Douliou-douliou Saint-Tropez

Douliou-douliou Saint-Tropez
Description de cette image, également commentée ci-après
Recto de la pochette du disque sorti en 1964.
Chanson de Geneviève Grad
Sortie
Durée 2:00
Genre surf
Auteur-compositeur Raymond Lefebvre, Paul Mauriat, et André Pascal
Label Riviera

Douliou-douliou Saint-Tropez (souvent erronément intitulé Do you do you Saint-Tropez) est une chanson française composée par Raymond Lefebvre et Paul Mauriat, écrite par le parolier marseillais André Pascal, pour le film Le Gendarme de Saint-Tropez, en 1964. L'actrice Geneviève Grad interprète la chanson dans le film.

Inspirée par la variété yéyé du moment, la chanson est un twist, à la croisée de la surf music et de la danse Hully-Gully. Nicole l'entonne dans un bar avec ses nouveaux amis de la jeunesse dorée de Saint-Tropez, alors que son père — l'autoritaire gendarme incarné par Louis de Funès — lui a interdit de sortir la nuit. Les paroles évoquent l'insouciance de la jeunesse, le soleil, la plage, la détente, la fête, l'alcool et la liberté sexuelle. Raymond Lefebvre et Paul Mauriat élaborent la chanson avant le tournage, tandis que le reste de la bande originale du film est écrit après. La musique sert également de générique d'ouverture.

Grand succès des années 1960, le morceau est l'ajout « jeune » de ce premier Gendarme, en partie responsable de l'attrait du public. Il rejoint d'autres chansons reflétant la soudaine popularité de Saint-Tropez dans la décennie, dont Saint-Tropez Blues de Marie Laforêt, Twist à Saint-Tropez des Chats sauvages et La Madrague par Brigitte Bardot. Il n'apparaît toutefois plus dans les suites, au contraire de la très populaire Marche des Gendarmes. Le titre connaît ensuite une notoriété internationale par sa reprise par la chanteuse québécoise Jenny Rock en 1965, suivie par d'autres interprètes pendant plus de cinquante ans. Au XXIe siècle, la chanson demeure une référence emblématique pour la cité balnéaire.

Création de la chanson

Geneviève Grad, ici en 1963, chante Douliou-douliou Saint-Tropez dans Le Gendarme de Saint-Tropez.

Travaillant ensemble pour le cinéma depuis le début des années 1960, Raymond Lefebvre et Paul Mauriat sont engagés pour la bande originale du film Le Gendarme de Saint-Tropez de Jean Girault, après avoir mis en musique la précédente comédie du réalisateur, Faites sauter la banque[1],[2],[3]. Ce nouveau film de Girault nécessite une chanson moderne pour le personnage de Nicole Cruchot[4],[3]. Les compositeurs élaborent le morceau avant le tournage[1],[3],[4],[5]. Le reste de la musique du film doit être composé plus tard[4].

Pleinement inspirée par la variété yéyé du moment, la chanson est un twist et peut être rattachée aux courants de la surf music et de la danse Hully-Gully[6],[7],[3],[8],[9],[10]. Anne Germain fait partie des chœurs répétant « Douliou douliou douliou Saint-Tropez »[11]. Le journaliste Henry-Jean Servat explique que « douliou » signifierait selon lui, « doux lieu » en provençal[12]. Pour Var-Matin, ce « douliou douliou » serait simplement du yaourt[13]. Le leitmotiv de l'auteur s'inspire surtout de la sonorité anglosaxonne interrogative « do you ? », très en vogue au début des années 1960, période Yéyé. La mélodie et cette répétition des paroles ressemblent au refrain de la chanson américaine Do You Wanna Dance? de Bobby Freeman sortie en 1958, reprise par le groupe britannique Cliff Richard and the Shadows en 1962 et ensuite diffusée en France la même année par la version de Dick Rivers[14],[15].

Dans le film, le personnage de Nicole Cruchot, fille du gendarme incarné par Louis de Funès, chante avec ses nouveaux amis dans un bar, alors que son père lui a interdit de sortir la nuit[9],[12],[16],[10]. Les paroles évoquent l'insouciance de la jeunesse, le soleil, la plage, la détente, la fête, l'alcool et la liberté sexuelle — Nicole cherche durant le film à s'intégrer parmi la jeunesse dorée de Saint-Tropez[16],[17],[18]. La scène est tournée, à l'été 1964, sans que la musique ne soit encore enregistrée[5]. Raymond Lefebvre raconte d'ailleurs que, lors du tournage de la scène, le pianiste donnant le rythme en l'absence d'un playback a fait des fautes de mesures lorsque Geneviève Grad chantait : Lefebvre était donc obligé de conserver ces erreurs en enregistrant le morceau, pour que le son colle à l'image[5]. La chanson, sans ses couplets, constitue également le générique du film[19]. Elle ne réapparaît pas dans les suites, au contraire de la très populaire Marche des Gendarmes[1],[2],[3].

Éditions, succès et postérité

Pochette d'un disque vinyle en japonais.
Pochette du single japonais de la bande originale du film, incluant la chanson.

Douliou-douliou Saint-Tropez paraît dans l'album 45 tours de la bande originale du film sorti en 1964 sous le label Riviera[20],[6]. Un single de deux titres est également édité au Japon par Seven Seas en 1967[20],[21]. La chanson est ensuite présente dans toutes les éditions des musiques du Gendarme, en CD ou en téléchargement[20]. Le titre figure également en 1999 dans Twist Again au ciné, CD compilant des chansons twist créées pour des films[20],[22].

À l'instar du film, la chanson remporte un grand succès dans les années 1960[9],[3]. C'est l'ajout « jeune » de ce premier Gendarme, en partie responsable de l'attrait du public[9],[18]. Ce titre fait suite à de nombreuses chansons reflétant la soudaine popularité de Saint-Tropez dans la décennie : Amour de Saint-Tropez des Peters Sisters en 1958, Saint-Tropez Blues de Marie Laforêt en 1960, Twist à Saint-Tropez des Chats sauvages en 1961, Madison à Saint-Tropez de Cris Carol en 1962, Saint-Tropez Twist de Peppino di Capri en 1963 et La Madrague par Jean-Max Rivière et Brigitte Bardot en 1963[8],[12],[16],[23]. En cette période de forte influence de la musique américaine, une partie du public pense que la chanson est dans un franglais improbable : « do you, do you, do you Saint-Tropez » (littéralement « Est-ce que tu, est-ce que tu, est-ce que tu, Saint-Tropez »)[12],[16],[24].

Le titre connaît ensuite une notoriété internationale par sa reprise par la chanteuse québécoise Jenny Rock en 1965[25],[26]. D'autres interprètes la reprennent pendant plus de cinquante ans[12],[16]. Des décennies plus tard, la chanson demeure une référence emblématique pour la cité balnéaire[3],[12],[16],[24]. Le journaliste musical Bertrand Dicale, également biographe de Louis de Funès, considère que la naïveté du texte et son côté twist ancre la gloire de la ville dans le passé des années 1960, rendant ainsi vaine toute tentative de modernisation [16].

Notes et références

  1. a b et c Michaël Ponchon, « Entretien avec Raymond Lefèvre : La drôle de ballade des Gendarmes de Saint-Tropez », Interviews, sur underscores.fr, .
  2. a et b Raggianti 2007, p. 32.
  3. a b c d e f et g Stéphane Lerouge, « L'Homme (et l') orchestre », dans Alain Kruger (dir.), Louis de Funès, à la folie : exposition du 15 juillet 2020 au 30 mai 2021, Paris, La Martinière / Cinémathèque française, coll. « Art et spectacle », (ISBN 978-2-7324-9145-5), p. 124.
  4. a b et c Franck et Jérôme Gavard-Perret, « Interview de M. Raymond Lefèvre », sur Autour de Louis de Funès, (consulté le ).
  5. a b et c La Saga des Gendarmes, documentaire de Jean-Paul Girbal, SND / M6 Vidéo, 2005.
  6. a et b (en) « Raymond Lefèvre – Le Gendarme de Saint-Tropez (bande originale du film) » (album), sur Discogs, 1964, Riviera.
  7. Raggianti 2007, p. 33.
  8. a et b Jean-Jacques Jelot-Blanc, Si le yé-yé m'était conté : l'histoire vraie des idoles des années 60, Camion blanc, , 560 p. (ISBN 978-2-37848-236-7, lire en ligne).
  9. a b c et d Ludivine Bantigny et Ivan Jablonka, Jeunesse oblige : Une histoire des jeunes en France (XIXe – XXIe siècle), Presses universitaires de France, coll. « Le Nœud gordien », , 320 p. (ISBN 978-2-13-073976-0 et 2-13-073976-8, lire en ligne), p. 196.
  10. a et b Rémi Lecompte, Vincent Cotro (dir.) et Valérie Vignaux (dir.), La représentation de la musique dans le cinéma de fiction : l'exemple de la musique diégétique dans le cinéma français des années 1960 (thèse de doctorat de musique et musicologie), Tours, université François-Rabelais, , 760 p. (lire en ligne), p. 137-138.
  11. « Anne Germain, la voix de Peau d'Âne et L'Île aux enfants, est morte », sur bfmtv.com, BFM TV, (consulté le ).
  12. a b c d e et f Thomas Louisy, « Le Gendarme de Saint-Tropez : connaissez-vous l’'origine de la célèbre chanson du film ? »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur planet\.fr,
  13. Jimmy Boursicot, « La parenthèse détente du jour: la playlist Saint-Tropez vs Juan-les-Pins », sur varmatin.com, Var-Matin, (consulté le ).
  14. Chronique de Serge Llado dans l'émission de radio On va s'gêner du sur Europe 1 [lire en ligne].
  15. « Dick Rivers - Voulez-vous danser », Fiche disque, sur Bide et Musique, (consulté le ).
  16. a b c d e f et g Bertrand Dicale, « Ces chansons qui font la France. Douliou douliou Saint-Tropez par Geneviève Grad (1964) », Ces chansons qui font l'actu, sur francetvinfo.fr, .
  17. Malka Markovich, L'Autre héritage de 68 : La face cachée de la révolution sexuelle, Albin Michel, , 216 p. (ISBN 9782226429186, lire en ligne), « Do you Do you Saint-Tropez ».
  18. a et b Loris S. Musumeci, « Douliou-Douliou Saint-Tropez avec moi ? », Le coronarire avec Louis de Funès, sur leregardlibre.com, Le Regard libre, .
  19. « Feuille de timbres Le Gendarme de Saint-Tropez », sur musee.sacem.fr, SACEM, (consulté le ).
  20. a b c et d (en) « Le Gendarme de Saint-Tropez (1964) », sur soundtrackcollector.com (consulté le ).
  21. (en) « Raymond Lefèvre – Le Gendarme De Saint-Tropez » (album), sur Discogs, 1967, Seven Seas.
  22. (en) « Twist Again au ciné » (album), sur Discogs, 1999, Play Time.
  23. Connaissez-vous toutes ces chansons liées à Saint-Tropez ?, (lire en ligne).
  24. a et b Michel Goujon, L'autre Saint-Tropez, Michel Lafon, , 429 p. (ISBN 9782749933467, lire en ligne), « Le Gendarme de Saint-Tropez ».
  25. Agnès Gaudet, « Inoubliables : Jenny Rock », sur journaldemontreal.com, Le Journal de Montréal, (consulté le ).
  26. Robert Thérien et Isabelle D'Amours, Dictionnaire de la musique populaire au Québec, 1955-1992, Institut québécois de recherche sur la culture, , 580 p. (ISBN 9782892241839, lire en ligne), p. XVI et 424.

Voir aussi

Bibliographie

Documentaires

Lien externe