L’hôtel de la préfecture des Bouches-du-Rhône se présente sous la forme d’un parallélogramme de 90 mètres de longueur sur 80 mètres de profondeur. La façade principale, située au nord, donne sur la place de la Préfecture, dans le prolongement de la rue Saint-Ferréol ; à l'est se trouve un jardin en bordure de la rue de Rome ; la partie sud longe la rue Sylvabelle tandis que l’entrée du public est située à l’ouest sur la rue Edmond-Rostand.
Charlemagne Émile de Maupas (1818-1888), sénateur et préfet des Bouches-du-Rhône de 1860 à 1866, s’estimant mal logé dans l’hôtel Roux de Corse (l'actuel lycée Montgrand), décide la construction d’un monument somptueux digne de son rang. Il en confie la réalisation à l’architecte départemental Auguste Martin (1818-1877) et fait approuver le projet et son financement par le conseil général réuni en session extraordinaire le [2].
En , les terrains sont achetés et les immeubles rasés. L’emplacement choisi se trouvant sur le tracé des anciens fossés et remparts réalisés en 1669 par Nicolas Arnoul sur ordre de Louis XIV, il faut créer des fondations spéciales à cause de l’instabilité du sol. Cet inconvénient se manifeste également lors de la réalisation du parc de stationnement souterrain de la préfecture : il faut interrompre les travaux de creusement pour réaliser des injections de béton car la façade principale du bâtiment de la préfecture est alors déstabilisée.
La première pierre est posée le et les travaux de construction commencent à un rythme soutenu. Par suite de mésentente avec le préfet Maupas et à cause des dépassements des devis initiaux, l’architecte Auguste Martin (1818-1877) démissionne le et est remplacé par François-Joseph Nolau (1804-1883), architecte parisien qui avait une grande expérience pour les décors intérieurs.
Les travaux sont terminés fin 1866. Le préfet Maupas prend possession de son palais préfectoral en , mais il est relevé de ses fonctions par un décret de l’Empereur fin . Cela ne l’empêche pas de procéder à l’inauguration qui eut lieu le .
Pendant la Commune de Marseille, les insurgés s'empare de la préfecture sans effusion de sang le . Le Préfet est fait prisonnier et la commission départementale prend sa place ; elle comprend 12 membres : des Radicaux (Job et Étienne), des membres de l'Internationale (Alérini), de la Garde nationale (Bouchet, Cartoux), et trois délégués du Conseil municipal[3]. L'insurrection victorieuse, Gaston Crémieux déclare du haut du balcon de l'Hôtel départemental la solidarité de Marseille avec la Commune de Paris, et appelle la population à maintenir l'ordre. Afin d'éviter qu'elle organise des élections et gagne ainsi une véritable légitimité démocratique, le général versaillaisHenri Espivent de La Villesboisnet déclare le Commune révolutionnaire de Marseille hors la loi. Puis, le , il fait marcher ses troupes (de 6 000 à 7 000 hommes) contre la ville. La lutte s'engage le lendemain. Après avoir fait tomber les barricades, l'armée vise la préfecture où se sont retranchés les défenseurs de l'insurrection. Le vers midi, Espivent fait bombarder la cité depuis Notre-Dame-de-la-Garde (ce qui lui vaut le surnom de « Notre-Dame de la Bombarde ») ; après avoir reçu plus de 280 obus, la préfecture tombe le 5 avril à 7 heures du matin, après dix heures de combats acharnés.
Description du bâtiment
Les fenêtres du rez-de-chaussée sont à fronton circulaire, celles du premier étage à fronton triangulaire tandis que celles de l’étage supérieur sont rectangulaires.
↑Le premier comité de salut public qui devient par la suite la commission départementale provisoire aurait été fondé dans les locaux du journal le Peuple de Gustave Naquet d'après Vincent Wright, Éric Anceau, in Les préfets de Gambetta, p. 331 et allii [lire en ligne (page consultée le 05/01/2012)].
Régis Bertrand et Lucien Tirone, Le guide de Marseille, Besançon, la Manufacture, coll. « Les guides de la Manufacture », , 376 p. (ISBN2-7377-0276-3, BNF35694581)..
Paul Masson (dir.), Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, 17 volumes, tome VI, archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1914, p. 808-810.