Contexte familial, premières expériences théâtrales et études
C'est au sein d'une famille de huit enfants[2] que naît Daniel Meilleur, dans la ville minière de Thetford Mines, en 1951 (16 000 habitants). Son père qui a été mineur durant plus de cinquante ans [3] a pris part à la grève de l'amiante, deux ans auparavant. En 1970, il se joint à la troupe locale Les Cabotins, formée depuis peu, où il joue dans une pièce de Molière. C’est à l’Université du Québec à Montréal, où il s’est inscrit l’année suivante en animation culturelle puis art dramatique, qu’il fait la rencontre, déterminante, de la comédienne Monique Rioux, qui y enseigne l’expression dramatique[4]. Avec celle-ci, ainsi qu’avec la comédienne France Mercille et la sociologue Jeanne LeRoux, il est l’un des membres-fondateurs, en 1973, de la compagnie de théâtre et groupe de recherche La Marmaille[5],[6], qui deviendra Les Deux Mondes, en 1993[7]. Il évoluera au cours des quatre décennies suivantes dans cette compagnie de création qui marquera le paysage théâtral québécois par son esprit d’innovation[8], d’abord comme comédien, parfois co-auteur[9], puis metteur en scène et codirecteur artistique, jusqu’en 2013.
Metteur en scène et directeur artistique
Il signe sa première mise en scène en 1981: Pleurer pour rire[10] de Marcel Sabourin connaît plus de 600 représentations, jusqu'en 1988[11]. En 1986, Il propose au dramaturge Michel Marc Bouchard un travail de revisitation des contes[12] qui mène, quelques années plus tard et à la suite du travail expérimental auquel se livrent l’auteur mais aussi le scénographe Daniel Castonguay et le compositeur Michel Robidoux[13], à la création de l’Histoire de l’oie, en 1991. Ce spectacle emblématique de la compagnie, dont il a dirigé les ateliers exploratoires et signé la mise en scène, est joué en français, en anglais, en allemand et en espagnol par l'équipe québécoise à 546 reprises dans 15 pays, jusqu'en 2007[14].
La décennie 90 est marquée par une présence grandissante des Deux Mondes sur la scène internationale et l'inclusion du multimédia au service d'un propos dramaturgique[15]. Les recherches et répétitions qu’il dirige conduisent à la création de spectacles où il agit comme co-idéateur, co-concepteur visuel[16] et metteur en scène. Ceux-ci appartiennent en quelque sorte à un nouveau cycle où images vidéo et musique occupent une grande place[17],[18],[19] dans des productions théâtrales dont le texte ne constitue pas le point de départ obligé[20] mais davantage un aboutissement― c’est plutôt la musique qui est à l’origine de Leitmotiv[21],[22],[23] et des jouets animés pour Mémoire vive[24],[25]. Le concepteur vidéo Yves Dubé et le compositeur Michel Robidoux, devenu codirecteur artistique de la compagnie depuis 1989[26], sont étroitement associés à ce cycle[27],[28]
En 1997, il met en scène le spectacle de l’auteur-compositeur-interprète Jean-Pierre FerlandYes l'univers! présenté au Casino de Montréal[29]. La même année, il obtient une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec qui le conduit dans plusieurs pays européens, dont l'ex-Yougoslavie, pour approfondir une réflexion sur les liens entre le théâtre et la politique.
Certains spectacles que Daniel Meilleur met en scène offrent la particularité d'être joués tout à la fois devant des salles constituées d’adultes ou de jeunes spectateurs[30],[31], dans leur capacité d’entendement respectif, en s’inscrivant à l’enseigne de la poésie. Ils demeurent par ailleurs en prise sur les réalités d’aujourd’hui et traduisent les préoccupations, de portée sociale qui sont les siennes : Parasols fait état de l’asservissement au travail des enfants dans les pays pauvres[32],[33], le poids des traditions et les mutilations rituelles sont au cœur des Nuages de terre[34], L’Histoire de l’oie traite de la transmission de la violence, d’une génération à l’autre[35],[36], et Mémoire vive relie la vie privée et la grande Histoire[37] en donnant à voir l’existence d’une femme qui a traversé le XXe siècle[38],[39]. Leitmotiv, qui s’adresse à un public adulte, a pour sujet la guerre[40],[41].
Les spectacles que Daniel Meilleur a mis en scène ont été vus dans une trentaine de pays[42],[43].
Principales réalisations comme metteur en scène ou co-metteur en scène avec Les Deux Mondes
Pleurer pour rire (1981-1988) de Marcel Sabourin; 600 représentations
Chalmers Children Play Award, 1983 (Décerné par le Ontario Arts Council au meilleur spectacle jeune public)[44]
Terre promise / Terra promessa (1989-2000), scénario, mise en scène et conception scénique de Nino D'Introna, Daniel Meilleur, Graziano Melano, Giacomo Ravicchio, Monique Rioux et Michel Robidoux; co-création avec le Teatro dell'Angolo (Turin); 580 représentations
Leitmotiv (1996-2005) drame musical de Michel Robidoux, Daniel Meilleur et Normand Canac-Marquis; 175 représentations
Masque de la Contribution spéciale décerné à Michel Robidoux pour l'originalité de sa conception musicale (Décerné par l'Académie québécoise du théâtre en 1998)
Prix RIDEAU de la Tournée, décerné en février 2001
Mémoire vive (2001-2012) de Daniel Meilleur et Normand Canac-Marquis; 288 représentations
Masque de la Contribution spéciale décerné à Yves Dubé, André Houle, Guy Fortin et Michel Fordin pour la qualité de la production visuelle (Décerné par l'Académie québécoise du théâtre en 2002).
Prix Rideau-OFQJ à Catherine Archambault pour la qualité de sa performance (Décerné par le Réseau indépendant des diffuseurs d'événements artistiques unis et l'Office franco-québécois pour la jeunesse au terme de la Bourse Rideau 2002)
Prix Télé-Québec Coup de cœur du public pour « l'émotion suscitée par la pièce, ses effets visuels et sonores ainsi que pour la qualité de l'interprétation de Catherine Archambault et d'Isabelle Drainville » (Décerné par le Festival annuel d'innovation théâtrale, FAIT, pour l'édition 2002)
25th Dora Mavor Moore Award for Outstanding Touring Production in 2004 (General Theatre Category)[45]
1, 2, 3, nous avons des droits (2012-2013), adaptation théâtrale de Marcelle Dubois du livre-disque Droits d’enfants de Léopoldine Gorret et Denis Alber, coproduction: Compagnie de l'Ovale (Monthey)
Notes et références
↑Luc Boulanger, « Daniel Meilleur 1951-2024 Le monde du théâtre pleure un créateur exemplaire », La Presse, (lire en ligne)
↑(en) Helen KAYE, « The Rock of Age », The Jerusalem Post,
↑(en) Victoria FINLAY, « Thoughtful look at childhood trauma », South China Morning Post (Hong Kong),
↑Annie GASCON, « Rencontre avec deux femmes remarquables », Lurelu (Montréal), no vol. 24, , p. 55, 56, 57, 70 (lire en ligne)
↑« La Marmaille, groupe de recherche », Cahiers de théâtre Jeu, no no 4, , p. 21-56 (lire en ligne)
↑Monique POULIN, « La Marmaille : dix années de théâtre », Le Devoir (Montréal), , p. 21 (lire en ligne)
↑Gilbert DAVID, « La Marmaille devient Les Deux Mondes », Le Devoir (Montréal), , p. 11 (lire en ligne)
↑Robert LÉVESQUE, « Les 20 ans d’une grande petite troupe », Le Devoir (Montréal), , p. C-1 (lire en ligne)
↑« La Marmaille est de retour », Le Devoir (Montréal), , p. 10 (lire en ligne)
↑Jacques LARUE-LANGLOIS, « Un plaidoyer fantaisiste en faveur de l’expression », Le Devoir (Montréal), , p. 13 (lire en ligne)
↑(en) Daniel MEILLEUR, « The working of times and the gifts of circumstances », Inside, publié par the association of performing arts presenters (u.s.a.) 2000
↑« Genèse de "L'Histoire de l'oie" », Les 2 Mondes, no vol. 1 no 1, , p. 8 (ISSN1188-2506)
↑Hélène RICHARD, « L'Histoire de l'oie », Jeu: revue de théâtre, no 62, , p. 157-160 (ISSN0382-0335, lire en ligne)
↑Michel BÉLAIR, « Dernier envol », Le Devoir (Montréal), (lire en ligne)
↑« La technologie au service de l’art », Ouest France,
↑« Dire à quatre », Le Devoir (Montréal), (lire en ligne)
↑Caroline BARRIÈRE, « Né de la guerre et des sons », Le Droit (Ottawa-Gatineau),
↑« "Leitmotiv"’ ou l’heureux mélange des genres », La Presse (Rioviera/Chablais),
↑(en) Betty WEBB, « War’s beauty shines through », Get Out (Scottsdale, U.S.A.), , p. 22
↑Chantal HÉBERT, Marie-Michèle LAPOINTE-CLOUTIER Denyse NOREAU, Irène PIRELLI-CONTOS, « L’Hybridité au théâtre », in Enjeux des genres dans les écritures contemporaines, Québec, Éditions Nota Bene, , 123-153 p.
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↑Stéphane BAILLARGEON, « La guerre comme si vous y étiez », Le Devoir (Montréal), , B-9 (lire en ligne)