Fonction zêta de Hurwitz
En mathématiques , la fonction zêta de Hurwitz est une des nombreuses fonctions zêta .
Elle est définie, pour toute valeur q du paramètre, nombre complexe de partie réelle strictement positive, par la série suivante, convergeant vers une fonction holomorphe sur le demi-plan des complexes s tels que Re(s ) > 1 :
ζ ζ -->
(
s
,
q
)
=
∑ ∑ -->
k
=
0
∞ ∞ -->
(
k
+
q
)
− − -->
s
{\displaystyle \zeta (s,q)=\sum _{k=0}^{\infty }(k+q)^{-s}}
.
Par prolongement analytique ,
ζ ζ -->
(
⋅ ⋅ -->
,
q
)
{\displaystyle \zeta (\cdot ,q)}
s'étend en une fonction méromorphe sur le plan complexe , d'unique pôle s = 1 .
ζ ζ -->
(
⋅ ⋅ -->
,
1
)
{\displaystyle \zeta (\cdot ,1)}
est la fonction zêta de Riemann .
Représentation intégrale
ζ ζ -->
(
s
,
q
)
=
1
Γ Γ -->
-->
(
s
)
∫ ∫ -->
0
∞ ∞ -->
t
s
− − -->
1
e
− − -->
t
q
1
− − -->
e
− − -->
t
d
t
{\displaystyle \zeta (s,q)={\frac {1}{\operatorname {\Gamma } (s)}}\int _{0}^{\infty }{\frac {t^{s-1}\operatorname {e} ^{-tq}}{1-\operatorname {e} ^{-t}}}\,\mathrm {d} t}
,
où Γ désigne la fonction Gamma [ 1] .
Prolongement analytique
La fonction
ζ ζ -->
(
⋅ ⋅ -->
,
q
)
{\displaystyle \zeta (\cdot ,q)}
s'étend en une fonction méromorphe, d'unique pôle s = 1 , simple, avec un résidu égal à 1 [ 2] .
Développement de Laurent
Son développement de Laurent en ce pôle est
ζ ζ -->
(
s
,
q
)
=
1
s
− − -->
1
+
∑ ∑ -->
n
=
0
∞ ∞ -->
(
− − -->
1
)
n
n
!
γ γ -->
n
(
q
)
(
s
− − -->
1
)
n
{\displaystyle \zeta (s,q)={\frac {1}{s-1}}+\sum _{n=0}^{\infty }{\frac {(-1)^{n}}{n!}}\gamma _{n}(q)(s-1)^{n}}
où les coefficients
γ γ -->
n
(
q
)
=
lim
N
→ → -->
∞ ∞ -->
{
(
∑ ∑ -->
k
=
0
N
ln
n
-->
(
k
+
q
)
k
+
q
)
− − -->
ln
n
+
1
-->
(
N
+
q
)
n
+
1
}
,
n
∈ ∈ -->
N
{\displaystyle \gamma _{n}(q)=\lim _{N\to \infty }\left\{\left(\sum _{k=0}^{N}{\frac {\ln ^{n}(k+q)}{k+q}}\right)-{\frac {\ln ^{n+1}(N+q)}{n+1}}\right\},\qquad n\in \mathbb {N} }
[ 3]
sont les « constantes de Stieltjes généralisées » (les constantes de Stieltjes usuelles
γ γ -->
n
(
1
)
{\displaystyle \gamma _{n}(1)}
correspondent à la fonction zêta de Riemann).
La généralisation correspondante de la formule de Jensen -Franel est la formule de Hermite [ 4] :
γ γ -->
n
(
q
)
=
(
1
2
q
− − -->
ln
-->
q
n
+
1
)
ln
n
-->
q
− − -->
i
∫ ∫ -->
0
∞ ∞ -->
d
x
e
2
π π -->
x
− − -->
1
{
ln
n
-->
(
q
− − -->
i
x
)
q
− − -->
i
x
− − -->
ln
n
-->
(
q
+
i
x
)
q
+
i
x
}
{\displaystyle \gamma _{n}(q)=\left({\frac {1}{2q}}-{\frac {\ln q}{n+1}}\right)\ln ^{n}q-\mathrm {i} \int _{0}^{\infty }{\frac {\mathrm {d} x}{\operatorname {e} ^{2\pi x}-1}}\left\{{\frac {\ln ^{n}(q-\mathrm {i} x)}{q-\mathrm {i} x}}-{\frac {\ln ^{n}(q+\mathrm {i} x)}{q+\mathrm {i} x}}\right\}}
.
La constante d'indice 0 est l'opposée de la fonction digamma [ 4] :
γ γ -->
0
(
q
)
=
− − -->
ψ ψ -->
(
q
)
=
− − -->
Γ Γ -->
′
(
q
)
Γ Γ -->
(
q
)
{\displaystyle \gamma _{0}(q)=-\psi (q)=-{\frac {\Gamma '(q)}{\Gamma (q)}}}
.
La formule de Hurwitz[ 3] , [ 5] est le théorème suivant, valide pour 0 < q < 1 et Re(s ) > 0 , ainsi que pour q = 1 et Re(s ) > 1 :
ζ ζ -->
(
1
− − -->
s
,
q
)
=
Γ Γ -->
(
s
)
(
2
π π -->
)
s
[
e
− − -->
i
π π -->
s
/
2
F
(
q
,
s
)
+
e
i
π π -->
s
/
2
F
(
− − -->
q
,
s
)
]
{\displaystyle \zeta (1-s,q)={\frac {\Gamma (s)}{(2\pi )^{s}}}\left[{\rm {e}}^{-{\rm {i}}\pi s/2}F(q,s)+{\rm {e}}^{{\rm {i}}\pi s/2}F(-q,s)\right]}
où
F
(
q
,
s
)
:=
∑ ∑ -->
k
=
1
∞ ∞ -->
exp
-->
(
2
π π -->
i
k
q
)
k
s
=
Li
s
(
e
2
π π -->
i
q
)
{\displaystyle F(q,s):=\sum _{k=1}^{\infty }{\frac {\exp(2\pi {\rm {i}}kq)}{k^{s}}}={\mbox{Li}}_{s}({\rm {e}}^{2\pi {\rm {i}}q})}
,
Lis étant la fonction polylogarithme .
Équation fonctionnelle
L'équation fonctionnelle relie les valeurs de la fonction zêta sur le côté gauche — et droit — du plan complexe. Pour les nombres entiers
1
≤ ≤ -->
m
≤ ≤ -->
n
,
{\displaystyle 1\leq m\leq n,}
ζ ζ -->
(
1
− − -->
s
,
m
n
)
=
2
Γ Γ -->
(
s
)
(
2
π π -->
n
)
s
∑ ∑ -->
k
=
1
n
cos
-->
(
π π -->
s
2
− − -->
2
π π -->
k
m
n
)
ζ ζ -->
(
s
,
k
n
)
{\displaystyle \zeta \left(1-s,{\frac {m}{n}}\right)={\frac {2\Gamma (s)}{(2\pi n)^{s}}}\sum _{k=1}^{n}\cos \left({\frac {\pi s}{2}}-{\frac {2\pi km}{n}}\right)\;\zeta \left(s,{\frac {k}{n}}\right)}
reste valable pour toutes les valeurs de s .
Développement en série de Taylor
La dérivée partielle de la fonction zêta est une suite de Sheffer :
∂ ∂ -->
∂ ∂ -->
q
ζ ζ -->
(
s
,
q
)
=
− − -->
s
ζ ζ -->
(
s
+
1
,
q
)
{\displaystyle {\frac {\partial }{\partial q}}\zeta (s,q)=-s\zeta (s+1,q)}
.
Ainsi, la série de Taylor peut être écrite comme suit :
ζ ζ -->
(
s
,
x
+
y
)
=
∑ ∑ -->
k
=
0
∞ ∞ -->
y
k
k
!
∂ ∂ -->
k
∂ ∂ -->
x
k
ζ ζ -->
(
s
,
x
)
=
∑ ∑ -->
k
=
0
∞ ∞ -->
(
s
+
k
− − -->
1
s
− − -->
1
)
(
− − -->
y
)
k
ζ ζ -->
(
s
+
k
,
x
)
{\displaystyle \zeta (s,x+y)=\sum _{k=0}^{\infty }{\frac {y^{k}}{k!}}{\frac {\partial ^{k}}{\partial x^{k}}}\zeta (s,x)=\sum _{k=0}^{\infty }{s+k-1 \choose s-1}(-y)^{k}\zeta (s+k,x)}
.
La transformée de Fourier discrète de la fonction zêta de Hurwitz par rapport à l'ordre s est la fonction chi de Legendre .
Relation avec les polynômes de Bernoulli
Puisque, avec la notion F introduite ci-dessus , la série de Fourier des polynômes de Bernoulli est (pour
0
<
x
<
1
{\displaystyle 0<x<1}
et
n
∈ ∈ -->
N
∗ ∗ -->
{\displaystyle n\in \mathbb {N} ^{*}}
) :
B
n
(
x
)
=
− − -->
n
Γ Γ -->
(
n
)
(
2
π π -->
)
n
(
(
− − -->
i
)
n
F
(
x
,
n
)
+
i
n
F
(
− − -->
x
,
n
)
)
{\displaystyle B_{n}(x)=-n{\frac {\Gamma (n)}{(2\pi )^{n}}}\left((-\mathrm {i} )^{n}F(x,n)+\mathrm {i} ^{n}F(-x,n)\right)}
,
la formule de Hurwitz donne (pour 0 < x < 1 et
n
∈ ∈ -->
N
{\displaystyle n\in \mathbb {N} }
) :
ζ ζ -->
(
− − -->
n
,
x
)
=
− − -->
B
n
+
1
(
x
)
n
+
1
{\displaystyle \zeta (-n,x)=-{B_{n+1}(x) \over n+1}}
[ 6] .
Relation avec les fonctions L de Dirichlet
En fixant un entier Q ≥ 1 , les fonctions L de Dirichlet pour les caractères modulo Q sont des combinaisons linéaires de ζ(s ,q ) où q = k /Q et k = 1, 2, ..., Q .
Plus précisément, soit χ un caractère de Dirichlet mod Q . La fonction L de Dirichlet associée s'écrit :
L
(
s
,
χ χ -->
)
=
∑ ∑ -->
n
=
1
∞ ∞ -->
χ χ -->
(
n
)
n
s
=
1
Q
s
∑ ∑ -->
k
=
1
Q
χ χ -->
(
k
)
ζ ζ -->
(
s
,
k
Q
)
{\displaystyle L(s,\chi )=\sum _{n=1}^{\infty }{\frac {\chi (n)}{n^{s}}}={\frac {1}{Q^{s}}}\sum _{k=1}^{Q}\chi (k)\;\zeta \left(s,{\frac {k}{Q}}\right)}
.
Par inversion de Plancherel , on en déduit, pour toute fraction irréductible
k
/
Q
∈ ∈ -->
]
0
,
1
]
{\displaystyle k/Q\in \left]0,1\right]}
:
ζ ζ -->
(
s
,
k
Q
)
=
Q
s
φ φ -->
(
Q
)
∑ ∑ -->
χ χ -->
χ χ -->
¯ ¯ -->
(
k
)
L
(
s
,
χ χ -->
)
{\displaystyle \zeta \left(s,{\frac {k}{Q}}\right)={\frac {Q^{s}}{\varphi (Q)}}\sum _{\chi }{\overline {\chi }}(k)L(s,\chi )}
,
la somme portant sur tous les caractères de Dirichlet mod Q .
Relation avec la fonction polygamma
La fonction zêta de Hurwitz généralise la fonction polygamma :
ψ ψ -->
(
m
)
(
z
)
=
(
− − -->
1
)
m
+
1
m
!
ζ ζ -->
(
m
+
1
,
z
)
{\displaystyle \psi ^{(m)}(z)=(-1)^{m+1}m!\zeta (m+1,z)}
.
Relation avec la fonction transcendante de Lerch
La fonction transcendante de Lerch généralise la fonction zêta de Hurwitz :
Φ Φ -->
(
z
,
s
,
q
)
=
∑ ∑ -->
k
=
0
∞ ∞ -->
z
k
(
k
+
q
)
s
{\displaystyle \Phi (z,s,q)=\sum _{k=0}^{\infty }{\frac {z^{k}}{(k+q)^{s}}}}
et ainsi
ζ ζ -->
(
s
,
q
)
=
Φ Φ -->
(
1
,
s
,
q
)
{\displaystyle \zeta (s,q)=\Phi (1,s,q)}
.
Relation avec la fonction thêta de Jacobi
Si
ϑ ϑ -->
(
z
,
τ τ -->
)
{\displaystyle \vartheta (z,\tau )}
est la fonction thêta de Jacobi, alors
∫ ∫ -->
0
∞ ∞ -->
[
ϑ ϑ -->
(
z
,
i
t
)
− − -->
1
]
t
s
/
2
d
t
t
=
π π -->
− − -->
(
1
− − -->
s
)
/
2
Γ Γ -->
(
1
− − -->
s
2
)
[
ζ ζ -->
(
1
− − -->
s
,
z
)
+
ζ ζ -->
(
1
− − -->
s
,
1
− − -->
z
)
]
{\displaystyle \int _{0}^{\infty }\left[\vartheta (z,{\rm {i}}t)-1\right]t^{s/2}{\frac {\mathrm {d} t}{t}}=\pi ^{-(1-s)/2}\Gamma \left({\frac {1-s}{2}}\right)\left[\zeta (1-s,z)+\zeta (1-s,1-z)\right]}
reste valable pour Re s > 0 et z complexe non entier .
Pour z = n un entier, ceci se simplifie en
∫ ∫ -->
0
∞ ∞ -->
[
ϑ ϑ -->
(
n
,
i
t
)
− − -->
1
]
t
s
/
2
d
t
t
=
2
π π -->
− − -->
(
1
− − -->
s
)
/
2
Γ Γ -->
(
1
− − -->
s
2
)
ζ ζ -->
(
1
− − -->
s
)
=
2
π π -->
− − -->
s
/
2
Γ Γ -->
(
s
2
)
ζ ζ -->
(
s
)
{\displaystyle \int _{0}^{\infty }\left[\vartheta (n,{\rm {i}}t)-1\right]t^{s/2}{\frac {{\rm {d}}t}{t}}=2\ \pi ^{-(1-s)/2}\ \Gamma \left({\frac {1-s}{2}}\right)\zeta (1-s)=2\ \pi ^{-s/2}\ \Gamma \left({\frac {s}{2}}\right)\zeta (s)}
où ζ est la fonction zêta de Riemann. Cette distinction selon l'intégralité de z rend compte du fait que la fonction thêta de Jacobi converge vers la fonction δ de Dirac pour z lorsque t → 0 .
Applications
La fonction zêta de Hurwitz apparaît principalement en théorie des nombres , mais aussi dans les statistiques appliquées ; voir la loi de Zipf et la loi de Zipf-Mandelbrot (en) .
Références
↑ Voir par exemple cet exercice corrigé sur Wikiversité .
↑ Voir par exemple Apostol 1976 , p. 255, ou cet exercice corrigé sur Wikiversité .
↑ a et b (en) Bruce C. Berndt , « On the Hurwitz zeta-function », Rocky Mountain J. Math. , vol. 2, no 1, 1972 , p. 151-158 (lire en ligne ) .
↑ a et b (en) Iaroslav V. Blagouchine, « A theorem for the closed-form evaluation of the first generalized Stieltjes constant at rational arguments and some related summations », J. Number Theory , vol. 148, 2015 , p. 537-592 (arXiv 1401.3724 )
.
↑ Apostol 1976 , p. 257-259.
↑ Voir par exemple Apostol 1976 , p. 264, ou cet exercice corrigé sur Wikiversité .
Voir aussi
Article connexe
Opérateur de Gauss-Kuzmin-Wirsing
Bibliographie
(en) Tom M. Apostol , Introduction to Analytic Number Theory , Springer , 1976 (lire en ligne ) , chap. 12
(en) Milton Abramowitz et Irene Stegun , Handbook of Mathematical Functions with Formulas, Graphs, and Mathematical Tables [détail de l’édition ] (lire en ligne ) , § 6.4.10
(en) Djurdje Cvijovic et Jacek Klinowski, « Values of the Legendre chi and Hurwitz zeta functions at rational arguments », Math. Comp. , vol. 68, 1999 , p. 1623-1630 (lire en ligne )
Lien externe
(en) Eric W. Weisstein , « Hurwitz Zeta Function », sur MathWorld