Il s'agit de la première véritable série de gravures réalisée par Goya, après de premières gravures religieuses, dont Huida a Egipto, réalisée en 1771-1774.
La gravure classique au burin, avec sa théorie de tracé caractéristique, se met au service de la reproduction de peinture, ce qui permet de diffuser les œuvres des maîtres de la peinture. Mais sa technique limitée ne permet pas la reproduction de tous les effets stylistiques, et est peu à peu remplacée par l'eau-forte. C'est dans ce processus de changement que l'œuvre de Goya sera déterminante[1].
Toujours très influencé par l'œuvre de Diego Velázquez[N 2], il profite de l'autorisation qui lui est faite de graver à l'eau-forte quelques-unes de ses peintures pour analyser en détail la technique du maître[1],Son fils Javier assure dans la biographie qu'il a rédigée de son père pour l'Académie royale des beaux-arts de San Fernando que son père était « observateur, et avec vénération, de Velázquez et Rembrandt[2] ».
Le [3], Goya met en vente plusieurs gravures copiées des tableaux de Velázquez par le biais de la Gaceta de Madrid[4]. Le thème choisi, des portraits équestres mettant en scène notamment Philippe III, Philippe IV et Isabelle de Bourbon semble volontairement choisi pour s'attirer la confiance de la Cour, montrant ses qualités de portraitiste, afin d'obtenir l'objet de son ambition, toute la première partie de sa carrière : le poste de Peintre de la Chambre du Roi[5], qu'il obtiendra en 1789.
Les 11 eaux-fortes de 1778 sont d'excellente facture, et les deux œuvres tardives de la série, Retrato del infante Fernando de Austria et El bufón Barbarroja, réalisées entre 1779 et 1782 mélangeant l'eau-forte et l'aquatinte, préfigurent déjà la complexité technique qu'emploiera Goya avec Los Caprichos[5].
Goya, qui affirme dans une lettre à un critique d'art qu'il a « trois maîtres : la nature, Velázquez et Rembrandt[6] », est s'inspire de la grande entente du tableau, l'indépendance, la fière allure, les poses hardies, les tons fins et argentés des chairs de l'enveloppe des personnages et l'exécution cavalière et enlevée de Velázquez[6].
On sait par de rares épreuves que Goya a réalisé d'autres gravures, restées inédites, telles que la copie des Ménines[3].
À noter qu'en plus des copies en eau-forte ou aquatinte, Goya a également reproduit certains des portraits de Velázquez sur toile, comme Ésope, Ménippe ou celui du pape Innocent X[2].
Liste des œuvres
Catalogue des gravures copiées de tableaux de Velázquez
↑Cela explique la très faible influence de Goya sur la gravure du XIXe siècle, alors que sa gravure sera estimée comme la plus importante, voire la pionnière, par les spécialistes contemporains. Voir Barrena et al. 2004, p. 6 (doc).
↑Il a déclaré lui-même que ses maîtres étaient « la nature, Rembrandt et Velázquez »in(en) Bernard L. Myers, Goya, Spring Books, , p. 22
↑ a et bGoya graveur : exposition, Paris, Petit Palais, 13 mars-8 juin 2008, Paris, Paris Musées, Petit Palais, , 350 p. (ISBN978-2-7596-0037-3), p. 184.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(es) Clemente Barrena, Javier Blas, Juan Carrete et José Miguel Medrano, « Francisco de Goya en Calcografía nacional », dans Calcografía Nacional: catálogo general, vol. II, Madrid, Real Academia de Bellas Artes de San Fernando, Calcografía Nacional, (lire en ligne [PDF]), p. 425-484.
Charles Yriarte, Goya : la biographie, les fresques, les toiles, les tapisseries, les eaux-fortes et le catalogue de l'œuvre avec cinquante planches inédites d'a̓près les copies de Tabar, Bocourt et Ch. Yriarte, Paris, Plon, , 156 p. (OCLC490109684, lire en ligne).