Gérard Blain est issu d'une famille parisienne depuis plusieurs générations. Il est très jeune quand son père, architecte en chef de la ville de Paris, délaisse le foyer familial. Les relations de Gérard Blain avec sa mère et sa sœur deviennent alors conflictuelles. Il quitte l'école à 13 ans sans même avoir le certificat d'études primaires et commence une vie mouvementée d'enfant de la rue, livré à toutes sortes de difficultés dans le Paris de l'Occupation. L'année de ses 14 ans, alors qu'il travaille comme garçon d'écurie à Maisons-Laffitte, il est victime d'une agression sexuelle de la part d'un homme, ce qui le rendra homophobe toute sa vie[1]. À 14 ans, il fait un bref séjour dans les FFI. Il dira lui-même « Depuis mon enfance, je me considère avec la société en état de légitime défense ». Cette enfance malheureuse sera un des sujets récurrents de ses films, notamment Un enfant dans la foule, film aux accents autobiographiques[2].
Débuts
Avec un physique entre Alain Delon et James Dean, il commence par hasard à faire de la figuration dans des films, remarqué pour sa « belle petite gueule ». C'est Julien Duvivier qui, en lui donnant enfin un rôle consistant dans Voici le temps des assassins, alors qu'il a 26 ans, le lance définitivement dans le monde du cinéma. Il rencontre les réalisateurs de la Nouvelle Vague, notamment Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, nés la même année que lui, et devient vedette avec Le Beau Serge. Il joue dans le film hollywoodienHatari aux côtés de John Wayne et prétend lui avoir appris à tenir une winchester[3]. Toutefois, ne pouvant s'adapter au vedettariat à l'américaine, il refuse de signer un contrat et revient en France.
Personnalité affirmée
Les idées de Gérard Blain sur le cinéma se heurtent à un certain conformisme qu'il rejette. C'est un acteur rebelle, moralement intransigeant, nostalgique des « valeurs disparues », en révolte permanente contre son temps. Il s'exprime enfin en passant à la réalisation en 1971 avec Les Amis. Gérard Blain se veut un puriste du cinéma, préférant les acteurs amateurs aux professionnels, partisan de l'épure des plans et d'un son maîtrisé, hostile à tout effet artificiel. Son cinéma est extrêmement influencé par Robert Bresson, qu'il admire. Il tourne en tant que réalisateur une dizaine de films, dont deux sont sélectionnés pour le Festival de Cannes, mais il n'arrive jamais à obtenir un véritable succès populaire.
Certains considèrent Gérard Blain comme un « anarchiste de droite », en raison de son anticonformisme éthique. En 1999, il signe pour s'opposer à la guerre en Serbie la pétition « Les Européens veulent la paix »[4], lancée par le collectif Non à la guerre[5]. Il considère aussi que la France est sous une trop grande influence américaine et fait savoir son soutien à Jack Lang quand celui-ci, nouveau Ministre de la culture, refuse d'aller au Festival du cinéma américain de Deauville : « Il faut que monsieur Lang sache bien qu’en boycottant le festival de Deauville, il a réveillé en nous l’espoir d’une libération culturelle. Il n’a plus le droit de nous décevoir »[6].
Vie privée
Il a été successivement marié aux actrices Estella Blain (1953 à 1956) et Bernadette Lafont (1956 à 1959), puis à Monique Sobieski (1960 à 1966) avec qui il a eu un fils (Paul, 1960), enfin à Marie-Hélène Bauret (1966 à 2000) avec qui il a eu deux autres fils (Régis et Pierre).
↑Jean-Claude Brialy, J'ai oublié de vous dire...XO éditions, 2004, p.163 : "Il (Gérard Blain) avait commencé à travailler adolescent, et c'est l'année de ses quatorze ans qu'un drame atroce bouleversera définitivement sa vie. Lad à Maisons-Laffitte, il fut victime d'une agression. Il est toujours resté très secret sur ces sombres années mais, de ce presque viol, Gérard garda toute sa vie une terrible blessure qui jamais ne se referma. Il fit toujours montre d'une haine farouche envers les homosexuels."
↑Il décrit lui-même ce film comme contenant « des choses que j'ai vécues et d'autres que j'ai pas vécues »; Supplément DVD de Un enfant dans la foule
↑Jean-Claude Brialy, J'ai oublié de vous dire…, XO éditions, 2004, p. 166 : « Il expliquait à Bruno Cremer comment il fallait jouer au dur. il avait bien appris, disait-il, à John Wayne à tenir une winchester ! »