Peu après son arrivée à Berlin, il rejoint la Sozialistischer Deutscher Studentenbund (SDS) et s'implique dans des initiatives militantes, notamment dans le domaine de l'éducation et dans le mouvement de protestation contre la guerre du Vietnam.
Il vit alors dans une communauté de la Wielandstraße à Berlin-Charlottenburg connue sous le nom de Wielandkommune qui réunit de 10 à 20 personnes. Il fréquente l'avocat Otto Schily et l'ouvrier Bommi Baumann de la « Kommune 1 ».
Guérilla urbaine
Les événements de 1968, en particulier la tentative d'assassinat, le , de Rudi Dutschke et l'écho du Mai 68 français, alimentent la radicalisation de la mouvance qu'il fréquente et conduit à une volonté d'affrontement avec l'État. Même s'il puise son identité politique dans la théorie et la pratique de l'anarchisme historique, inspiré par l'idée de la guérilla urbaine des Tupamaros en Uruguay, adoptant des positions anti-impérialiste, s'impose l'idée que seule une « avant-garde » de combattants révolutionnaires dans les grandes métropoles occidentales pourrait devenir « de vrais alliés des mouvements de libération du tiers monde ».
De la Wielandkommune émerge un collectif d'activistes qui se projettent en « guérilleros urbains », le Zentralrat der umherschweifenden Haschrebellen(de) (Conseil central des haschich rebelles itinérants). Rauch passe alors dans la clandestinité. Avec quelques camarades, il voyage en Jordanie à la fin du mois de et s'entraîne, dans un camp palestinien du Fatah, au maniement des armes à feu[4].
L'idée est de former un groupe à Berlin pour la « lutte armée » contre l' « impérialisme américain » et le « sionisme ». Cela signifie concrètement la pose de bombes incendiaires contre diverses institutions susceptibles, selon eux, « d'opprimer » les Palestiniens et d'autres peuples du tiers-monde[5]. Les Tupamaros West-Berlin sont responsables de plusieurs incendies et attentats à la bombe de fin 1969 à 1971[4].
Il est arrêté le , pour avoir avec, notamment, Thomas Weisbecker(de) et Bommi Baumann agressé un journaliste[6]. Inculpé et incarcéré, le , il réussit à s'échapper grâce à une confusion lors d'une audience au tribunal pénal de Berlin-Moabit[6].
Après cinq mois de fuite, il est intercepté, le , grâce à une surveillance policière. Dans la fusillade qui suit, il est mortellement blessé à la tête par un policier en civil[7],[8]. Des milliers de personnes manifestent à Berlin dénonçant une politique répressive qui consiste à « tirer d'abord, poser des questions plus tard »[9].
Selon les autorités, environ 25 coups de feu ont été tirés du côté des fugitifs comme de la police[6]. Baumann dira, deux ans plus tard, dans une interview au Spiegel, que les tirs avaient été quasi simultanés[10].
Postérité
En 1970, à la fermeture de la maison de retraite Bethanien Hospital à Berlin-Kreuzberg, une initiative populaire empêche sa démolition. En 1971, une partie des bâtiments, la Martha-Maria-Haus, est squattée. Les occupants renomment les locaux Georg-von-Rauch-Haus(de)[11].
En 2011, la Georg-von-Rauch-Haus a fêté son 40e anniversaire en tant qu'association à but non lucratif, le Centre des jeunes et de la culture De Kreuzberg (Jugend und Kulturzentrum Kreuzberg)[6].
(de) Karin König, Zwei Ikonen des bewaffneten Kampfes. Leben und Tod Georg von Rauchs und Thomas Weisbeckers., in Wolfgang Kraushaar (dir.), Die RAF und der linke Terrorismus, tome 1, Hamburger Edition, 2006, pp. 430-471.
(de) Collectif, Wie starb Georg von Rauch?, Zeitung, Beilage Agit 883, , [lire en ligne].
↑ abc et d(de) Brigitte Fehrle, Vor 30 Jahren wurde der Anarchist erschossen - Der nie geklärte Tod des Georg von Rauch, Berliner Zeitung, 1 décembre 2001, lire en ligne.
↑Michel Deutsch, La Décennie rouge, Christian Bourgois éditeur, 2007, page 31.
↑Anne Steiner, Loïc Debray, La Fraction armée rouge : guérilla urbaine en Europe occidentale, Meridiens Klincksieck, 1987, page 33.
↑(en) J. Smith, Andre Moncourt, The Red Army Faction, a Documentary History, Volume 1, Projectiles for the People, PM Press, 2009, page 110.