Il fut considéré perdu jusqu'en 1869, lorsque la toile fut découverte dans le sous-sol du Palais royal de Madrid par Gregorio Cruzada Villaamil, et fut remise au musée du Prado en 1870 par les ordonnances du et du , où elle est exposée dans la salle 94[3]. La toile est citée pour la première fois dans le catalogue du musée du Prado en 1876[4].
Avec des dimensions de 276 × 641 cm, il s'agit du plus grand carton réalisé par Goya, toutes séries comprises. La tapisserie devait être disposée sur l’un des murs principaux[3]. Ces tableaux servaient de modèle aux tisserands pour produire des tapisseries de grand luxe cousins d’or et d’argent[5].
Pour cette série, Goya aborde un thème de longue tradition dans l'art occidental : celui des quatre saisons. La thématique des saisons était en général la plus appréciée pour le rococo et la tapisserie pour décorer les salles à manger. Mais il y laisse une empreinte propre en convertissant les allégories en scènes bucoliques représentatives de chaque période de l'année[5]. La toile faisait partie d'un ensemble composé des Fleuristes (ou « le Printemps »), du Champ (ou « l’Été »), des Vendanges (ou « l’Automne ») et de La Nevada (ou « l’Hiver »). La moisson est prise comme symbole de cette saison[3].
La Era rejette le modèle traditionnel de Cérès comme allégorie de l'été et représente un groupe de paysans qui se reposent et font des blagues à leurs compagnons. C’est une scène traditionnelle du repos après la moisson qui a lieu au pied d’un imposant château médiéval[3].
Francisco de Goya utilise ici des couleurs chaudes, le brun, le jaune et l’orange. Un groupe de moissonneurs se repose sous la chaleur près du blé fraîchement récolté. Bien que certaines personnes sur la droite continuent de travailler, des hommes sur la gauche essaient de soûler un paysan, connu comme l'idiot du village, selon leurs vêtements et attitudes respectives[3].
Goya utilise ici la composition en pyramide héritée d'Mengs. Il rehausse la lumière d’une soirée d’été avec les teintes jaunes des blés et capte magistralement les gestes des personnages, ce qui annonce son talent postérieur pour les portraits. La petite taille des chevaux, est cependant un peu étrange[3].
(es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « La era » (voir la liste des auteurs).
↑Rita de Angelis (trad. de l'italien par Simone Darses), Tout l'œuvre peint de Goya, Paris, Flammarion, , 144 p. (ISBN2-08-011202-3), p. 102
↑Note de traduction : les cartons de Goya en général et l'ensemble des quatre saisons de cette cinquième série en particulier n'ont pas été nommés par leur auteur, aussi les noms par lesquels ils sont connus ont été attribués par des critiques d'art beaucoup plus tard. Dès lors, il n'y a pas de nom français à caractère officiel, et au nom de certaines subtilités de nommage en espagnol, leur nom dans cette langue a été retenu pour ces cartons.
(es) V. de Sambricio, Tapices de Goya, Madrid, Patrimonio Nacional, , p. 141-145, 250.
(es) José Manuel Arnaiz, Francisco de Goya : cartones y tapices, Madrid, Espasa Calpe, , p. 135-152, 287.
(es) Janis Tomlinson, Francisco de Goya : los cartones para tapices y los comienzos de su carrera en la corte de Madrid, Madrid, Cátedra, , 302 p. (ISBN978-84-376-0392-6), p. 205-206, 214-216, 226, 230, 252.