Le parti effectue une percée aux élections générales de 2014, entrant à l'assemblée nationale avec 6,35 % des suffrages et entrant dans toutes les assemblées provinciales.
Lors des élections générales de 2019, le parti améliore son score, remportant 10,79 % des suffrages et progresse dans toutes les élections provinciales.
Idéologie
L’EFF déclare notamment s’inspirer de la « vaste tradition marxiste-léniniste et des courants de pensée fanoniens pour analyser l’État, l’impérialisme, la culture et les contradictions de classe dans chaque société »[36]. L'EFF se réclame aussi de Thomas Sankara[37].
Il est parfois accusé d'être un parti néofasciste versant dans le revanchisme face aux torts causés aux populations noires dans l'histoire de l'Afrique du Sud, s’appuyant sur les classes moyennes précarisées, tenant aussi un discours hypermasculiniste. Dans ses discours, il accorde également une grande place à l’État[40].
L'intellectuel marxiste Andile Zoulou accuse l'EFF de se focaliser sur les problématiques raciales pour expliquer la pauvreté et l'exploitation de la majorité des Sud-africains et de négliger le rôle du capitalisme. Selon lui, le parti n'est ni fasciste ni progressiste, idéologiquement ambigu et avant tout populiste[41].
Il critique le Congrès national africain et l'Alliance démocratique pour leur position supposément favorable aux entreprises, qui aurait vendu le peuple noir d'Afrique du Sud au capitalisme en tant que main-d'œuvre bon marché. Il promet de lutter contre la corruption, de fournir des logements sociaux de qualité, de fournir un accès aux soins de première nécessité et une éducation pour tous gratuitement, tout en proposant d'exproprier les « terres volées », de nationaliser les secteurs minier et bancaire, de doubler les aides sociales et le salaire minimum et de supprimer le système de péage pour les autoroutes[42]. Le parti soutient la réintroduction de la peine de mort[43],[44], abolie en 1995 sous la présidence de Nelson Mandela. L'EFF était le seul parti parlementaire à s'être opposé au projet de loi de financement du parti politique de 2018[45].
L'EFF a vivement critiqué les chefs d'entreprise noirs et les propriétaires noirs de sociétés minières en Afrique du Sud. Dans une allocution prononcée devant l'Oxford Union en novembre 2015, Malema s'est élevé contre Patrice Motsepe, milliardaire et propriétaire d'une société minière[46],[47].
L'EFF soutient la création d'une coalition englobant tous les partis d'opposition, notamment l'Alliance démocratique (DA), parti de centre droit libéral. Celle-ci a annoncé une coalition avec six petits partis, sans l'EFF, en vue des élections de 2024. "Si le DA nous avait invités, nous serions montés à bord" de ce train, a assuré Julius Malema. "Mais nous ne pouvons pas nous imposer (…) S'ils ne veulent pas de nous, nous travaillerons avec ceux qui veulent travailler avec nous"[51].
Une enquête menée par le centre amaBhungane de journalisme d'investigation a révélé que l'EFF avait reçu 500 000 rands de pots-de-vin d'une entreprise en contrepartie d'un contrat de 1,26 milliard de rands pour la gestion d'une flotte de véhicules utilisés par la ville de Johannesburg avec l'accord tacite de l'Alliance démocratique[63].
Tensions raciales
Le parti s'en prend frontalement à Jacob Zuma lors de la nouvelle session parlementaire de , provoquant l'expulsion de ses membres du parlement lors du discours présidentiel sur l'état de la nation[65].
En , à la suite de l'appel de Julius Malema à détruire tous les monuments et statues liés à l'histoire des Blancs sud-africains (monuments coloniaux, de l'Union d'Afrique du Sud ou de l'époque de l'apartheid), des membres des Economic Freedom Fighters mettent le feu au war memorial de Uitenhage, provoquant la consternation de nombreux résidents de la ville, inquiets pour la réconciliation entre les communautés sud-africaines[66]. Plusieurs autres monuments sont dans les jours suivants victimes de vandalisme (statues de Paul Kruger à Pretoria et à Rustenburg, Horse memorial à Port Elizabeth).
En 2016, les Economic Freedom Fighters participent et mènent plusieurs manifestations à l'université de Pretoria (pour que l'afrikaans ne soit plus une des langues alternatives d'enseignement et soit remplacé par des langues africaines[67],[68]) et à l'université de l'État-Libre (intrusions dans les bâtiments, vandalisme à la suite de bagarres entre manifestants noirs et étudiants blancs[69]), sur fond de persistance des tensions raciales en Afrique du Sud[70].
Lors d'un rassemblement politique en 2018, Julius Malema déclara : « Allez après un homme blanc… nous coupons la gorge à la blancheur »[71],[72]. Cela a conduit l'Alliance démocratique à accuser Malema de racisme[73]. Par la suite, l’EFF a déclaré que la référence à la « gorge de la blancheur » était une référence métaphorique à la destruction du supposé « privilège des Blancs » et ne faisait pas référence ni ne préconisait de causer un préjudice aux Blancs[74].
Lors des célébrations des dix ans du parti, le chef du parti, Julius Malema, provoque une polémique en entonnant le chant «Shoot the Boers» (« Dubul’ Ibhunu »)[75].
Le , à la suite de la publication d'une photo publicitaire d'un enfant noir portant un pull sur lequel il est écrit « le singe le plus cool de la jungle », EFF, jugeant la photo raciste, saccage des magasins vestimentaires de la marque H&M en Afrique du Sud[76],[77].
Notes et références
↑(en) Luke Daniel, « EFF manifesto launch 2019: Five main talking points », The South African, (lire en ligne, consulté le )
↑Sabine Cessou, « L’ANC, aux origines d’un parti-État », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le ).
« South Africa: The African National Congress (ANC) youth leader Jacobs Wife is expelled and forms the rival left-wing Economic Freedom Fighters »
↑(en) George Okello, « South African court orders for arrest of firebrand politician Julius Malema », PML Daily, (lire en ligne, consulté le ) :
« Leader of South Africa’s left-wing Economic Freedom Fighters (EFF) Julius Malema wanted arrested »
↑(en) Alison Williams, « South Africa's left-wing EFF leads latest anti-government protest », Reuters, (lire en ligne, consulté le ) :
« South Africa’s left-wing Economic Freedom Fighters (EFF) led a march on Tuesday calling for a fairer distribution of the country’s wealth, the latest sign of anti-government dissent following a wave of student protests last week. »
↑« EFF Constitution », Economic Freedom Fighters, (consulté le ) : « The EFF subscribes to the Marxist-Leninist and Fanonian schools of thought on its analysis of the State, imperialism, class and race contradictions in every society. »
↑(en) Savious Kwinika, « South Africa: Pan-African EFF Makes Most of Rival Parties' Squabbles », allAfrica, (lire en ligne, consulté le )
↑(en) Vishwas Satgar, « Black Neofascism? The Economic Freedom Fighters in South Africa », Canadian Review of Sociology/Revue Canadienne de Sociologie, vol. 56, no 4, , p. 580–605 (PMID31692263, DOI10.1111/cars.12265, S2CID207894048)
↑ a et b(en) John Campbell, Morning in South Africa, Indiana University Press, , p. 187.
↑ a et b(en) Megan Lewis, Performing Whitely in the Postcolony: Afrikaners in South African Theatrical and Public Life, University of Iowa Press, , p. 62.
↑(en) Vishwas Satgar, « Black Neofascism? The Economic Freedom Fighters in South Africa », Canadian Review of Sociology/Revue canadienne de sociologie, vol. 56, no 4, , p. 580–605 (ISSN1755-6171 et 1755-618X, DOI10.1111/cars.12265, lire en ligne, consulté le )
↑« The EFF Cannot Deliver Radical Change in South Africa », Jacobin, (lire en ligne)
↑(en) « Economic Freedom Fighters on rise in South Africa », The Irish Times, (lire en ligne [archive du ]).