Actif depuis le début des années 1980, il est découvert par le grand public lorsqu'il succède à Jacques Tardi sur les adaptations en bande dessinée de Nestor Burma, d'après les romans de Léo Malet.
Biographie
Débuts chez Glénat
Emmanuel Moynot est le fils de Jean-Louis Moynot, dirigeant syndicaliste, membre du bureau confédéral de la CGT de 1967 à 1981, et de Geneviève Moynot-Dandres. Il est le frère de Clotilde Moynot et le neveu de Bruno Moynot. Il grandit en région parisienne. Il débute dans la bande dessinée en publiant des récits courts dans des fanzines, en particulier PLG (à partir du no 8 du printemps 1981) et Dommage (no 4 à 7, 1981-82)[1]. Tout en restant fidèle à PLG[2], Moynot cherche rapidement à collaborer avec des éditeurs professionnels : après quelques travaux mal payés pour Elvifrance, il participe ainsi bénévolement de 1982 à 1984 à la revue diffusée en kiosque Viper[3]. Puis, sur les conseils d'Henri Filippini, rédacteur en chef du mensuel Circus, propose une bande dessinée policière à Glénat, qui l'accepte : ce premier album, L'Enfer du jour, paraît en novembre 1983[4],[5].
Dans les années suivantes, Moynot continue à travailler pour Glénat : il signe plusieurs histoires courtes, souvent liées à la guerre d'Indochine, dans des hors-séries de Circus (onze entre 1984 et 1987) et dessine un diptyque sur la Seconde Guerre mondiale écrit par Michel Schetter, Yerushalaïm, prépublié dans le mensuel Vécu (1985-1986)[4]. Si Moynot n'apprécie pas ce travail de commande (le projet avait été refusé par Alain Mounier) qui le force à dessiner des avions, cela lui permet de vivre de la bande dessinée à plein temps[5]. Cependant, lorsque Moynot indique à Filippini qu'il désire un droit de regard sur le troisième tome, Schetter met fin à leur collaboration, et Moynot quitte Glénat face au refus d'éditeur ses récits courts parus dans Circus[5]. Moynot, insatisfait du dessin réaliste qu'il s'imposait chez Glénat, cherche alors à développer un projet plus personnel[5].
Pensant que ses trois albums lui ouvriront des portes, Moynot démarche ensuite les éditeurs avec le recueil d'histoires courtes La Pension des Deux-Roses. Essuyant des échecs répétés, il travaille durant deux ans uniquement pour la communication tout en s'occupant de sa fille et se mettant à la musique[5]. Puis il retravaille son projet d'album, finalement publié en 1989 par la maison d'édition belge Magic Strip, alors en déclin[5]. Moynot, qui adopte alors un dessin semi-réaliste à la Tardi, doit cependant continuer les travaux alimentaires, dans la publicité ou en collaborant à des revues comme I Love English (1990-93) et Je bouquine (1990-91)[1],[3].
Passage à des projets plus personnels
Moynot présente ensuite à Dargaud, qui venait de voir partir nombre de ses auteurs les plus rentables et cherchait de nouvelles séries, Le Temps des bombes, un triptyque sur l'anarchisme que le nouveau directeur littéraire Didier Christmann accepte face à la détermination de Moynot[6]. Si Moynot réalise avec la coloriste Johanna Schipper les deux premiers albums en 1992 et 1993, il sollicite le scénariste Dieter, dont il avait apprécie le travail sur Julien Boisvert, pour l'aider à achever le troisième volume, paru en 1994[6]. Cette collaboration s'avérant fructueuse, les deux hommes signent ensuite Qu'elle crève la charogne chez Vents d'Ouest (1995) et Bonne fête, maman ! dans la revue Gotham (1996, recueilli en album par Casterman en 1998), deux ouvrages évoquant la vie urbaine quotidienne contemporaine[7]. Dargaud accepte également de publier une version redessinée et augmentée de L'Enfer du jour en 1995, travail qui permet à Emmanuel Moynot de reprendre un album dont il appréciait le scénario mais dont le dessin l'embarrassait[8].
Dieter et Moynot lancent encore chez Dargaud en 1997 la série conceptuelle Nord-Sud, dont chaque album est une enquête policière indépendante se déroulant dans une ville différente du globe[9]. L'expérience est cependant interrompue après deux tome et c'est Delcourt qui publie leur projet suivant : Vieux Fou ! (1999 à 2001) autour du personnage de Javier, un ancien de la lutte contre le franquisme, kidnappant un enfant pour payer ses vieux jours. Parallèlement à cette collaboration, Moynot, qui désire ne pas être catalogué comme auteur de bande dessinée policière et historique, se remet à travailler seul en 1997 sur deux projets d'albums concrétisés en 1999 : l'histoire intimiste Pendant que tu dors, mon amour chez Casterman et le court récit humoristique Y5/P5, une merveilleuse histoire d'amour chez PMJ éditions[10].
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Reprise de Nestor Burma et succès public
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Autres activités
Parallèlement à sa carrière d'auteur et de scénariste de bande dessinée, il est musicien. Auteur-compositeur, chanteur et guitariste, il chante dans les années 1980 dans le groupe Les Chiens de Dieu, puis dans un autre nommé Bonobo au cours de la décennie suivante[11].
Après avoir habité à Paris, Moynot réside à Bordeaux depuis 2003.
Moynot se considère davantage comme un « auteur de récit » que comme un pur « dessinateur »[a].
L'univers de ses albums est sombre voire fataliste. Attachant une importance aux personnages et aux décors, ses thèmes de prédilection sont « l'erreur » (L'enfer du jour), « la méprise amoureuse » (À quoi tu penses ?, Pendant que tu dors mon amour), la solitude des hommes (Bonne fête Maman !, Monsieur Khol, L'année dernière, L'heure la plus sombre vient toujours avant l'aube) ou la difficulté de la création artistique (Oscar & Monsieur O, Anatomie du désordre) [12].
Il a aussi traité du thème de l'anarchie à travers l'itinéraire du personnage d'Augustin au tournant du XXe siècle dans Le temps des bombes (1992 à 1994).
L'Enfer du jour, Dargaud, coll. « Roman BD », 1995 (ISBN2205044524). Ouvrage de 1983 redessiné et augmenté de trois chapitres. Réédité par Delcourt (coll. « Encrages ») en 2003 (ISBN2840559994).
↑Il affirme : « Je suis pas un dessinateur. J’écris et je dessine pour la bande dessinée. Je suis un auteur de bandes dessinées. » (extrait de « Désirs Noirs » les Univers d’Emmanuel Moynot, film de Jean-Baptiste Béïs, 2008.
↑Québec. Un détroit dans le fleuve (scénario de Philippe Girard) est un album célébrant les 400 ans de la naissance de la ville. L'album est composé de quatre histoires écrites par des scénaristes et des dessinateurs différents (Jimmy Beaulieu (dess) et Émile Bravo (sc), Étienne Davodeau (dess) et Pascal Girard (sc), Emmanuel Moynot (dess) et Philippe Girard (sc) , Jean-Louis Tripp (sc) et Dub (dess))
↑Moynot participe à chaque numéro de PLG jusqu'en 1989 (no 25), continue ensuite à collaborer ponctuellement numéros et fait l'objet d'une longue interview dans le no 33. Morin 1997, p. 15.