Forces armées rwandaises

Les Forces armées rwandaises (FAR) représentent l'armée du Rwanda sous le régime de Grégoire Kayibanda, puis de Juvénal Habyarimana. Cette armée était composée presque entièrement de Hutus, selon l'ethnisme en vigueur au Rwanda de 1959 à .

Histoire

En 1975, deux ans après le coup d'État de Juvénal Habyarimana, un accord d'assistance militaire est signé entre la France et le Rwanda[1].

Le , le Front patriotique rwandais (FPR) entre au Rwanda, déclenchant une guerre civile. Il rencontre des premiers succès et parvient « jusqu’à Gabiro, à 90 kilomètres de Kigali »[2]. Aussitôt le président Juvénal Habyarimana demande à son homologue français, François Mitterrand de l'aider à contrer cette offensive. L'armée française lance l'opération Noroît le , officiellement pour protéger les ressortissants étrangers[3].

Dès le , les FAR se sont ressaisies et le front est stabilisé. Cette contre-offensive s'est traduite également par la mort du général en chef du FPR, le général Fred Rwigema[2].

La France envoie un contingent bien équipé pour aider les FAR à stopper le FPR. Pour réorganiser les FAR, la France décide de mettre en place un détachement d'aide militaire dont la fonction est de former les hommes des FAR[4]. Ce détachement d'aide militaire en vient à former indirectement les miliciens Interahamwe[réf. nécessaire]. Les FAR, composées en 1990 d'environ 10 000 hommes, comptent 35 000 hommes environ (gendarmes inclus) en 1994[5].

La France a également fourni des armes aux FAR avant voire pendant le génocide, comme le décrit Hubert Védrine devant la Commission Défense de l’Assemblée nationale le , tout en précisant que « même les attaquants les plus violents contre la France n’ont jamais osé écrire ou raconter que le génocide lui-même, village après village, avait été fait avec les armes fournies par la France à l'armée rwandaise contre les attaques du FPR »[6].

Les soldats de cette armée Hutu sont les initiateurs et ont participé au génocide de 1994 contre les Tutsis et les Hutu modérés[7]. Dès le début des tueries, le FPR lance une offensive qui lui permet de gagner du terrain rapidement. Malgré leur supériorité numérique (le FPR compte, lui, 25 000 hommes[5]), les FAR sont mises en déroute. Elles entraînent dans leur sillage la milice Interahamwe et des centaines de milliers de civils Hutu qui fuient l'avancée du FPR.

Des éléments de cette armée sont encore en fuite au Zaïre (nom de la République démocratique du Congo jusqu’en 1997), notamment au sein des FDLR, et dans divers autres pays africains[réf. nécessaire].

Depuis 1994 et la prise du pouvoir par le FPR, l'armée du Rwanda s'appelle l'Armée patriotique rwandaise, dite APR. Son nom actuel est les Forces rwandaises de défense.

Notes et références

  1. Assemblée Nationale Française, Mission d’information sur le Rwanda (page 27), sur <www.assemblee-nationale.fr>.
  2. a et b RAPPORT D'INFORMATION, assemblee-nationale.fr, page 121
  3. Assemblée nationale française, Mission d’information sur le Rwanda(page 121).
  4. Assemblée nationale française, Mission d’information sur le Rwanda (page 144)
  5. a et b Mission d’information sur le Rwanda, Source : « Les crises politiques au Burundi et au Rwanda ( 1993-1994) », sous la direction de André Guichaoua, Université des Sciences et Technologies de Lille.(Diffusion KARTHALA)
  6. Commission de la défense de l’Assemblée Nationale, Audition M. Hubert Védrine sur la politique de la France au Rwanda (à 1 h 00 min 35 s de la vidéo), 16 avril 2014 : «…La France a donc armé l'armée rwandaise pour résister aux attaques du FPR et de l'armée ougandaise, avec un certain type d'armement qui n'a jamais servi au génocide donc c'était armer dans ce but en fait à partir des années 90 et après. Donc, il y a eu des livraisons d'armes pour que l'armée rwandaise soit capable de tenir le choc [...]. Donc, il est resté des relations d'armement et c'est pas la peine de découvrir sur un ton outragé qu'il y a eu des livraisons qui se sont poursuivies : c'est la suite de l'engagement d'avant, la France considérant que pour imposer une solution politique, il fallait bloquer l'offensive militaire. Ça n'a jamais été nié, ça donc c’est pas la peine de le découvrir et de le présenter comme étant une sorte de pratique abominable et masquée c'est dans le cadre de l'engagement encore une fois pour contrer les attaques (1 h 01 min 39 s), ça n’a rien à voir avec le génocide et même les attaquants les plus violents contre la France n'ont jamais osé écrire ou raconter que le génocide lui-même village après village avait été fait avec les armes fournies par la France à l'armée rwandaise contre les attaques du FPR. Il faut distinguer les deux... » fin 1 h 01 min 56 s
  7. ONU, Rapport final de la Commission d'experts présenté conformément à la résolution 935 (1994) du Conseil de sécurité (Pages 14-20 « Caractère concerté, planifié, systématique et méthodique des actes criminels ») .