Eugène était le fils du prince Louis-Eugène de Ligne (1766-1813) et de Louise van der Noot de Duras (remariée au comte Charles d'Oultremont). À la suite de la mort de son grand-père Charles-Joseph en 1814, son père et son oncle ayant précédé celui-ci dans la mort, le prince Eugène devint le chef de la Maison de Ligne et se retrouva à la tête d'un vaste patrimoine foncier (6 000 hectares en Belgique).
Lors de la révolution belge de 1830, il fit partie des notables partis à Vilvorde tenter de convaincre le prince Guillaume de ne pas entrer avec ses troupes dans Bruxelles. Ce fut en vain. Le prince de Ligne regagna ensuite son domaine de Belœil. Il fut proposé au trône royal de Belgique en 1831[1], et refusa la lieutenance générale du futur royaume qu’une délégation du Congrès national venait lui proposer.
Qu'il ne fût pas en sympathie avec les fondateurs de la Belgique, il le démontra clairement en 1834. Avec d'autres orangistes notables, parmi lesquels son beau-père Georges de Trazegnies, il souscrivit parmi les donateurs pour le rachat des chevaux du haras de Tervuren qui avaient appartenu au prince d'Orange, afin de les lui offrir. La colère populaire à l'encontre d'un tel geste se manifesta par la mise à sac de sa résidence bruxelloise. En guise de protestation, Ligne se retira à Vienne.
Ce n'est qu'en 1837 que le prince Eugène se réconcilia avec la Belgique. Le roi Léopold Ier lui en sut gré et le nomma immédiatement représentant belge au couronnement de la reine Victoria à Londres en 1838. Et un mois plus tard, il devient le premier Belge à recevoir le grand cordon de l'Ordre de Léopold.
Carrière diplomatique et politique
Le prince Eugène mena ensuite une brillante carrière diplomatique et politique. De 1842 au renversement du roi Louis-Philippe Ier en 1848, il fut ambassadeur à Paris, poste que seul un personnage aussi fortuné que lui pouvait remplir sans problèmes financiers. À cette époque, la carrière diplomatique nécessitait une vie mondaine très active, très représentative et très coûteuse pour lesquels les Etats ne défrayaient pas leurs représentants.
De retour en Belgique en 1848, le prince Eugène fut élu sénateur par l'arrondissement d'Ath. Il allait être président du Sénat belge pendant 27 ans, de 1852 à 1879. Ce record n'a jamais été égalé et fait de lui le doyen des présidents de la Haute Assemblée.
En 1856, le prince de Ligne représenta le roi des Belges au couronnement du tsar Alexandre II à Moscou. En 1863, le roi Léopold Ier lui octroya le titre honorifique de ministre d'État. Il fut également chevalier de l'ordre de la Toison d'or et président de la Société centrale belge d'agriculture.
Outre son domaine de Belœil, il disposait dans la capitale belge d'un hôtel, ancien hôtel du comte de Lannoy, situé en face du parc royal de Bruxelles, au croisement de la rue Royale et de la rue des Colonies. Le prince y donnait régulièrement réceptions et bals. En tournée en Belgique avec son orchestre de Vienne, Johann Strauss y joua des valses pour les invités d'un bal organisé par le prince de Ligne.
Durant sa carrière politique, le prince Eugène resta un des plus fermes soutiens du libéralisme constitutionnel. Mais ce libéralisme devenant de plus en plus anticlérical, il refusa de suivre son parti dans cette voie. En 1879, il vota contre la loi scolaire sur l'enseignement primaire et renonça à la présidence du Sénat et à son mandat de sénateur.
Décès
Il mourut en 1880, à l'âge de 76 ans, à Bruxelles. Il repose à Belœil. Lors de son décès, le prince Eugène était un des hommes les plus riches de Belgique. Sa fortune fut partagée entre les enfants et petits-enfants de ses trois mariages successifs. Son petit-fils Louis, 9e prince de Ligne, reçut le domaine de Belœil. Son fils cadet Charles obtint le château et les terres d’Antoing.
Les descendants d'Eugène de Ligne « sont autorisés à continuer à porter le prédicat d'Altesse dont il a été fait usage pour leur Maison depuis le XVIIIe siècle » ;
Article II : Le prince Louis-Ernest-Henri-Lamoral de Ligne est autorisé à continuer à porter le titre de prince d'Amblise et d'Épinoy. Ce titre est transmissible par ordre de primogéniture masculine dans la descendance directe et légitime de son aïeul le prince Eugène-François-Charles-Lamoral de Ligne[2][réf. à confirmer]
Charles Joseph Eugène Henri Georges Lamoral ( - Bruxelles - Bruxelles), marié, le à Paris, avec Charlotte de Gontaut-Biron (, La Chapelle-sur-Oudon - , Bruxelles), fille de Étienne Charles de Gontaut (1818 - 1871), marquis de Biron, dont :
Marie Georgine Sophie Hedwige de Ligne (Bruxelles 19 avril 1843 - Paris 3 mars 1898), mariée à Beloeil le 8 juillet 1862 avec Sosthène II de La Rochefoucauld (1825 † 1908), 13e marquis de Surgères, 10educ de Bisaccia (1851 - Deux-Siciles), 4e duc de Doudeauville (1887), ambassadeur, député de la Sarthe (1871-1898), président du Jockey Club de Paris, dont postérité (Famille La Rochefoucauld-Doudeauville
Annexes
Bibliographie
Alphonse Wauters, La famille de Ligne, in Biographie nationale de Belgique, Tome XII, Bruxelles, 1892-93, col. 141-143
Albert de Ligne, Le prince Eugène de Ligne, 1895-1880, 1940
Antoine de Ligne, prince Eugène de Ligne, in Biographie belge d'outre-mer, 1973, col. 331-332