Cétuximab

Cétuximab
Identification
No CAS 205923-56-4
Code ATC L01XC06
DrugBank DB00002
Propriétés chimiques
Formule C6484H10042N1732O2023S36  [Isomères]
Masse molaire[1] 145 779,843 ± 7,023 g/mol
C 53,42 %, H 6,94 %, N 16,64 %, O 22,2 %, S 0,79 %,

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le cétuximab est un anticorps monoclonal chimérique ciblant et bloquant le récepteur du facteur de croissance épidermique (epidermal growth factor receptor, EGFR)[2], surexprimé à la surface de certaines cellules tumorales.

Il est utilisé en association avec la chimiothérapie pour traiter le cancer colorectal métastatique et en association avec la radiothérapie et/ou la chimiothérapie pour le traitement du cancer de la tête et du cou.

Le cétuximab, ou C225, est fabriqué par ImClone et commercialisé sous le nom d'Erbitux par Merck Serono.

Mode d'action

Il s’agit d’un anticorps monoclonal chimérique de type IgG1, qui présente une grande affinité pour le monomère d'EGFR. Par sa fixation, il empêche la dimérisation de l'EGFR et la liaison des ligands (en particulier l'EGF) et empêche donc la transduction du signal anti-apoptotique due à l'activation de EGFR en conditions de radiothérapie. Cette IgG1 se compose de deux chaînes lourdes identiques (449 aa chacune) et de deux chaînes légères identiques (214 acides aminés chacune). Son poids moléculaire est de 154 kDa.

Par ailleurs, il diminue la synthèse du HIF1A (Hypoxia-inducible factor 1-alpha) par inhibition de la voie de la phosphoinositide 3-kinase, induisant une action anticancéreuse de la molécule[3].

Il peut avoir un effet cytotoxique sur les cellules tumorales par l'intermédiaire des lymphocytes NK[4] mais cet effet dépend du polymorphisme du récepteur Fc gamma[5].

Efficacité

Les essais précliniques ont montré le net profit d’utiliser le cétuximab en association avec la chimiothérapie et la radiothérapie. Les études cliniques ensuite développées ont permis d’aboutir à une commercialisation récente dans l’indication du traitement du cancer colorectal en association avec l’irinotécan, et à une utilisation dans les cancers des voies aérodigestives supérieures dans ses formes réfractaires ou métastatiques, en association avec le cisplatine[6] et le 5-FU. Dans ces deux types de cancer, le cétuximab entraîne un allongement de la survie et de la durée des rémissions[7].

Concernant le cancer colorectal, l'efficacité du cétuximab est cependant conditionnée par l'existence ou non d'une mutation du gène KRAS[8], qui doit être recherchée : en effet une mutation de KRAS confère une résistance aux biothérapies anti-EGFR, et donc leur inefficacité pour les patients concernés.

Le cétuximab est également en essai dans d’autres types de cancers tels que le cancer bronchique non à petites cellules, en association avec carboplatine et taxanes, mais s'est révélé être décevant dans le cancer du pancréas[7], en association avec la gemcitabine[9].

Effets secondaires

Le plus courant est la survenue d'un rash dans près de la moitié des cas[10]. Ce phénomène allergique est caractérisée par la présence d'anticorps anti-Galactose-alpha-1,3-galactose[11] telle que retrouvée en cas d'allergie à la viande. Cela est due à des épitopes semblables à cette molécule[12].

Il peut entraîner une baisse du taux sanguin du magnésium[7].

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) G Galizia, E Lieto, F De Vita et M Orditura, « Cetuximab, a chimeric human mouse anti-epidermal growth factor receptor monoclonal antibody, in the treatment of human colorectal cancer », Oncogene, vol. 26, no 25,‎ , p. 3654–3660 (ISSN 0950-9232 et 1476-5594, DOI 10.1038/sj.onc.1210381, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Li X, Lu Y, Liang K, Pan T, Mendelsohn J, Fan Z, « Requirement of hypoxia-inducible factor-1alpha down-regulation in mediating the antitumor activity of the anti-epidermal growth factor receptor monoclonal antibody cetuximab » Mol Cancer Ther. 2008;7:1207–1217
  4. (en) Marechal R, De Schutter J, Nagy N. et al. « Putative contribution of CD56 positive cells in cetuximab treatment efficacy in first-line metastatic colorectal cancer patients » BMC Cancer. 2010;10:340
  5. (en) Rodriguez J, Lee SC, Morgan S. et al. « Fc γ receptor polymorphisms as predictive markers of Cetuximab efficacy in epidermal growth factor receptor downstream-mutated metastatic colorectal cancer » Eur J Cancer. 2012;48:1774–1780
  6. (en) Baselga J, Trigo JM, Bourhis J. et al. « Phase II multicenter study of the antiepidermal growth factor receptor monoclonal antibody cetuximab in combination with platinum-based chemotherapy in patients with platinum-refractory metastatic and/or recurrent squamous cell carcinoma of the head and neck » J Clin Oncol. 2005;23:5568–5577
  7. a b et c (en) Liu L, Cao Y, Tan A, Liao C, Gao F, « Cetuximab-based therapy versus non-cetuximab therapy for advanced cancer: a meta-analysis of 17 randomized controlled trials » Cancer Chemother Pharmacol. 2010;65:849–861
  8. (en) Kumar SS, Price TJ, Mohyieldin O, Borg M, Townsend A, Hardingham JE, « KRAS G13D Mutation and Sensitivity to Cetuximab or Panitumumab in a Colorectal Cancer Cell Line Model », Gastrointest Cancer Res, vol. 7, no 1,‎ , p. 23-6. (PMID 24558511, PMCID PMC3930148) modifier
  9. Olivier Maurion, Anticorps monoclonaux à usage thérapeutique. Exemple du cetuximab, thèse de pharmacie, 2006, université Nancy 1.
  10. (en) Vermorken JB, Trigo J, Hitt R. et al. « Open-label, uncontrolled, multicenter phase II study to evaluate the efficacy and toxicity of cetuximab as a single agent in patients with recurrent and/or metastatic squamous cell carcinoma of the head and neck who failed to respond to platinum-based therapy » J Clin Oncol. 2007;25:2171–2177
  11. Chung CH, Mirakhur B, Chan E et al. Cetuximab-induced anaphylaxis and IgE specific for galactose-alpha-1,3-galactose, N Engl J Med, 2008;358:1109-1117
  12. Houchens N, Hartley S, Commins SP, Claar D, Saint S, Hunting for a Diagnosis, N Engl J Med, 2021; 384:462-467

Voir aussi

Article connexe

Liens externes