Le Fragment de Muratori ou canon de Muratori est la plus ancienne liste connue d'écrits considérés comme authentiques (« canoniques ») par les chrétiens.
Description
Publié pour la première fois en 1740 par Ludovico Antonio Muratori (1662-1750), historien italien qui l'a découvert à la Bibliothèque ambrosienne de Milan, le fragment de Muratori est un manuscrit contenant une discussion sur les livres de foi acceptés par les Églises que fréquente l'auteur, resté inconnu. Ces livres forment ce qui sera plus tard appelé le Nouveau Testament. Quatre fragments du Canon ont été trouvés en 1897 dans des manuscrits des XIe et XIIe siècles de la bibliothèque du Mont-Cassin.
Auteur et datation
Rédigé en latin au VIIe ou VIIIe siècle, il est la traduction d'un original en grec dont l'origine et la datation sont débattues. Une référence au Pasteur d'Hermas et à l'évêque de Rome Pie (140-155) l'ont fait situer à la fin du IIe siècle ou au début du IIIe siècle avec une origine romaine, ce qui l'a longtemps fait considérer comme la plus ancienne ébauche de canonnéotestamentaire. Cette option a été contestée depuis le dernier quart du XXe siècle par un nombre croissant de chercheurs qui considèrent désormais largement que l'original est d'origine orientale, composé au IVe siècle[1].
Il existe en effet un fort consensus au sein de la recherche du début du XXIe siècle pour considérer la formation du canon comme un processus assez long, stimulé par les controverses avec les mouvements chrétiens hétérodoxes. Sa première concrétisation remonte à une lettre d'Athanase d'Alexandrie datée de 367 : ainsi le canon du Nouveau Testament — compris comme la collection exclusive d'une série de livres de l’Écriture reconnus du point de vue ecclésial — est plutôt à dater des IVe et Ve siècles[1]. Si le fragment de Muratori date du IIe siècle, il s’agirait d'un document assez unique pour cette période[2],[3]. Toutefois une partie de la recherche reste attachée à une datation et fixation plus haute du canon[4].
Contenu
Le texte est mutilé : le début et la fin du manuscrit sont manquants.
↑ a et b« Both this early dating and the Roman origin of the Muratorian canon list have been strongly challenged, however, and it is now widely regarded as a fourth-century list of eastern origin » ; Harry Gamble, « The Formation of the New Testament Canon and Its Significance for the History of Biblical Interpretation », dans Alan J. Hauser et Duane F. Watson (éds.), A History of Biblical Interpretation, vol. I : The Ancient Period, Wm. Β. Eerdmans Publishing, (ISBN0-8028-4273-9), p. 410
↑Harry Gamble, « The Formation of the New Testament Canon and Its Significance for the History of Biblical Interpretation », dans Alan J. Hauser et Duane F. Watson (éds.), A History of Biblical Interpretation, vol. I : The Ancient Period, Wm. Β. Eerdmans Publishing, (ISBN0-8028-4273-9), p. 411
Bibliographie
Traduction
Le fragment de Muratori, trad. Bernard Pouderon : Premiers écrits chrétiens, Gallimard, coll. "La Pléiade", 2016, p. 35-37.
Études
(en) Albert C. Sundberg, « Canon Muratori: A Fourth-Century List », The Harvard Theological Review, Cambridge University Press, vol. 66, no 1, , p. 1-41 (JSTOR1509348)
Graham Stanton (trad. de l'anglais), Parole d'Évangile ?, Paris/Outremont (Québec), Les Éditions du Cerf, coll. « L'histoire à vif », , 134 p. (ISBN2-204-05585-9) (traduction en français du début du fragment)
Jean-Daniel Kaestli, Le Canon des Écritures dans les traditions juives et chrétiennes, Éditions du Zèbre, 2007, p. 481-506.