Enguerrand d'Eudin est un chevalier picard, issu de la petite noblesse des confins du Ponthieu et du Boulonnais[1]. Seigneur d'Eudin et de Frencq[2], il serait le fils de Wales d'Eudin, bailli de Fiennes et de Mahaut d'Hodicq, dame de Frecq, fille de Huon d'Hodicq et de Marie de Renty[3],[2] mais cette filiation n'est pas prouvée[4]. Sans pouvoir le situer précisément, on trouve une trace du nom de famille d'Eudin à Frencq[5].
Il est nommé capitaine de Loches le et organise des travaux de remise en état des fortifications, du pont-levis et du donjon fort en 1358-1359[9],[10],[11]. Il reprend aux routiers anglo-navarrais l'abbaye de Beaulieu-lès-Loches mais échoue à combattre efficacement les Anglais[12]. Pierre de Palluau, seigneur de Montrésor, l'accuse en 1364 devant le Conseil du roi de maltraiter la population; d'être cupide et peu enclin à défendre les intérêts du roi[13]. Enguerrand d'Eudin est remplacé à Loches en par Jean d'Azay[14],[13],[15] mais le Parlement rend en novembre un arrêt qui lui est favorable[16].
Enguerrand d'Eudin combat probablement à la bataille de Cocherel en 1364. Selon la Chanson de Bertrand du Guesclin, il parvient échapper aux ennemis qui le poursuivent en traversant la Seine à cheval et rejoint ainsi les troupes de Bertrand du Guesclin[17],[15].
En 1372, il est nommé gouverneur et sénéchal du Ponthieu et capitaine du Crotoy[21],[20],[15]. Il porte les titres de chevalier, conseiller et chambellan du roi. Il joue un rôle important dans l'armée royale[15]. En mars 1375, Il participe aux côtés de grands seigneurs, aux négociations avec les Anglais qui aboutissent à la signature de la trêve de Bruges[22]. Il reçoit la châtellenie de Rozoy en Thiérache, prise à Pierre de Craon banni du royaume[23].
À partir de 1379, Enguerrand d'Eudin fait partie des proches de Louis Ier d'Anjou[24],[15]. À la fin de l'année 1379, alors que Louis d'Anjou est lieutenant du roi en Languedoc, Enguerrand d'Eudin est nommé sénéchal de Beaucaire[21],[25],[15] et envoyé mater une révolte à Montpellier[25],[15]. Dans la sénéchaussée de Beaucaire, il réprime la révolte des Tuchins en 1382-1383[26],[27]. Il participe activement à la guerre de l’Union d'Aix entre d'une part les villes qui soutiennent Charles de Duras et d'autre part Louis Ier d’Anjou puis sa veuve Marie de Blois[28],[15]. En 1383-1385, il occupe différentes places de Provence en leur nom mais aussi pour son propre compte. Des rumeurs l'accusent de vouloir les garder. Finalement, il négocie avec Marie de Blois des indemnités pour lui rendre ces villes[28],[29],[30],[31],[8].
À la fin de l'année 1385, Enguerrand d'Eudin est nommé gouverneur du Dauphiné[32],[33],[15]. Il l'administre efficacement jusqu’à sa mort, sauf deux courts moments en 1386. En , il est envoyé à Milan négocier le mariage de Louis Ier d'Orléans et de Valentine Visconti[34] et en septembre de la même année il reprend la capitainerie du Crotoy, quand le roi de France prépare un débarquement en Angleterre[35],[15]. En 1387-1388, il organise la défense du Dauphiné contre les troupes de Jean III d'Armagnac[35],[36],[37].
Malade, Enguerrand d'Eudin fait rédiger son testament à l'Hôtel-Dieu de Paris le et un codicille le [38],[39]. Il lègue notamment aux Célestins d'Amiens, établissement à fonder, la terre d'Ergnies en Ponthieu et 3 000 francs[40].
Il meurt le [21],[15]. Il est enterré dans l’église de Frencq[41],[39],[15], comme les autres membres de sa famille[15]. Il ne reste plus de trace de sa sépulture dans l'église de Frencq, sauf un gisant qui a été déplacé à divers endroits dans l'église et redressé[42],[43]. Un mausolée lui est aussi consacré dans une chapelle de la collégiale Saint-André de Grenoble[43],[15]. Son cœur est enseveli dans l'église des Célestins d'Amiens[44].
Enguerrand d'Eudin et Jeanne de Châteauvillain ont une fille unique, Jeanne d'Eudin, mariée en 1377 à Louis d'Abbeville seigneur de Boubers, Domvast et Beaumetz-lès-Cambrai[47].
Héraldique
Enguerrand d'Eudin porte les armoiries suivantes : D'azur à l'aigle éployée d'argent membrée d'or[3].
↑ a et bGermain Butaud, « Les mercenaires et les routiers actifs durant la guerre civile de Provence (1383-1388) », dans Guilhem Pépin (dir.), Routiers et mercenaires pendant la guerre de Cent ans : Hommage à Jonathan Sumption, Ausonius Éditions, coll. « Scripta Mediævalia », (ISBN978-2-35613-574-2, DOI10.4000/books.ausonius.16454, lire en ligne), p. 207–226.
↑Louis Stouff, « Une ville de Provence entre Charles de Duras et les Angevins. L'entrée des Tuchins à Arles le 24 juillet 1384 », dans Rosine Cleyet-Michaud, Geneviève Étienne, Mireille Massot, Maryse Carlin, Sylvie de Galléani, Henri Bresc et Olivier Vernier (dir.), 1388, La Dédition de Nice à la Savoie, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale » (no 22), , 143–157 p. (ISBN979-10-351-0241-8, DOI10.4000/books.psorbonne.25596, lire en ligne).
↑Marcelle-Renée Reynaud, Le Temps des princes : Louis II et Louis III d'Anjou-Provence (1384-1434), Presses universitaires de Lyon, coll. « Collection d’histoire et d’archéologie médiévales » (no 7), (ISBN978-2-7297-1064-4, DOI10.4000/books.pul.18802, lire en ligne), p. 53, 125lieu=Lyon.
↑Nathalie Nicolas, « Les travaux de défense des châteaux delphinaux pendant la guerre de Cent Ans. Étude des réparations d’après les comptes de châtellenies au XIVe siècle », Archéologie médiévale, vol. 30, no 1, , p. 175–198 (DOI10.3406/arcme.2000.1562, lire en ligne, consulté le ).
↑Roger Rodière, « Le tombeau d'Enguerrand d'Eudin (+ 1391) à Frencq », Bulletin de la Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, t. 4, , p. 117-123 (lire en ligne).
Comte de Brandt de Galametz, « Enguerrand d'Eudin gouverneur du Ponthieu et du Dauphiné fondateur des Célestins d'Amiens. Étude historique avec pièces justificatives », Mémoires de la Société d'émulation d'Abbeville, t. 20, , p. 213-257 (lire en ligne).
Pierre Héliot, « Notes sur Enguerrand d'Eudin », Bulletin de la Société académique de l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer, t. 12, 1929-1933, p. 29-33 (lire en ligne).