La notion d'ensemble rationnel étend la notion de langage rationnel ou régulier en tant qu'ensemble défini par une expression régulière à des monoïdes qui ne sont pas nécessairement libres.
Définition
Soit un monoïde avec élément neutre. L'ensemble des sous-ensembles rationnels ou parties rationnelles de est la plus petite famille de parties de contenant les parties finie et fermé sous les opérations suivantes :
où est le singleton contenant l'élément d'identité, et .
En d'autres termes, tout sous-ensemble rationnel de est obtenu en prenant un nombre fini de sous-ensembles finis de et en appliquant les opérations d'union, de produit et d'étoile de Kleene un nombre fini de fois.
En général, un sous-ensemble rationnel d'un monoïde n'est pas un sous-monoïde.
Exemples
Soit un alphabet. L'ensemble de mots sur est un monoïde pour la concaténation. Les sous-ensembles rationnels de sont exactement les langages réguliers sur l'alphabet . En effet, les langages réguliers peuvent être définis par une expression régulière.
Un théorème dû à McKnight[2] stipule que si est un monoïde finiment engendré, alors ses sous-ensembles reconnaissables sont des ensembles rationnels. Cet énoncé n'est pas vrai en général, car l'ensemble tout entier est toujours reconnaissable mais il n'est pas rationnel si n'est pas finiment engendré.
Les ensembles rationnels sont fermés par morphisme : étant donné et deux monoïdes et un morphisme morphisme, si alors .
La famille n'est pas fermée par complémentation comme le montre l'exemple suivant[1] : Soient ; les ensembles et sont rationnels mais leur intersection ne l'est pas parce que sa projection sur le deuxième élément n'est pas un langage rationnel.
L'intersection d'un sous-ensemble rationnel et d'un sous-ensemble reconnaissable est en revanche un ensemble rationnel.
Relations rationnelles et fonctions rationnelles
Une relation binaire entre les monoïdes M et N est une relation rationnelle si le graphe de la relation, considéré comme un sous-ensemble de M × N est un ensemble rationnel dans le monoïde produit. Une fonction de M à N est une fonction rationnelle si le graphe de la fonction est un ensemble rationnel[3]
Parties rationnelles de groupes
Les parties rationnelles de groupes ont fait l'objet de nombreuses études. Une synthèse est présentée dans
(Cadilhac, Chistikov et Zetzsche 2020). Parmi les résultats les plus anciens, il y a :
Un sous-groupe d'un groupe est une partie reconnaissable de si et seulement s'il est d'index fini.
Un sous-groupe d'un groupe est une partie rationnelle de si et seulement s'il est finiment engendré.
Si lui-même est finiment engendré, le théorème de McKnight cité plus haut implique que tout sous-groupe d'index fini est finiment engendré, un résultat habituellement attribué à Howson[4]
↑J. D. McKnight, « Kleene’s quotient theorem, Pacific J. Math, vol 14 (1964) 1343-1352. », Pacific J. Math, vol. 14, , p. 1343-1352 (MR180612).
↑Michael Hoffmann, Dietrich Kuske, Friedrich Otto et Richard M. Thomas, Semigroups, algorithms, automata and languages. Proceedings of workshops held at the International Centre of Mathematics, CIM, Coimbra, Portugal, May, June and July 2001, Singapore, World Scientific, , 379–406 p. (zbMATH1031.20047), « Some relatives of automatic and hyperbolic groups ».
↑John Meakin, Groups St Andrews 2005 Volume 2, Cambridge University Press, (ISBN978-0-521-69470-4), « Groups and semigroups: connections and contrasts », p. 376preprint.
Bibliographie
Volker Diekert, Manfred Kufleitner, Gerhard Rosenberg et Ulrich Hertrampf, Discrete Algebraic Methods, Berlin/Boston, Walter de Gruyther GmbH, (ISBN978-3-11-041332-8), « Chapter 7: Automata »
Michaël Cadilhac, Dmitry Chistikov et Georg Zetzsche, « Rational Subsets of Baumslag-Solitar Groups », dans Artur Czumaj Anuj Dawar Emanuela Merelli (éditeurs), Actes de ICALP 2020, Schloss Dagstuhl - Leibniz-Zentrum für Informatik, coll. « LIPIcs » (no 168), (DOI10.4230/LIPIcs.ICALP.2020.116, arXiv2006.11898 (version détaillée), lire en ligne), p. 116:1-116:16