Après avoir fait d’excellentes études au collège Charlemagne, Got fut lauréat au concours général[3]. D’abord employé à la préfecture de la Seine, il abandonna l’étude du droit pour l’art dramatique, en entrant, en , au Conservatoire d’art dramatique dans la classe de Provost, où il remporta, en , un second prix de comédie, et en , le premier[4].
Ce double succès dans le même genre lui ouvrait les portes de la Comédie-Française, mais la conscription le réclamant, il fut forcé de partir comme soldat et de servir un an dans un régiment de cavalerie[4]. Il débuta enfin, le , sur la scène des Français et s’y fit, dans les valets, un rôle de maitre[4]. Son jeu fut trouvé naturel, son débit franc, de la verve, sa physionomie expressive et mobile[3]. La presse lui fut généralement favorable, et Jules Janin eut pour le débutant narquois et imperturbable toutes sortes d’égards et de mots gracieux[3]. Got fut aussitôt engagé, et depuis lors se montre toujours comédien spirituel, original, amoureux de son art, soigneux des détails et des nuances, chargeant peut-être un peu parfois, mais rachetant ce défaut par la souplesse et la variété de son talent[3]. Sa verve et son aplomb firent de lui un des comiques les plus vrais et les plus francs qu’ait possédés depuis longtemps la Comédie-Française[5].
Reçu sociétaire en , il se place à côté de Samson, de Provost, de Régnier[3]. Parmi les créations de cet acteur, qui se plut à seconder les essais de la jeune école dramatique[5], on cite les rôles du capitaine Beaudrille dans le Cœur et la Dot ; Tibia des Caprices de Marianne ; de l’abbé, dans Il ne faut jurer de rien ; Francisque des Jeunes gens ; de Spiegel, dans la Pierre de touche ; de Jean le Rieux dans le Duc Job, qui lui dut un succès plus que centenaire[5] ; de Guérin, dans Maitre Guérin ; de Mercadet dans le Faiseur, du major dans la Fin du roman et Sylvain dans la Fiamina. Il a en outre repris avec bonheur la plupart des premiers rôles comiques de l’ancien et du nouveau répertoire, notamment ceux de Sganarelle dans les Fourberies de Scapin, de Trissotin dans les Femmes savantes, de Petit-Jean, de Figaro dans le Mariage de Figaro, d’Hector dans le Joueur, et Bertrand et Raton[3]. Son succès le plus caractéristique a été dans le rôle de Giboyer des deux grandes comédies sociales d’Émile Augier : les Effrontés () et le Fils de Giboyer (1863)[5]. Il s’était, en quelque sorte, incarné dans ce personnage au point de le rappeler involontairement dans des rôles très différents, comme dans celui de Rodolphe de l’Honneur et l’Argent, lors de la reprise de l’œuvre de Ponsard au Théâtre-Français ()[5]. Il joua encore avec beaucoup de bonheur, en 1864, le principal rôle de Maître Guérin, d’Augier[5].
Il a créé, en outre, au Théâtre-Français : De la Porcheraie, dans Moi (), Pierre de Bréville, dans Henriette Maréchal (), Mauvergnat, dans Jean Baudry (), Michel, dans Paul Forestier (), etc[5]. Il faut mentionner à part le rôle d’André Lagarde dans la Contagion, d’Augier, que le sociétaire de la Comédie-Française, par dérogation aux statuts de la Compagnie et grâce à l’autorisation expresse de l’Empereur, alla jouer sur le théâtre de l’Odéon ()[5]. Il organisa ensuite une troupe ambulante et fit faire à la pièce son tour de France[5]. Parmi les reprises du répertoire moderne où il s’est fait remarquer, se place en première ligne celle de Marcadet (), où l’acteur avait à lutter contre le glorieux souvenir de Geoffroy, le créateur du rôle[5]. Depuis , son nom fut mêlé à divers conflits intérieurs de la Comédie-Française, à la suite desquels les journaux ont parlé de démission donnée, de retraite, et de procès intentés par l’acteur à l’administration[5].
En dehors du théâtre, il s’est occupé un peu de littérature ; il a collaboré à quelques pièces et écrit les paroles d’un opéra en un acte, François Villon, représenté sur la scène de l’Opéra, en [5] et le livret de l'opéra d'Edmond Membrée, L'Esclave (1874), en collaboration avec Édouard Foussier.
William Duckett, Dictionnaire de la conversation et de la lecture : inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous, t. 10, Paris, , 2e éd. (lire en ligne), p. 389.
Antoine Laporte, Bibliographie contemporaine, t. 6, Paris, (lire en ligne), p. 114.
Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers, Paris, Hachette, , 4e éd. (lire en ligne), p. 787.
Notes et références
↑Paris, État civil reconstitué, vue 69/101. Nombre de biographies d’époque donnent Got pour né à Lignerolles, car si sa famille est indubitablement originaire du Perche (voir Société historique et archéologique de l’Orne, Bulletin de la Société historique et archéologique de l’Orne, (lire en ligne), p. 150.), l’acte de naissance présent dans son dossier de la légion d’Honneur, Dossier LH/1171/61, « consultable dans la Base Léonore », sur Grance Chancellerie de la Légion d’Honneur (consulté le ) ne laisse aucun doute en ce qui concerne sa naissance dans l'ancien 1er arrondissement parisien.
↑ abcde et fWilliam Duckett, Dictionnaire de la conversation et de la lecture : inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous, t. 10, Paris, , 2e éd. (lire en ligne), p. 389.
↑ ab et cAntoine Laporte, Bibliographie contemporaine, t. 6, Paris, (lire en ligne), p. 114.
↑ abcdefghijk et lGustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers, Paris, Hachette, , 4e éd. (lire en ligne), p. 787.