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Cet événement intervient deux ans après la signature par 196 pays du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal en 2022, qui prévoit de protéger à l'horizon 2030 au moins 30 % des terres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines et de restaurer de 30 % des écosystèmes dégradés. Les principaux objectifs de la conférence sont d'examiner les engagements des différents pays, de préciser les financements ainsi que les mécanismes de partage des avantages issus de la biodiversité.
Organisation
Date et lieu
La Turquie, pressentie initialement pour organiser la 16ème conférence des parties, renonce en juillet 2023 du fait des trois séismes destructeurs qui se sont produits en février 2023 et de la situation catastrophique qui en a résulté. L'UNCBD le notifie aux Parties dans un communiqué le 31 juillet 2023[1].
Le 11 décembre 2023, la Colombie propose d'accueillir la COP16 de la CNUDB du 21 octobre au 1er novembre 2024. L'annonce officielle a été faite par la ministre de l'Environnement et du Développement durable Susana Muhamad[2].
Le 20 février 2024, le président colombienGustavo Petro annonce que Cali est choisie pour accueillir l'événement après un mois de compétition avec Bogota[3]. L'événement se déroulera au Valle del Pacífico Events Centre. Le président a également souligné, parmi les raisons du choix de Cali, sa situation géographique, puisqu'elle est entourée par la région colombienne du Pacifique, qui est l'une des régions les plus riches en biodiversité de la planète et du monde. Le maire de Cali, Alejandro Eder, a suivi la retransmission en direct de l'annonce et s'est félicité de la décision du gouvernement, affirmant qu'il s'agissait de l'événement le plus important pour la ville depuis de nombreuses années[4].
Le Président Gustavo Petro annonçant que Cali est retenue.
Intervention de Susana Muhamad, Ministre de l'Environnement et du Développement soutenable de Colombie.
Centre des congrès "Valle del Pacifico" qui accueillera la COP 16
Logo
Pour identifier l'événement, un logo a été créé à partir de la fleur Inírida (Schoenocephalium teretifolium), endémique de la Colombie, et comprend également le slogan « Paz con la Naturaleza » (Paix avec la Nature). Le logo a été officiellement présenté le lors de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement à Nairobi, au Kenya, par la ministre de l'environnement Susana Muhamad et David Cooper, secrétaire exécutif par intérim de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB)[5].
Présidence
La présidence de la conférence est assurée par la ministre de l'environnement de la Colombie, Susana Muhamad. En juin 2022, elle est chargée par le président élu Gustavo Petro de mener la transition au sein du ministère de l'Environnement et du Développement durable[6]. Le 5 juillet, Petro confirme sa nomination en tant que ministre. Lors de sa nomination, elle promeut l'interdiction, comme promis par Gustavo Petro lors de sa campagne présidentielle, de la fracturation hydraulique comme méthode d'extraction des hydrocarbures, qui est néfaste pour l'eau et l'équilibre des écosystèmes[7]. Depuis des mois, elle participe à diverses conférences internationales à Dubaï, Londres ou New York pour promouvoir l'action de la Colombie en matière de transition énergétique, de lutte contre la déforestation et d’investissements innovants. La Colombie est d'ailleurs devenue le premier grand producteur d’hydrocarbures à signer l’appel à un traité de non-prolifération des combustibles fossiles[8],[9].
Participants
12 000 participants sont attendus dont 140 ministres et sept chefs d'État parmi lesquels le président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva. Les organisateurs de l'événement ont annoncé en outre une participation « record » des acteurs économiques – banques, entreprises – et associatifs[10]. De multiples actions sont programmées pour obtenir, analyser et critiquer les stratégies mises en oeuvre[11].
Sécurité
11 000 policiers et soldats colombiens, soutenus par du personnel de sécurité de l'ONU et des États-Unis, participeront à la sécurité de l'événement. Car la plus grande faction dissidente de la défunte guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), qui rejette l'accord de paix historique signé en 2016, fait planer une menace sécuritaire sur ce vaste forum diplomatique et économique. L'état-major central, en guerre ouverte avec le gouvernement du président de gauche Gustavo Petro, a averti « les délégués de la communauté nationale et internationale de s'abstenir d'assister » à la COP16, promettant qu'elle serait un « fiasco ». Les autorités colombiennes, le président Petro en tête, assurent que la sécurité du forum sera garantie[12].
Contexte
Le constat de l'urgence à agir est partagé. Selon les scientifiques, 75 % des écosystèmes ont été significativement dégradés par l'action humaine, 85 % des zones humides ont disparu et les espèces s'éteignent à un rythme accéléré. Un million d'entre elles sont menacées, dont un grand nombre dans les décennies à venir. Selon le WWF, qui a publié le 9 octobre 1984 le rapport « Planète vivante 2024 », les populations mondiales de vertébrés sauvages ont décliné de 73 % en moyenne depuis 1970[13]. Or les implications économiques et sociales de cette crise sont graves. La moitié du PIB de la France dépend par exemple de la bonne santé de ses écosystèmes[10].
Objectifs
Le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal adopté lors de la 15e COP sur la biodiversité en décembre 2022 fixe 4 objectifs mondiaux et 23 « cibles » mondiales à l'horizon 2050[14]. Il s'agit principalement d'accroître la superficie des écosystèmes naturels, de mettre fin à l'extinction des espèces menacées connues et de garantir le financement des pays en développement pour protéger la nature[15]. Lors de la COP16, les gouvernements seront notamment chargés d'examiner l'état de mise en œuvre du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal au travers notamment des différents plans nationaux mais aussi du niveau d'atteinte des différentes cibles[15].
Ainsi trois objectifs peuvent être définis pour cette COP :
la mise en place concrète et détaillée du cadre décennal adopté à Montréal, avec l'examen des plans nationaux ;
la question des financements ;
le mécanisme de partage des avantages issus de la biodiversité.
Plans nationaux
Au 16 octobre, seuls 29 pays sur 196 avaient respecté l'engagement de soumettre avant la COP16 une stratégie nationale pour la biodiversité censée refléter leur part des efforts mondiaux. Et 91 ont soumis des « cibles nationales », c'est-à-dire des engagements sur tout ou partie des objectifs, selon la convention des Nations unies sur la diversité biologique[11].
France
Le 31 juillet 2024, le gouvernement démissionnaire français a déposé ses objectifs nationaux, se déclinant en 40 mesures[16].
Aires marines protégées
La mesure 1 s'intitule « Renforcer la stratégie aires protégées pour atteindre les 10 % de surface en protection forte et bien gérer les 30 % d'aires protégées ». Annoncée par le Président de la RépubIique Ie 11 janvier 2021 à l'occasion du One Planet Summit, la stratégie nationale pour les aires protégées (SNAP) constitue la feuille de route de la France en matière d'aires protégées à horizon 2030. Les principaux défis de la SNAP consistent à[17] :
atteindre l'objectif de 10 % en protection forte du territoire national et 5 % en Méditerranée. L'objectif de 30 % en aires protégées est atteint depuis février 2022 avec l'extension de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises (31,2 % du territoire terrestre national et 33,6 % des espaces maritimes sont couverts par des aires protégées) ;
assurer une bonne qualité de la gestion de l'ensemble du réseau (aires protégées et zones de protection forte).
Si cet objectif s'inscrit bien dans trois des objectifs mondiaux, l'association BLOOM, oeuvrant pour la protection des écosystèmes marins, dénonce l'ambiguïté du discours de la France notamment dans le libellé de la mesure qui n'a rien de contraignant[18] :
la « protection forte » est, selon cette association une aberration issue d'un décret adopté dans l'entre-deux tours de la présidentielle de 2002, inventée par la France pour contourner la définition européenne sur la « protection stricte » et permettre au lobby de la pêche industrielle de chaluter dans des aires marines censées être sanctuarisées ;
la « bonne gestion des 30 % d'aires protégées » ne s'est pas traduite dans les faits en 2022-2024, puisque la France s'est opposée au Plan d'action pour l'océan de la Commission européenne, arguant que certaines dispositions conduiraient à impacter fortement la pêche artisanale dans les aires marines protégées (AMP). Ceci a conduit à un statu quo permettant la poursuite de l'intervention de chalutiers industriels. L'Espagne, la France et l'Italie concentrent à eux seuls plus de deux tiers de l'effort de pêche au chalut dans les AMP. L'AMP la plus chalutée en Europe est une AMP française : le Talus du golfe de Gascogne, qui concentre à lui seul plus de 200 000 heures de pêche au chalut en 2023[19],[20].
Financements
Engagements globaux lors de la COP 15
Lors de la conférence de Montréal, les États se sont engagés à mobiliser 200 milliards de dollars de fonds publics et privés chaque année (184 milliards d'euros) pour la mise en œuvre du cadre mondial, notamment les actions de conservation de la nature et l'accompagnement des secteurs économiques dans leur transformation[10]. Par ailleurs le cadre mondial prévoit que l’aide publique au développement atteigne au moins 20 milliards de dollars par an d’ici à 2025 et 30 milliards de dollars d’ici à 2030. Dans un rapport récent, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) note que le montant de cette aide a fortement progressé pour atteindre 15,4 milliards de dollars en 2022[21],[22].
Position du WWF
Dans son rapport Planète vivante 2024, le WWF considère que ce montant de 200 milliards de dollars est très en-deça des vrais besoins. À l'échelle mondiale, plus de la moitié du PIB (55 %) — soit un montant estimé à 58 000 milliards de dollars — dépend partiellement ou entièrement de la nature et de ses services[23]. Pourtant, le système économique actuel accorde à la nature une valeur proche de zéro, ce qui entraîne une exploitation non durable des ressources naturelles, une dégradation de l'environnement et un changement climatique. Les financements sont orientés vers des activités qui alimentent les crises de la nature et du climat : les financements privés, les avantages fiscaux et les subventions qui exacerbent le changement climatique, la perte de biodiversité et la dégradation des écosystèmes, sont estimés à près de 7 000 milliards de dollars américains par an, soit 7 % du PIB mondial[24]. De sorte que les 200 milliards de dollars représentent une somme dérisoire[25].
Selon le WWF, en réorientant seulement 7,7 % des flux financiers « négatifs », le déficit de financement pour les solutions fondées sur la nature pourrait être comblé et fournir des bénéfices pour la nature, le climat et le bien-être des humains grâce à la protection, à la restauration et à la gestion durable des terres et des eaux[25].
Initiatives de financements dédiés : crédits biodiversité
En juin 2023, lors du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial organisé à Paris, la France et le Royaume-Uni ont lancé une initiative commune visant à mettre en place « des marchés de crédits biodiversité à haute intégrité ». Le comité consultatif international (IAPB) mis en place dans ce cadre, coprésidé par Amelia Fawcet et Sylvie Goulard, doit présenter les résultats de ses travaux lors de la COP de Cali[26].
Des initiatives similaires comme la Biodiversity Credit Alliance (BCA), la Coalition for Private Investment in Conservation (CPIC) et le Forum économique mondial participent activement à l'émergence des marchés de crédits biodiversité. La mission économie de la biodiversité de la Caisse des dépôts et consignations dénombre ainsi une cinquantaine d'initiatives impliquées dans les crédits biodiversité, dont elle a établi une cartographie publiée dans un dossier paru en juillet 2024 et qui fait référence[27],[26].
Mécanisme de partage des avantages issus de la biodiversité
Les États doivent également définir lors de cette COP le contour d'un mécanisme financier adopté in extremis dans l'accord de Kunming-Montréal. Les discussions porteront sur le « partage équitable » des bénéfices issus de l'exploitation des données génétiques numérisées. Souvent prélevées dans des pays du Sud riches en biodiversité, ces séquences provenant de plantes, d'animaux ou de micro-organismes sont notamment utilisées par l'industrie pharmaceutique[10].