La grande synagogue de Bordeaux est le principal lieu de culte israélite de Bordeaux.
Présentation
Succédant à un premier édifice détruit par le feu en 1873, elle est élevée entre 1877 et 1882 sous la direction des architectes Charles Burguet puis Charles Durand.
La présence d'une communauté juive est attestée depuis plusieurs siècles dans la métropole aquitaine. Celle-ci s'accroît considérablement après la promulgation du décret de l'Alhambra () par lequel les Rois Catholiques décident d'expulser les juifs de la péninsule Ibérique[2]. Fuyant les persécutions de l'Inquisition, nombre d'entre eux décident de s'installer par-delà les Pyrénées, constituant des communautés souvent actives et prospères dans le sud-ouest de la France. La communauté juive bordelaise reste florissante durant plusieurs siècles, fournissant quelques grands noms dans les domaines de la littérature, des arts, du commerce et de la politique (Gradis, Raba, Nunés Pereyra, Pereire ou encore Mendès[3]).
Lorsque Napoléon ordonne la formation du Consistoire central, un consistoire régional est créé à Bordeaux en 1808. Un an plus tard, une grande synagogue est fondée sous son impulsion rue Causserouge. Dessinée par l'architecte Armand Corcelles, elle s'inspire librement de l'architecture orientale[4]. Centre névralgique du quartier juif, cet édifice monumental est victime d'un incendie au cours de l'année 1873.
Ce sinistre détermine les représentants de la communauté à se doter d'un nouveau sanctuaire qui est financé par les frères Pereire, Rothschild et Iffla Osiris, Bordelais de naissance[5]. La réalisation est confiée à l'architecte André Burguet, puis, après la mort de ce dernier, aux architectes Charles Durand. Les travaux débutent officiellement en 1877 pour se terminer en 1882. Le de cette même année[6], la grande synagogue de Bordeaux est inaugurée et ouverte au culte[7].
Sous l'occupation allemande, la synagogue, pillée, sert de lieu d'internement aux Juifs qui n'ont pas réussi à s'enfuir à temps. Près de 1 600 familles y sont emprisonnées avant d'être déportées vers les camps de Dachau et d'Auschwitz-Birkenau[7],[8].
De nos jours, la grande synagogue, qui s'élève dans une ruelle (rue du Grand-Rabbin-Joseph-Cohen) légèrement en retrait de la rue Sainte-Catherine, reste l'un des poumons de la communauté juive bordelaise. Les services du matin et du soir s'y tiennent quotidiennement.
Formant un vaisseau de 36 mètres de long sur 26 mètres de large, elle est précédée d'une façade monumentale cantonnée de deux tours[4]. Le projet initial prévoyait qu'elles soient prolongées par deux bulbes à base octogonale, mais ce parti ne faisant pas l'unanimité (certains membres de la communauté y voyant une influence chrétienne trop manifeste), les fonds affectés à leur achèvement furent supprimés[7].
L'intérieur reprend les dispositions du plan basilical antique, et se compose d'un vaisseau principal séparé des collatéraux par une série de quatorze colonnes corinthiennes (sept de chaque côté). Au niveau supérieur sont aménagées des tribunes (mekhitsa), espace traditionnellement réservé aux femmes.
Au fond du sanctuaire, le regard porte vers l'arche sainte (heckal), ménagée dans une grande arcade en arc outrepassé. Un rideau de velours (parokhet) aux teintes grenat lui sert d'écrin.
La partie centrale de la synagogue est occupée par une estrade (tebah) où viennent officier les ministres du culte. Celle-ci est précédée d'un monumental chandelier à sept branches (menorah) de près de 4,50 m de hauteur[7].
La couverture de l'édifice est une structure métallique porteuse en tôle rivetée, œuvre des ateliers de Gustave Eiffel. L'ossature métallique est dissimulée par une voûte en anse de panier bordée de berceaux transversaux, l'ensemble s'élevant à plus de 16 mètres. Cette disposition permet de dégager un espace intérieur de grande ampleur, et accentue l'effet de monumentalité de l'édifice.