Après la défaite des travaillistes aux élections générales de 2010, il décide d'en briguer la direction, à l'instar de son frère. Classé plus à gauche que ce dernier, plus critique à l'égard de l'héritage de Tony Blair, il s'impose finalement sur le fil et devient chef de l'opposition à la coalition gouvernementale menée par le conservateur David Cameron. Après la défaite des travaillistes aux élections générales de 2015, il annonce le qu'il démissionne de la direction du Parti travailliste[2]. Jeremy Corbyn lui succède.
Il entame alors une carrière de journaliste de télévision, qu'il abandonne rapidement pour devenir rédacteur de discours et chercheur auprès de Harriet Harman en 1993, puis de Gordon Brown l'année suivante. En 1997, il est nommé conseiller spécial de Brown, désormais chancelier de l'Échiquier, étant en particulier responsable de la rédaction de ses discours.
Il quitte le Royaume-Uni en 2003 et prend une année sabbatique pour étudier puis enseigner au centre d'études européennes de l'université Harvard. Il revient dans son pays en 2004 pour prendre la présidence du comité des conseillers économiques du Trésor royal.
Il a un temps fréquenté Liz Loyd, ancienne directrice adjointe de cabinet de Tony Blair, et partage depuis 2004 la vie de Justine Thornton, une avocate avec laquelle il a deux fils et vit à Londres.
Jeunesse
Pendant sa jeunesse, il a travaillé comme critique de films sur LBC Radio, et a participé à son programme Three O'Clock Reviewers. Il a également été stagiaire auprès de Tony Benn, un travailliste de premier plan, et a aussi été membre entre 1992 et 1996 d'un groupe de musique amateur formé avec deux amis, Squashed Psyche.
Quatre jours plus tard, il fait savoir qu'il brigue la direction du Labour, laissée vacante par la démission de Gordon Brown, imitant ainsi son frère aîné[3]. Ed se situe toutefois plus à gauche que David, qui souhaite maintenir le parti au centre[4]. En outre quatre autres candidats, dont Ed Balls et Andy Burnham, figures de la jeune génération, ont choisi de se présenter à ce scrutin. Le 27 mai, il dispose du soutien de 45 députés, là où 33 parrainages suffisent. Il récolte finalement le soutien de 63 députés, 6 députés européens et 39 fédérations du parti[5], se classant ainsi deuxième en termes de soutiens derrière son frère David.
Leader des travaillistes et chef de l'opposition
Longtemps donné battu par son aîné, il effectue une remontée en fin de campagne[6] et finit par s'imposer d'une courte tête à l'issue du comptage final des voix[7], bien que son frère se soit imposé en termes de premiers choix. Dès le lendemain de son élection, il dénonce son nouveau surnom, Ed le Rouge, comme faisant partie d'images « fatigantes et aussi stupides » et nie tout virage à gauche, affirmant notamment qu’il a pour but de montrer que le Labour est « du côté de la classe moyenne étranglée […] et de ceux qui travaillent dur et veulent aller de l'avant », l‘autre objectif étant de « ramener le parti au pouvoir ». Il ajoute en outre qu'il soutiendra certaines coupes budgétaires, déclarant que les services publics « vont devoir apprendre à faire mieux avec moins »[8].
Après la défaite des travaillistes aux élections législatives de 2015, il annonce le qu'il démissionne de la direction du Parti travailliste[2].
Opinions
Miliband se décrit lui-même comme un nouveau genre de travailliste, cherchant à aller au-delà des divisions engendrées par le blairisme et le brownisme et appelant à la fin du « factionnalisme et des psychodrames » du passé. Il a aussi évoqué à plusieurs reprises la nécessité d'une « nouvelle politique »[9]. Durant la campagne pour la présidence du parti, il affiche sa fibre socialiste et n'hésite pas à critiquer certaines orientations du gouvernement Blair, telles que la politique sur les libertés civiles ou la participation à la guerre d'Irak[10]. Il invite le Royaume-Uni à se convertir à « un capitalisme en adéquation avec le peuple »[11]. Bien qu'il n'ait pas été au Parlement quand la participation au conflit en Irak a été votée, il reste très critique sur cette décision. Pourtant, il a soutenu l'intervention du Royaume-Uni en Afghanistan et en Libye.
Il est partisan du mariage homosexuel, souhaite instaurer un taux d'imposition permanent de 50 % pour les plus hauts revenus, une taxe sur les transactions financières, transformer Northern Rock en coopérative et instituer un salaire maximal. Il s'est aussi prononcé en faveur d'un service national de santé[12],[13].
Au sein du Parti travailliste, Ed Miliband a aussi adoubé la tendance Blue Labour, fondée par Maurice Glasman. Elle se concentre sur la famille et l'amitié au sein de la société plutôt que sur la richesse matérielle et se montre extrêmement critique vis-à-vis du libre-marché et de l'État tout-puissant. Certains observateurs soulignent l'influence de ce mouvement sur le discours de Miliband, ce dernier taclant en 2011« le capitalisme prédateur et productif »[14],[15].
En mars 2012, Miliband réitère son soutien au mariage pour tous en déclarant notamment : « Je souscris complètement au fait que les couples homosexuels doivent avoir les mêmes droits que les autres et qu'ils méritent la reconnaissance de l'État et de la société, comme tout le monde »[16].
Il critique les bombardements israéliens menés en 2014 dans la bande de Gaza, déclarant qu’il ne pouvait « expliquer, justifier ni défendre les morts atroces de centaines de Palestiniens ». En signe de protestation, Kate Bearman, ancienne directrice du groupe parlementaire Labour Friends of Israel, démissionne du parti. En 2014 également, il incite les députés travaillistes à se prononcer en faveur de la reconnaissance de la Palestine lors d'un vote au Parlement. Ce geste symbolique pourrait lui « coûter très cher », note le journaliste Aaron Bastani. Un député affirme que conserver le soutien d’une communauté juive acquise au Labour s’avèrerait « un défi ardu, si ce n’est insurmontable »[17].
Critiques
En 2010, Miliband accuse le chef des conservateurs et Premier ministre David Cameron de « tout sacrifier sur l'autel de la réduction des déficits » et de pratiquer une « vieille politique », citant ses promesses non tenues concernant la criminalité, la police, les bonus bancaires et les allocations familiales[18].
Miliband se montre aussi particulièrement critique à l'égard du libéral-démocrate et vice-Premier ministre Nick Clegg lorsque, en 2010, ce dernier forme une coalition avec les conservateurs, l'accusant de « trahison » et de « vendre » ses électeurs au plus offrant[19].
En 2011, au moment du référendum sur le vote alternatif, Miliband refuse de partager la tribune avec Clegg, indiquant qu'il était devenu « trop toxique » de s'associer à lui et qu'il nuirait à la campagne du oui.
À la direction du Parti travailliste, Miliband a tenu un certain nombre de discours visant à attirer les libéraux-démocrates mécontents, différenciant le Livre orange (qui défend une ligne proche des conservateurs) et les libéraux-démocrates, positionnés au centre-gauche[18].
↑Secrétaire d'État à l'Énergie et au Changement climatique entre 2008 et 2010.
Références
↑Steven Swinford, « Ed Miliband’s hope to be 'Britain’s first Jewish PM' », The Telegraph, (lire en ligne) :
« J'espère être le premier Premier ministre juif si je gagne les élections. [...] J'ai une foi particulière, je me présente comme un juif athée. Je suis juif par mes origines et cela fait partie de qui je suis. [...] Je ne crois pas en Dieu, mais je pense que la foi est une chose très importante pour beaucoup de gens. Dieu fournit l'alimentation, une foi à propos de la façon dont vous [pouvez] changer le monde. »
Le journal rappelle que, bien avant lui, Benjamin Disraeli, certes né dans une famille juive, était un anglican pratiquant lorsqu'il était Premier ministre.