Gaius Julius Alexander Berenicianus (grec: Γαίος Ιούλιος Αλέξανδρος Βερενικιανός, environ 75-150) était un prince de Cilicie et le deuxième fils du roi Gaius Julius Alexander (en) et de la reine Julia Iotapa de Cetis en Cilicie. Son frère aîné était Gaius Julius Agrippa (en) et sa sœur cadette était Julia Iotapa.
Des inscriptions qui mentionnent C. Julius Alexander Berenicianus révèlent que sa famille a été liée à des membres importants de la province romaine d'Asie appartenant à l'aristocratie judéenne et non-judéenne. Berenicianus était d'origine juive, Nabatéenne, Édomite, Grecque, Arménienne, Mède et Perse. Son grand-père paternel était le roi Tigrane VI d'Arménie. Par Tigrane, il était un descendant d'Archélaos, roi de Cappadoce et d'Arménie Mineure jusqu'en 17 ainsi que du roi de Judée Hérode le Grand avec son épouse la plus importante, Mariamne l'Hasmonéenne. Avec son frère Caïus Julius Agrippa il est l'un des derniers descendants connus des dynasties Hérodienne et Hasmonéenne. Flavius Josèphe indique que les descendants d'Alexandre et Iotapa de Commagène (son père et sa mère) « abandonnèrent dès leur naissance l'observance des coutumes juives et adoptèrent à leur place les usages des grecs[1]. » E. Mary Smallwood estime donc qu'il est un « apostat » du judaïsme[2]. Il n'y a aucun indice que Berenicianus ait tenté d'exercer une influence politique en Judée, mais les liens familiaux avec les autres membres de la famille hérodienne sont conservés.
Il est probable que l'une de ses filles, Julia Bérénice Crispina soit néanmoins connues par les archives de Babatha[3]. Dans un procès, tenu à Pétra, la capitale de l'Arabie Pétrée devenue province romaine en 106-107, Bérénice Crispina joue le rôle de tutrice des fils du deuxième mari de Babatha. Babatha et ses amies Salomé Grapte et sa fille Salomé Komaise appartiennent clairement à des familles juives qui se sont installées à Mahoza en Arabie Pétrée, mais qui au moment du déclenchement de la révolte de Bar Kokhba sont venues s'installer en 132 de l'autre côté de la mer Morte à En Gaddi en Judée, contrôlé à ce moment par les révoltés. Lorsque les Romains se sont à nouveau emparés de la région, ils ont cherché à éliminer tous les membres de ce groupe en particulier les femmes et les enfants. Parmi eux Babatha, l'adversaire de Julia Crispina. Par ailleurs, une Julia Bérénice Crispina — probablement la même que celle des archives de Babatha — possédait des biens en Égypte.
Les grands-parents maternels de Julius Alexander Berenicianus étaient le roi Antiochos IV de Commagène et la reine Julia Iotapa.
Le Royaume de Cetis était un petit État client de l'empire romain. Cetis était une petite région de Cilicie qui avait été auparavant administrée par ses ancêtres royaux de Cappadoce et notamment Antiochos IV. La ville de Cilicie Elaiussa Sebaste (en) faisait partie du Royaume. Ses parents se sont mariés à Rome en 58, puis l'empereurNéron les a couronné comme monarques et leur a donné cette région à administrer.
En 94, Berenicianus et Agrippa sont devenus membres du sénat romain. Des inscriptions révèlent aussi la carrière de Berenicianus. Il a servi comme consul suffect en 116. En 132-133, il a été proconsul de la province romaine d'Asie. Pendant qu'il était proconsul d'Asie, il semble avoir été un mécène en matière d'arts.
Deux inscriptions mentionnant apparemment un Berenicianus, l'une datée, l'autre non datée, sont en général considérées comme le désignant[4]. « Un Gaius Julius Alexander Berenicianus est mentionné sur une inscription d'Éphèse (n° 5 in n 57), qui a été copiée au XIe siècle par Cyriaque d'Ancône et n'a plus été vue depuis[5],[6]. » Ce Berenicianus peut être identifié avec celui mentionné dans une inscription de Laodicée[Lequel ?] (no 6 in n. 57), où il est désigné comme Berenicianus fils d'Alexander[5].
« La plupart des inscriptions portant le nom Berenicianus sont issues du Liban ou de Syrie[5]. » L'inscription no 4 « mérite une attention spéciale puisqu'elle a été trouvée dans le village de Rahkle, au pied du mont Hermon, au voisinage de Chalcis[4] », une région qui a fait partie des royaumes d'Agrippa Ier, puis de son fils Agrippa II, respectivement père et frère de la célèbre Bérénice. Elle est datée de l'an 344 et il est en général admis que cela correspond à la date de 32 si l'inscription est datée depuis l'ère séleucide[4]. Tal Ilan avait pensé que ces inscriptions se rapportaient au fils de Bérénice appelé lui aussi Berenicianus et que l'inscription no 4 utilisait une autre ère que l'ère séleucide. Il semble désormais y avoir un consensus pour rejeter cette hypothèse. Si le Berenicianus mentionné sur les inscriptions d'Éphèse et de Laodicée est bien Gaius Julius Alexander Berenicianus, l'inscription no 4 est une indication qu'au moins un autre porteur de ce nom appartenait au groupe des Hérodiens[5].
↑« Lors des procédures intentées contre Babatha par le frère de son second mari au nom de ses enfants orphelins, un des représentants est une femme nommée Julia Crispina, fille de C. Julius Alexander Berenicianus, consul romain en 116 et descendant de la dynastie hérodienne par alliance : elle serait donc la dernière princesse connue de la dynastie hérodienne. » cf. Mimouni 2012, p. 503.
↑Il est mort vers 36. C'est lui dont Flavius Josèphe dit qu'il est un fils d'Alexandre, fils du roi Alexandre qui fut tué par son père et de « la fille de d'Archélaüs, roi de Cappadoce » (Glaphyra). Il ajoute qu'il a été roi d'Arménie et qu'il « mourut sans enfant pendant qu'il était accusé à Rome » (Antiquités judaïques, livre XVIII, V, 4 (138). De même, il semble qu'il soit le Tigrane « autrefois souverain d'Arménie » évoqué par Tacite (cf. Tacite, Annales, livre VI, chapitre XL), qui est mis à mort en 36 pour sa participation dans la conspiration C. Galba, sous Tibère.
(en) Seth Schwartz, Josephus and Judaean politics, Leyde, New York, Brill, coll. « Columbia studies in the classical tradition », , 137 p. (ISBN90-04-09230-7, OCLC21595783, lire en ligne)
Christian Settipani, Continuite Gentilice et Continuite Familiale Dans Les Familles Senatoriales Romaines, A l'Époque Imperiale, Mythe et Realite. Linacre, UK: Prosopographica et Genealogica, 2000. ILL. NYPL ASY (Rome) 03-983.
(en) Barbara Burrell, Neokoroi : Greek Cities and Roman Emperors, vol. 9, Leyde, Boston, Brill, coll. « Cincinnati classical studies, new ser. », , 422 p. (ISBN90-04-12578-7, OCLC53013513, lire en ligne)
(en) Tal Ilan, « Julia Crispina, Daughter of Berenicianus, a Herodian Princess in the Babatha Archive : A Case Study in Historical Identification », The Jewish Quarterly Review, University of Pennsylvania, vol. 82, nos 3/4, , p. 361-381 (JSTOR1454863)