Gaston Mialaret est élève-maître à l'école normale de Cahors, où il obtient le brevet supérieur et passe le baccalauréat[2]. Il commence sa vie professionnelle comme instituteur à Figeac en 1939[3], tout en faisant des études de mathématiques à l'université de Toulouse[4]. Après sa démobilisation, il est professeur de mathématiques au lycée d'Albi, où il est chargé d'organiser les classes nouvelles selon la démarche impulsée par Gustave Monod[2]. En 1946, il se forme comme inspecteur à l'école normale supérieure de Saint-Cloud, obtient une licence de psychologie à la Sorbonne, puis il obtient un poste d'assistant à Saint-Cloud, où il organise le premier laboratoire de psychopédagogie, en 1948[2]. Il est également chargé d'enseignement à l'Institut de psychologie de Paris. En 1957, il soutient deux thèses, l'une sur l'enseignement des mathématiques et l'autre consacrée à la formation des professeurs de mathématiques.
Il est recruté, en 1953, à l'université de Caen, pour y développer l'enseignement de psychologie, en créant un cursus et une licence, avec un statut de chef de travaux, puis de professeur d'université, jusqu'en 1984. Il crée un laboratoire de psychopédagogie en 1956, puis, en 1967, sa chaire de psychologie devient une « chaire de sciences de l'éducation »[5], après la création de cette discipline, à l'université[6] devenant ainsi, avec Maurice Debesse, professeur à la Sorbonne[7] et Jean Château, professeur de psychologie à l'université de Bordeaux, l'introducteur de cette discipline à l'université. Sous leur impulsion commune, les sciences de l'éducation s'institutionnalisent, à partir de 1969, comme la 70e section du Comité consultatif des universités, qui devient en 1987 le Conseil national des universités.
Gaston Mialaret joue un rôle important dans le développement des sciences de l'éducation à l'université, publiant notamment plusieurs Que sais-je ? : La psychopédagogie, Les méthodes de recherche en sciences de l'éducation, Les sciences de l'éducation, Psychologie de l'éducation. Il a appartenu au comité de rédaction de la Revue française de pédagogie et est également le premier directeur du Bulletin de psychologie, durant une année[8].
La revue Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ère nouvelle est créée à Caen, son premier numéro est daté de janvier-, précédant la création de la Revue française de pédagogie. Le choix de ce double nom constitue une référence à la fois au titre de la revue du GFEN, Pour l'Ère nouvelle et à la nouvelle discipline des sciences de l'éducation[2].
Il assure, avec Maurice Debesse, la coordination du Traité des sciences pédagogiques, dont les 8 volumes paraissent de 1969 à 1978[9]. Cette « tentative pionnière » s'efforce de présenter « d'une façon systématique et unifiée, une vision globale des savoirs sur l’éducation ». Elle est considérée comme un point de référence dans « l'affirmation des spécificités d’un champ d’investigation et d’une communauté scientifique orientés vers la production d’une connaissance sur les réalités éducatives, entendues comme un champ pluriel de pratiques, d’acteurs et d’institutions »[10].
Responsabilités institutionnelles
Il préside le Groupe français d'éducation nouvelle (GFEN) de 1962 à 1969, prenant la succession d'Henri Wallon qui lui-même avait succédé à Paul Langevin. Il assure la direction du bureau international de l’éducation (UNESCO) à Genève (1987-1988)[11]. Il est invité d'honneur du colloque Quarante ans des sciences de l’éducation : l’âge de la maturité ? à l'université de Caen du 20 au .
En 1971, il contribue à la création de l'association des enseignants-chercheurs en sciences de l’éducation (AECSE)[12], qu'il préside de 1976 à 1982[11].
↑Création des sciences de l'éducation à l'université, arrêté du .
↑Maurice Debesse (1903-1998), cf. Perspectives, revue trimestrielle d’éducation comparée (Paris, UNESCO : Bureau international d’éducation), vol. XXXIII, no 3, Septembre 2003).
↑Entretien avec Gaston Mialaret, Bulletin de psychologie, tome 62 (2), no 500, mars-avril 2009, p. 127.
↑Cf. recension critique, André Hosotte, « Debesse (M.), Mialaret (G.). — Traité des sciences pédagogiques », Revue française de pédagogie, vol. 13, 1970, p. 58-60, [lire en ligne].
↑Rui Canario, « Beillerot Jacky & Mosconi Nicole (dir.). Traité des sciences et des pratiques de l’éducation » (recension critique), Revue française de pédagogie, no 158, 2007, [lire en ligne].
↑ a et bLuc Cédelle, « Gaston Mialaret, fondateur des sciences de l’éducation, est mort à 97 ans », Le Monde, 09.02.2016.
↑Nassira Hedjerassi, « Naissance et premiers pas de l'AECSE, 1968-1971 », in Françoise F. Laot (dir.) et Rebecca Rogers (dir.), Les sciences de l'éducation : émergence d'un champ de recherche dans l'après-guerre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 317 p. (ISBN978-2-7535-4058-3, OCLC955933270), p. 263-278.
↑Francine Best, Remise de la distinction de Grand Commandeur de la Légion d’Honneur à Gaston MIALARET – 28 juin 2014 [1].
Luc Cédelle, « Gaston Mialaret, fondateur des sciences de l’éducation, est mort à 97 ans », Le Monde, .
Nassira Hedjerassi, « Gaston Mialaret (1918-2016) ou « l’effort d’institutionnalisation » des sciences de l’éducation », Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ère nouvelle, vol. 50, no 1, , p. 85-103 (lire en ligne, consulté le ).
L. Marmoz, Education et conscience politique (Gelpi, Roorda, Postic, Loureiro, Mialaret, Ardoino et Freire), Paris: L'Harmattan, 2020. (ISBN978-2-343-21817-5)
L. Marmoz dir., L'éducation en devenir - L'oeuvre de Gaston Mialaret et l'UNESCO, Paris: L'Harmattan, 2016. ISBN/ 978-2-343-10826-1
L.Marmoz dir., Gaston Mialaret, l'éducateur, le pédagogue, le chercheur, Paris: P.U.F., 1993. (ISBN2-13-046059-3)