Felipe Alaiz étudie à Lérida, Huesca et Saragosse. Il dirige pendant deux ans La Revista de Aragón (Saragosse, 1914). Très jeune, Felipe Alaiz se consacre au journalisme militant, activité qu'il exercera toute sa vie. Il est professeur de littérature au Liceo Escolar de Lérida, centre pédagogique d'avant-garde fondé par Federico Godàs Legido. Dans ce centre d'enseignement, il rencontre d'autres jeunes enseignants comme Joaquín Maurín et Víctor Colomer.
Il découvre la bohème littéraire madrilène et rencontre Pío Baroja et Eugenio d'Ors. Il prend sans doute contact avec la mouvance libertaire à Tarragone. Peu après, il s'établit à Barcelone où il co-dirige la Revista Nueva et écrit en prison le roman Quinet.
En 1931, avec Ramón Acín Aquilué, il est l’auteur d’un projet de Musée du Travail consacré à la vie populaire du peuple aragonais[5]. Il défend alors des positions « anti-artistiques »[6].
Il écrit des romans (Quinet, María se me fuga de la novela), des critiques littéraires et artistiques (El arte de escribir sin arte ("L'art d'écrire sans art", essai contre l'hypocrisie de la littérature bourgeoise), Tipos españoles, Arte Accesible, Lord Byron y su influencia en el romanticismo español) et traduit en espagnol Upton Sinclair, John Dos Passos et HG Wells.
Malgré sa vaste culture et son talent littéraire, il fuit les cercles distingués préférant la fréquentation des gens humbles.
En raison de ses prises de position anarchistes, il est fréquemment incarcéré et doit souvent payer des amendes. Il parvient à s'exiler en France de façon miraculeuse en 1939, après la victoire de Franco à la fin de la Guerre civile espagnole. Il publie un livre contre Staline en 1948.
Il passe les vingt dernières années de sa vie en France où il est « l'une des plumes les plus brillantes de l'exil libertaire espagnol »[13]. Il meurt dans le dénuement à Montmartre en 1959.
L'art d'écrire sans art
Publié dans les années 1930, El arte de escribir sin arte exprime une conception de la littérature qui mise sur une forme d'écriture et de lecture éloignée des us et coutumes bourgeois qui ne se préoccupent que de leurs intérêts et de leur monde. Alaiz rejette les préciosités et pirouettes de style qui ont pour fonction de masquer la vérité. « Ce n'est pas l'homme qui doit parler comme un livre ouvert mais le livre qui doit parler comme un homme », dit Alaiz. Dans sa préface de 2012, le romancier Javier Cercas approuve Alaiz : « Sa conception du style est fondamentalement exacte... il n'oublie pas que ce qui sonne comme de la littérature n'est jamais de la littérature... car le style véritable frôle presque toujours l'absence de style. »
↑« Felipe Alaíz (1887-1959), une des plumes les plus brillantes du mouvement libertaire espagnol », Paolo Gobetti, Un entretien avec José Peirats (juin 1976), À contretemps, n° 25, janvier 2007, note 10.
↑(es) Manuel Sánchez Oms, Pedagogía y positivismo - Ramón Acín, Ricardo Compairé y la fotografía, AACADigital, Revista de la Asociación Aragonesa de Críticos de Arte, n°10, 2010, lire en ligne.
↑Jean-Pierre Barou, La guerre d'Espagne ne fait que commencer, Seuil, 2015, page 105.
↑François Godicheau, La Guerre d'Espagne : République et révolution en Catalogne (1936-1939), Éditions Odile Jacob, 2004, page 159.
↑(es) Rocío Navarro Comas, Las colectividades agrarias en los folletos anarquistas de la guerra civil española, Hispania Nova, Revista de historia contemporánea, n°1, 1998-2000, lire en ligne.
↑(ca) Eulàlia Vega, La CNT a Catalunya entre revolució i reforma (1930-1936), Butlletí de la Societat Catalana d’Estudis Històrics, 2004, page 161.
↑Abel Paz, Durruti, un anarchiste espagnol. Biographie. Éditions Quai Voltaire, 1993, page 58.
↑César M. Lorenzo, Les anarchistes espagnols et le pouvoir (1868-1969), Le Seuil, Paris, 1969, page 64.
(es) Vicente Galindo Cortes, El periodismo independiente y libertario de Felipe Alaiz, Asociación Isaac Puente, Vitoria, 1990.
(ca) Ferran Aisa, El Liceu Escolar de Lleida (1906-1937), Editorial Fonoll, Juneda, 2013.
Articles
(en) Susanna Tavera i Garcia, An example of anarchism and journalism in the Catalonia of the´30s, Annals del Periodisme Català, 1989, lire en ligne.
(ca) Susanna Tavera i Garcia, « Cómo se hace un diario » de Felipe Alaiz, Annals del Periodisme Català, 1989, lire en ligne.
(en) Richard Cleminson1, Felipe Alaiz, Iberian Federalism and the Making of the Anarchist Intellectual, Social and Education History, juin 2012, DOI10.4471/hse.2012.10, lire en ligne.
(ca) Ferran Aisa, Felipe Alaiz escriptor anarquista, Catalunya, no 158, février 2014, lire en ligne.