L'idée en a été proposée au cardinal de Richelieu par Clément Métezeau, architecte du roi, et Jean Thiriot, entrepreneur parisien de maçonnerie, le [1]. Le principe étant de fermer le chenal du port de La Rochelle, qui fait environ 1 600 mètres, par une digue perpendiculaire de 1 400 mètres, ouverte en son milieu, et défendue par de nombreux navires.
Richelieu donne son accord pour le projet, et 4 000 ouvriers grassement rémunérés, dont beaucoup de soldats et des maçons de la Creuse, se mettent immédiatement à l’œuvre. S’appuyant sur des navires coulés et préalablement maçonnés, la digue fait 1 500 mètres de longueur. Large de 16 mètres à la base (8 toises) et de 8 mètres à son sommet (4 toises), elle est haute de 20 mètres, et armée de canons pointés vers le large, afin d’empêcher le ravitaillement par mer.
La digue se composait de deux parties, l'une partant de la rive nord de la baie (en un point situé actuellement entre le haut du Mail et la baie de Port-neuf), l'autre de la rive sud (actuelle pointe des Minimes).
Elle était donc ouverte au milieu pour le passage des marées. "Afin qu'aucun de secours n'osât entreprendre d'y passer, on fit un fort au milieu de ladite ouverture, un peu avancé dans la mer". Et, "pour fermer le passage à quelques petits vaisseaux, on fit d'autres machines qui tenaient toute l'ouverture"[2].
L’ouvrage s’avère particulièrement efficace, et contraint à plusieurs reprises, sous l’échange de tirs nourris, les navires anglais venus en renfort à rebrousser chemin. En empêchant le ravitaillement et les renforts anglais d'atteindre la ville, l'ouvrage a joué un rôle considérable dans sa chute. Le , la ville affamée capitule de manière inconditionnelle. Sur les 28 000 habitants que comptait la ville avant le siège, il ne reste que 5 500 survivants.
Au début du mois de , dix jours après la reddition, une forte tempête de suroît emporta les chandeliers et une grande partie de la digue, de sorte qu'un navire flamand de 200 tonneaux put la franchir sans encombre[2].
Au début des années 1970 la digue ouest du port de plaisance des Minimes a été construite sur le tracé de la partie sud de la digue de Richelieu et en a recouvert les vestiges[3].
↑Marcel Delafosse, Histoire de La Rochelle, Privat, , p. 151.
↑ a et bRémi Béraud, Petite encyclopédie monumentale et historique de La Rochelle, La Rochelle, Rupella, , 193 p. (ISBN2864740141), p.53, article "Digue"
↑Collectif "Paroles de rochelais", Mémoire des Minimes et de la Ville en bois, coll. « Paroles de rochelais » (no 17), , p.154
↑« Richelieu », sur Phares de France (consulté le )