Il a présenté sur France 2, le , avec Erik Orsenna et Pierre Arditi, Fric, krach et gueule de bois : le roman de la crise, un magazine résumant l'histoire économique depuis les années 1970.
Au fil de ses ouvrages, Daniel Cohen analyse les transformations du capitalisme contemporain sous différents aspects, mêlant analyses historiques et économiques. Ses ouvrages ont tous été traduits en anglais (ils ont été édités par MIT Press aux États-Unis) et dans une dizaine d’autres langues. Le magazine Choice a désigné Globalization and Its Enemies comme l’Outstanding Academic Title de l’année 2006[21].
Richesse du monde, pauvretés des nations (1997) examine la montée des inégalités, en soulignant le rôle accru de l'endogamie sociale à travers le concept « d'appariements sélectifs ». Denis Clerc, d'Alternatives économiques, résume ainsi la thèse centrale de ce livre : « La troisième révolution industrielle est en cours. Et cette troisième révolution fonctionne selon le mécanisme des appariements : les bons vont avec les bons, les autres tentent de se débrouiller et se retrouvent souvent sur le côté du chemin[22]. »
Nos temps modernes (2000) analyse pourquoi « le stress devient le mode de régulation de la société post-fordiste » et oppose aux théories de la fin du travail l'idée de travail sans fin[23].
La Mondialisation et ses ennemis (2004) reprend l'opposition entre les théories économiques de la division du travail et les théories historiques de Fernand Braudel fondées sur l'opposition centre-périphérie. En faveur des thèses braudéliennes, Daniel Cohen montre que « les pauvres sont moins exploités qu'oubliés et marginalisés[24]. » Mais il donne également à voir comment les nouvelles technologies de l'information tendent à créer un horizon d'attente partagé, qui ne tient pas ses promesses et aiguise les frustrations.
Trois leçons sur la société post-industrielle (2006) résume ses précédentes analyses, en soulignant les enjeux sociaux de la sortie de la société industrielle : « À l'image de la société féodale, la société industrielle du XXe siècle lie un mode de production et un mode de protection. Elle scelle l'unité de la question économique et de la question sociale… ». Pour Daniel Cohen, nous vivons aujourd'hui « la fin de la solidarité qui était inscrite au cœur de la firme industrielle ».
La Prospérité du vice, Une introduction (inquiète) à l'économie (2009) propose une fresque historique, du Néolithique à nos jours, par laquelle il montre que l'avènement du capitalisme marque le passage d'un monde gouverné par la loi de Malthus à un autre gouverné par le paradoxe d'Easterlin[25]. La loi de Malthus bloque la croissance du revenu par tête, en raison de la démographie, alors que le paradoxe d'Easterlin montre que la richesse ne contribue pas à élever le bonheur individuel.
Chroniques d'un krach annoncé (2003) est un recueil d'articles publiés par Daniel Cohen dans Le Monde, dont le titre reprend celui d'un éditorial publié en juin 2000. Dans ces articles, Daniel Cohen indique que le krach de la bulle Internet était inéluctable[26].
Homo Economicus, prophète (égaré) des temps nouveaux (2012) précise le fonctionnement du paradoxe d'Easterlin. Daniel Cohen plaide, dans cet ouvrage, pour un rééquilibrage de la coopération sur la compétition[27].
Avec Philippe Askenazy, Daniel Cohen a par ailleurs coordonné plusieurs ouvrages offrant la publication des travaux des chercheurs du CEPREMAP[29], tels que Vingt-sept questions d'économie contemporaine (2008), Quinze nouvelles questions d'économie contemporaine (2010), Cinq crises (2013).
Citation
« La société industrielle liait un mode de production et un mode de protection. Elle scellait ainsi l'unité de la question économique et de la question sociale. La “société post-industrielle”, elle, consacre leur séparation et marque l'aube d'une ère nouvelle. »
Sa fonction au sein de la banque Lazard lui est parfois reprochée comme présentant un risque de potentiel conflit d'intérêts[30],[31] ; elle lui rapporterait, selon Mediapart, entre un et deux millions d'euros par an. Il a répondu, dans Le Nouvel Observateur, que cette affirmation était surévaluée « dans un gros rapport de un à dix avec la réalité »[32]. Il a par ailleurs déclaré :
« Mes recherches portent depuis toujours sur la dette internationale. Je prends comme un antidote à l'académisme d'être au contact des problèmes réels[32]. »
« La crise financière est a priori passée. Le risque que la crise financière dérape en crise systémique où les banques tomberaient comme des dominos, ça, ça semble écarté. »
Pour l'économiste anti-libéral Frédéric Lordon, « c'est le propre de tout ce qu'il s'est passé avec cette crise. […] Elle a pris à revers. […] C'est la démonstration à grand spectacle d'une colossale erreur. »
L'association française de critique des médiasAcrimed (classée à gauche) a publié, depuis 2006, plusieurs articles critiques à son encontre[33].
Publications
Monnaie, Richesse et Dette des Nations, CNRS Éditions, 1987.
Private Lending to Sovereign States, MIT Press, 1991.
La Prospérité du vice. Une introduction (inquiète) à l'économie, éditions Albin Michel, Paris, 2009[37]Daniel Cohen montre que la prospérité et l'éducation ne suffisent pas à pacifier le monde, comme en témoigne l'histoire européenne, et met en garde contre l'idée que la mondialisation suffirait aujourd'hui à pacifier les relations internationales.
Avec Olivier Jean Blanchard, Macroéconomie, Pearson Education, 4e édition, 2010.
16 nouvelles questions d'économie contemporaine (tome 2), sous la direction de Philippe Askenazy et Daniel Cohen, Albin Michel, Paris, 2010.
Homo Economicus, prophète (égaré) des temps nouveaux, Albin Michel, Paris, 2012, 280 p. (ISBN978-2226240293) Prix du livre d'économie 2012.
5 crises - 11 nouvelles questions d'économie contemporaine, sous la direction de Philippe Askenazy et Daniel Cohen, Albin Michel, 2013.
↑ a et bÉcole d'Économie de Paris-Paris School of Economics Établissements fondateurs Siège : 48 boulevard Jourdan 75014 Paris France, « Daniel Cohen - PSE-Ecole d'économie de Paris », sur PSE - Ecole d’économie de Paris - Paris School of Economics (consulté le ).
↑« A priori, je suis catalogué parmi les économistes dits néoclassiques, héritiers des théoriciens de l'équilibre général à la Walras. Je me définirais plutôt comme un économiste pragmatique », interview, juillet 2004.
↑Philippe Escande, « La mort de l’économiste Daniel Cohen, une pensée en marche et un exceptionnel professeur », Le Monde, no 24457, , p. 15 (lire en ligne)
↑(en) « Globalization and Its Enemies is one of the most original and incisive inquiries into the subject I have seen », John Gray, The New York Review of Books.