On considère couramment que les premiers consuls issus de la plèbe sont élus après le vote des lois licinio-sextiennes en
Sous la République romaine, « consul » est le titre donné aux deux magistrats principaux élus chaque année par les Romains. Les consuls possèdent tous les pouvoirs du roi, sauf ceux qui relèvent du domaine religieux. Ils sont détenteurs de l’imperium, pouvoir suprême à Rome. La plèbe se définit par opposition aux patriciens ou plus tard à la nobilitas : c'est la partie du peuple qui s'oppose à l'organisation oligarchique de la cité.
Au lendemain de la chute de la royauté, le Sénat et surtout les deux seuls magistrats récupèrent le pouvoir suprême, et on passe d'un système monarchique (Voir Monarchie romaine) à un système oligarchique (Voir République romaine). Ce changement de gouvernement ne profite qu'à une minorité, la nouvelle élite : le patriciat. Pendant les dix premières années, les guerres se succèdent, et la première confrontation entre les deux ordres a lieu en , autour du problème des dettes : les créanciers, appartenant surtout à l'aristocratie sénatoriale et donc au patriciat, ont droit d'enchaîner, de vendre comme esclave ou encore de mettre à mort les débiteurs. Or de nombreux plébéiens sont très endettés, et subissent donc la loi du patriciat. Cette opposition débouche sur l'insurrection du Mont Sacré, où la plèbe gagne le droit d'avoir des représentants, les tribuns de la plèbe, ainsi que d'autres concessions.
À partir de 485, et jusqu'en , il n'y a plus un seul consul plébéien. Une famille, notamment, s'empare du consulat pendant sept années, et les patriciens excluent les plébéiens de la magistrature suprême[1],[2].
Ensuite, de 469 jusqu'aux décemvirs, plusieurs consuls sont d'origine plébéienne, notamment la dernière année jusqu'aux lois licinio-sextiennes, en , où les deux consuls sont plébéiens[2]. Les luttes internes pendant ces années sont très violentes, notamment autour du projet de la lex Terentilia, qui ont amené la création des décemvirs. Ensuite, les patriciens font oublier que les plébéiens aurait eu accès un jour au consulat et la magistrature n'est accessible qu'aux sénateurs issus du patriciat[2]. De plus, la loi des Douze Tables sépare les deux ordres juridiquement, en interdisant notamment les mariages mixtes, bien que cette disposition soit très rapidement abrogée par la Lex Canuleia.
D'après certaines sources[2], il y a douze consuls plébéiens durant ces premières années. Il est difficile de savoir pour certains consuls s'ils sont d'origine patricienne ou plébéienne : Agrippa Menenius Lanatus, ou encore les membres des famillesSulpicia Camerinae, Veturia Geminae, Serviliae Priscae et Verginia Tricostae. Mais toutes ces familles ont eu des consuls durant des années où l'on sait qu'il n'y a que des consulspatriciens, donc il semble bien qu'il n'y ait que cinq consuls différents issus de la plèbe dans les premières années de la jeune république. D'autres sources confirment que toutes les autres familles ayant un consul sont bien patriciennes[réf. nécessaire].
Il n'y a donc pas eu de « consulplébéien » proprement dit. Les patriciens ont défendu leur monopole sur cette magistrature depuis le début de la République et les Romains considèrent, comme Tite-Live[A 3], que le consulat est pour la première fois ouvert aux plébéiens à la suite des lois licinio-sextiennes après plus d'un siècle de luttes. Cependant, bien qu'un certain nombre de noms de consuls des débuts de la République portent des noms plébéiens et soient issus de famillesplébéiennes, il s'agirait de patriciens, non par la naissance, mais par le mérite, car ils auraient été élevés au rang de patriciens dès la première année de la République.
Par ailleurs, il existe dans l'histoire romaine un cas similaire où l'on aurait élevé un non-patricien à ce rang : il s'agit de Appius Claudius Sabinus, un Sabin, qui est intégré à l'ordre des patriciens[A 4],[A 5] : sa gens, les Claudii, est l'une des principales familles patriciennes de l'histoire de la République romaine. Il faut cependant préciser que comme la plus grande partie des hommes et des institutions de cette époque romaine, la réalité de son existence historique et de ses actions nous échappe, les sources, lacunaires, présentant par ailleurs des récits et des traditions considérablement réécrits et déformés.
En , un tribun de la plèbe, Caius Canuleius propose deux lois : l'une pour abroger l'interdiction de mariages mixtes entre les deux ordres, établie peu de temps avant par la loi des Douze Tables ; l'autre pour obtenir le droit d'élire les consuls parmi la plèbe[A 6]. De nouvelles guerres menacent Rome, et les patriciens cèdent pour les mariages : la lex Canuleia est votée, et les consuls espèrent ainsi que le peuple, satisfait, se mobilise[A 7].
Mais ce succès encourage les tribuns à demander le droit d'élire des consuls plébéiens. Le Sénat refuse de céder une seconde fois, et, pour éviter une nouvelle sédition, propose la création du tribunat militaire à pouvoir consulaire, ouvert à tous et ayant presque tous les pouvoirs du consulat, exceptés ceux donnés à une nouvelle magistrature patricienne, la censure[A 7].
Chaque année le Sénat et les tribuns décident si l'on élit des consuls ou des tribuns consulaires, selon les tensions politiques du moment. En , les tribuns de la plèbe obtiennent l'élection de tribuns consulaires en lieu et place de consuls, espérant ainsi qu'un plébéien accède à la magistrature suprême. Mais une nouvelle fois, ce sont des patriciens, par le jeu des élections qui leur est favorable, qui sont élus[A 9].
En , deux législateurs Caius Licinius Stolon et Lucius Sextius Lateranus sont élus pour la première fois tribuns de la plèbe, et proposent immédiatement une série de lois pour améliorer la situation de la plèbe à Rome, où domine la classe dirigeante des patriciens. Il s'agit de lois politiques, économiques et sociales, visant à partager le pouvoir suprême entre plébéiens et patriciens, à lutter contre l'accaparement par les patriciens des terres récemment annexées autour de Rome (ager publicus), et à soulager la plèbe qui est écrasée de dettes[A 12].
Pendant dix années, le Sénat et les patriciens bloquent le vote de la loi, et les tribuns de la plèbe sont réélus, usant de leur veto entre 375 et pour empêcher les élections autres que celles du tribunat de la plèbe[A 12].
Jusqu'en , il y a systématiquement un consul plébéien et un consul patricien. Cette année-là, le dictateur nommé est lui aussi plébéien, une première[A 13]. Après dix années de respect du partage, la loi connait plusieurs entorses, derniers sursauts de résistance patricienne[4] : pendant trois années, les patriciens réussissent à tenir tête à la plèbe et les deux consuls sont patriciens[A 14].
De nouveau en , le consulat est partagé entre les deux ordres[A 15], mais dès l'année suivante, le patriciat s'impose au consulat, les tribuns obtenant en contrepartie l'élection d'un censeurplébéien, pour la première fois[A 16]. Il faut attendre l'insurrection de l'armée à Capoue en , qui amène, parmi d'autres conséquences, l'établissement définitif du consulat plébéien[A 17]. De plus la vie politique évolue et à l'antagonisme entre patriciens et plébéiens se substitue des rivalités plus complexes fondées sur des alliances entre familles établies par-delà la différence des ordres[4].
Il faut attendre pour qu'il y ait deux consuls plébéiens : Gaius Popilius Laenas et Publius Aelius Ligus, ce qui se reproduira régulièrement[5]. On note par ailleurs que les deux années suivantes, en 171 et , les plébéiens se sont emparés du consulat, puis en 167, 163, 153, etc.
Ensuite, il n'y a pour ainsi dire plus que des consuls plébéiens sous l'Empire romain, mais cela n'a plus de sens d'opposer le patriciat à la plèbe, d'autant plus que les dernières familles patriciennes disparaissent.