En dynamique, le coefficient de restitution (appelé aussi élasticité au rebondissement) est un coefficient physique qui intervient lors de l'étude d'une collision. Son introduction dans l'étude des chocs de solides réels dans l'air a été suggérée pour la première fois par Isaac Newton en 1687, et c'est pourquoi il est parfois appelé « coefficient de Newton »[1]. Il dépend des caractéristiques physiques des matériaux dont sont faits les corps qui entrent en collision.
Le coefficient, e est défini comme le rapport entre les vitesses relatives après et avant l'impact[2].
On peut l'exprimer de la façon suivante:
Établissement du coefficient
Le coefficient peut prendre des valeurs entre 0 et 1. Un coefficient de restitution supérieur à 1 est théoriquement impossible, et représente une collision qui génère de l'énergie cinétique. Un coefficient de restitution négatif est aussi théoriquement impossible : les deux particules en interaction se « traverseraient » lors du choc.
La valeur du coefficient de restitution s'obtient par le rapport entre la vitesse relative finale et initiale des deux corps considérés:
On montre aisément que la racine du rapport entre la hauteur d'un rebond et la hauteur du rebond précédent donne le même résultat.
Démonstration
En effet on peut considérer deux phases, la phase avant le rebond et celle qui le suit. Lors de ces deux phases on néglige toute force de frottement. Ainsi lors de chacune des phases l'énergie mécanique se conserve. D’où :
On en tire donc :
D’où
Où représente la hauteur de rebond et la hauteur de lâché. De même est la vitesse avant rebond et après rebond.
Collision dans une dimension
Si est la vitesse finale du système, la vitesse initiale du système et le coefficient de restitution, on a simplement .
Quelques valeurs
Les premières valeurs ci-après sont données dans la plupart des mémentos[3], mais on peut vérifier qu'elles ne sont pas différentes de celles données par Isaac Newton dans les Principia[4]. Ces deux livres donnent pour l'acier un coefficient de 5/9 qui est manifestement trop faible. Dans la Dynamique Appliquée de Léon Lecornu, le coefficient de restitution obtenu par percussion de deux billes d'acier est celui indiqué ci-dessous[5].
Solide 1
Solide 2
e
bois
bois
1/2
liège
liège
5/9
ivoire
ivoire
8/9
verre
verre
15/16
acier
acier
19/20
Collision élastique
Si la collision est élastique, , et donc . L'énergie cinétique est conservée.
Exemple :
Un corps A de masse avançant rectilignement à une vitesse , percute un corps B de masse au repos. La collision est élastique, donc . Soit , et les vitesses des corps A et B après la collision.
On applique le coefficient de restitution (et des vitesses relatives) :
On obtient alors les relations :
On voit donc que la particule initialement en déplacement ne s'arrêtera (donc aura communiqué l'intégralité de son énergie cinétique à la particule initialement au repos) que si .
Une collision parfaitement élastique ne s'observe jamais au niveau macroscopique. On considère cependant parfois que la collision est élastique quand son coefficient de restitution est très proche de 1.
Plus particulièrement, ce sont des matériaux durs qui ne perdent pas d'énergie sous forme de déformation, l'exemple typique étant une collision entre deux billes de billard.
Application : rebonds d'un corps
On lâche un corps verticalement, il va donc rebondir, et l'on peut quantifier les grandeurs physiques intervenant dans les rebonds grâce au coefficient de restitution mis en jeu.
Hauteur maximum après rebonds : où est la hauteur initiale (avant de lâcher le corps).
Démonstration
La vitesse atteinte par un corps après une chute d'une hauteur dans un champ de pesanteur est (pour plus d'informations voir Chute libre) :
En considérant que le mouvement est conservé, la vitesse restituée du rebond sera égale à la vitesse de la fin de la chute du rebond , donc :
Et (toujours d'après la formule de la chute libre) :
D’où:
est donc une suite géométrique de premier terme et de raison , ayant par conséquent pour terme général :
Temps après le rebond et avant le rebond :
Démonstration
Pour démontrer cela il suffit de s'intéresser au mouvement plan d'un corps projeté verticalement avec une vitesse initiale (ici, voir Chute libre (physique)). L'accélération est égale à (accélération de la pesanteur).
Donc :
Et l'altitude est finalement égale à :
Au début d'un rebond l'altitude est nulle, donc . Nous cherchons tel que , ce qui revient alors à résoudre :
Ce qui présente deux solutions, , car le corps a une altitude nulle au début du rebond, et :
Pour le e rebond, la vitesse initiale est égale à la vitesse en fin de chute et peut donc s'écrire :
D’où:
Et finalement, grâce à la formule générale de trouvée lors de la dernière démonstration :
Nous retrouvons alors bien :
À l'aide de la dernière relation, le temps total de rebondissement est :
↑(en) Peter M. McGinnis, Biomechanics of sport and exercise, Champaign, IL u.a., Human Kinetics, , 2nd éd., 411 p. (ISBN978-0-7360-5101-9, lire en ligne)
↑par exemple ceux de De Laharpe (vol. 1, p. 211) et H. Küchling (table 8, p. 584).