Alphabet von Ras Shamra : Seine Entzifferung und seine Gestalt, Halle, Max Niemeyer, [14],[15].
(de) Hans Bauer, Die alphabetischen Keilschrifttexte von Ras Shamra, Berlin, Walter de Gruyter, coll. « Kleine Texte », , 73 p.[16]
(de) Hans Bauer, Der Ursprung des Alphabets, Leipzig, Hinrichs, , 45 p. (publication posthume)[17],[18].
Références
↑ abc et d(de) Hans Wehr, « Bauer, Hans », dans Neue Deutsche Biographie, vol. 1, (lire en ligne), p. 639.
↑ abc et d(en) Holger Gzella, « The Prussian Professor as a Paradigm. Trying to “Fit In” as a Semitist between 1870 and 1930 », dans Christiaan Engberts and Herman J. Paul, Scholarly Personae in the History of Orientalism, 1870-1930, Leiden, Brill, (ISBN978-90-04-39523-7, lire en ligne), p. 17-44.
↑ a et b(de) « Hans (Johannes) Bauer », sur www.catalogus-professorum-halensis.de (consulté le ).
↑ abcdefg et hPierre Bordreuil, « L'alphabet ougaritique », dans Brigitte Lion, Cécile Michel (dir.), Histoires de déchiffrements : Les écritures du Proche-Orient à l'Égée, Paris, Errance, , 206 p. (ISBN9782877723831), p. 129-138.
↑ a et bMaurice Bouyges, « 10. — Hans Bauer. Islamische Ethik , I : Ueber Intention, reine Absicht und Waïir-liaftigkeit, das 37. Buch von Ai-Ḡazalī’s Neubelebung der Religionswissënschaften, übersetzt und erläutert », Mélanges de l'Université Saint-Joseph, vol. 8, no 1, , p. 514–519 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bPierre Bordreuil, « Les trois alphabets cunéiformes du royaume polyglotte d'Ougarit », dans Rina Viers (dir.), Des signes pictographiques à l'alphabet : La communication écrite en Méditerranée, Paris, Karthala, , 376 p. (ISBN9782865379965), p. 145-163.
↑ a et bJean-Marc Michaud, « Ougarit et la genèse de la Bible hébraïque », dans Jean-Marc Michaud (dir.), La Bible et l'héritage d'Ougarit, Sherbrooke, GCC Itée, coll. « Proche-Orient et littérature ougaritique », , 245 p. (ISBN9782894442012), p. 5-25.
↑ abc et dDominique Charpin, En quête de Ninive : Des savants français à la découverte de la Mésopotamie (1842-1975), Paris, Les Belles Lettres, coll. « Docet omnia » (no 8), , 461 p. (ISBN9782251453583), p. 312-313
↑René Dussaud, « Déchiffrement des textes de Ras Shamra par M. Bauer », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 74, no 2, , p. 130–131 (DOI10.3406/crai.1930.75889, lire en ligne, consulté le )
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↑Charles Virolleaud, « Lettre annonçant le déchiffrement des tablettes cunéiformes de Ras Shamra », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 74, no 3, , p. 276–277 (DOI10.3406/crai.1930.75946, lire en ligne, consulté le )
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↑René Dussaud, « Hans Bauer. — Das Alphabet von Ras Schamra. Seine Entzifferung und seine Gestalt. Un vol. in-8°/ /Die Gottheiten von Ras Schamra. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 15, no 2, , p. 203–204 (lire en ligne, consulté le )
↑(en) H. W. B, « Das Alphabet Von Has Schamra. Seine Entzifferung Und Seine Gestalt mit drei Anhängen. Von Hans Bauer. Max Xiemeyer, Halle/Salle, 1932. », Bulletin of the School of Oriental and African Studies, vol. 7, no 2, , p. 405–405 (ISSN1474-0699 et 0041-977X, DOI10.1017/S0041977X0008561X, lire en ligne, consulté le ).
↑René Dussaud, « Hans Bauer — Die alphabetischen Keilschrifttexte von Ras Schamra », Syria. Archéologie, art et histoire, vol. 18, no 2, , p. 217–218 (lire en ligne, consulté le ).
↑René Dussaud, « Hans Bauer. — Der Ursprung des Alphabets », Syria. Archéologie, art et histoire, vol. 19, no 1, , p. 88–90 (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) S. Birnbaum, « Der Ursprung Des Alphabets. Von Hans Bauer. Mit 16 Abbildungenauf 13 Tafeln. (Der Alte Orient, 36 Band, Heft 1/2.) Leipzig: J. C. Hinrichs, 1937. », Bulletin of the School of Oriental and African Studies, vol. 9, no 2, , p. 474–475 (ISSN1474-0699 et 0041-977X, DOI10.1017/S0041977X00077223, lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Notices biographiques
(de) « Hans (Johannes) Bauer », sur www.catalogus-professorum-halensis.de (consulté le ).
(en) Holger Gzella, « The Prussian Professor as a Paradigm. Trying to “Fit In” as a Semitist between 1870 and 1930 », dans Christiaan Engberts and Herman J. Paul, Scholarly Personae in the History of Orientalism, 1870-1930, Leiden, Brill, (ISBN978-90-04-39523-7, lire en ligne), p. 17-44.
(de) Hans Wehr, « Bauer, Hans », dans Neue Deutsche Biographie, vol. 1, (lire en ligne), p. 639.