Les projets de remplacement de la classe Oberon d'origine britannique commencent en 1978. Au début des années 1980, les bureaux d'études de la Royal Australian Navy se prononcent en faveur d'un sous-marin ayant une endurance de 10 000 milles marins (18 520 km) et capable de rester en plongée ininterrompue durant 10 semaines[1], plutôt qu'un achat « sur étagère » d'un bâtiment européen, construit traditionnellement pour de courtes distances et de faibles endurances[2]. C'est pourtant Kockums, un industriel construisant de petits bâtiments devant opérer dans la peu profonde mer Baltique, qui est choisi en 1987 de préférence à HDW. Ce choix, comme celui du F-111C en son temps, est controversé, des rumeurs de corruption (plus tard démenties) apparaissant[3]. Le plus grand défi qu'aura à relever la classe Collins est que, dès 1985, le gouvernementHawke avait décidé que les bâtiments seraient construits entièrement en Australie. Une société ad hoc, Australian Submarine Corporation, est créée à Adélaïde entre Kockums et des partenaires australiens et américains (lesquels fournissent le système de combat). Ce montage industriel génèrera plus tard des tensions considérables entre le constructeur et le client.
Retards, dépassements budgétaires et problèmes techniques et humains
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Le gouvernement envisageait un total de dix sous-marins : six sont effectivement mis en service. Ce programme a couté 5,071 milliards de dollars australiens en 2006[4].
En 2009, la marine manque de personnel qualifié et seuls trois pourraient être envoyés en mission[5].
Le rapport McIntosh-Prescott
Si le premier bâtiment, le HMAS Collins, construit par Kockums, est livré à temps en juillet 1996, le second, construit par Australian Submarine Corporation, accuse un retard de 18 mois. À ce moment, les problèmes techniques et les retards de la classe sont devenus importants. Ces derniers sont si sérieux et si persistants qu'un rapport public est commandé à Malcolm McIntosh, directeur de la Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO) et John Prescott, ancien directeur du management chez BHP.
Le rapport McIntosh-Prescott conclut que les Collins ne sont pas aptes au combat :
« Le problème essentiel des sous-marins de la classe Collins est qu'ils ne peuvent pas offrir des performances aux niveaux requis pour les opérations militaires. Les causes sous-jacentes en sont une myriade de déficiences dans leur design et des limitations opérationnelles conséquentes liées à la plate-forme et aux systèmes de combat[6]. »
Le rapport note que le bâtiment est bruyant et donc vulnérable à une attaque, que la tuyauterie pose de sérieux problèmes (la RAN admettra plus tard qu'elle avait été remplacée en cachette sur le HMAS Collins avant la visite des rapporteurs[7]), que les moteurs cassent régulièrement, que le mauvais dessin de la coque entraîne des turbulences quand le bâtiment est submergé, que le rendu visuel du périscope est flou et que les systèmes de communications et de combat sont dépassés[6].
Le système de combat risquant de n'être jamais complètement opérationnel[8] et le rapport McIntosh-Prescott conseillant son démantèlement, celui-ci est remplacé en 2005 sur les 6 bâtiments de la classe par un nouveau système fourni par General Dynamics/Raytheon[9]. Le problème de signature sonore des moteurs diesels est résolu avec l'aide de l’US Navy[10].
Service actif
En 2002, il est rapporté que le HMAS Sheean « s'est bien débrouillé » durant les deux semaines d'exercices RIMPAC 02 au large d'Hawaï avec l'USS Olympia (SNA de classe Los Angeles). Les deux sous-marins, échangeant les rôles de chasseur/proie, sont crédités du même nombre de tirs au but. Durant son attaque simulée de l'Olympia et de deux destroyers de classe Arleigh Burke, le Sheean lance 28 torpilles. Selon le chef d'état-major de la flotte sous-marine australienne, « un pourcentage respectable de tirs portés par le Sheean à l'Olympia ont été des succès qui auraient détruit le puissant bâtiment américain[11]. » Le Sheean pénètre ensuite le rideau ASM américain et coule virtuellement l'USS Tarawa (LHA de classe Tarawa) et l'USS Rushmore (LSD de classe Whidbey Island)[12].
Cependant, un an plus tard, à la suite de l'accident de l'HMAS Dechaineux, l’Australian Broadcasting Corporation (ABC) rapporte qu'« au moins deux sous-marins de classe Collins ont des problèmes de soudure dans les joints de la coque ». John Moore, député et ancien ministre de la Défense australien, confirme qu'« il y a sans aucun doute des problèmes avec la soudure, mais si vous y dépensez suffisamment d'argent et remplacez suffisamment de soudure, je pense que ce sera hautement utile[13]. » L’ABC rapporte que la profondeur maximale de plongée de la classe Collins, bien que classée secret défense, a été limitée à 200 mètres[14]. Selon The Australian, ces problèmes étaient connus de la RAN depuis mai 2002, date de publication d'un rapport confidentiel énumérant « 67 risques importants de sécurité ».
Ces nombreux problèmes semblent avoir été corrigés et les 6 Collins ont été déclarés opérationnels en mars 2004.
En 2024, des dommages importants causés par de la corrosion sont découverts sur les HMAS Sheean et HMAS Farncomb, et nécessitent des « réparations très compliquées » selon Stuart Whiley, le PDG du chantier naval ASC[15].
Le remplacement de la classe Collins est prévu pour 2025. Le lancement d'études sur le projet, dénommé SEA 1000, est autorisé par le ministre de la Défense australienJoel Fitzgibbon en , tandis qu'un bureau d'études est mis sur place en octobre 2008. Le remplacement est acté par le Livre blanc sur la défense 2009, publié le . D'un déplacement supérieur aux Collins, les 6 à 12 bâtiments[19] seraient à propulsion anaérobie et non nucléaire et entièrement construits en Australie (vraisemblablement par ASC) avec l'utilisation de « technologies australiennes, européennes et américaines[20] », bien que le chantier naval Electric Boat de Groton (General Dynamics) et Lockheed Martin soient donnés favoris[21]. Le rôle des nouveaux sous-marins serait l'attaque de navires de surface et de sous-marins, l'attaque de cibles terrestres, la collecte d'informations, la projection de forces spéciales[22], voire la dissuasion conventionnelle de l'Australie[23],[24],[25]. Tout d'abord estimé à 15 milliards de dollars australiens (12 pour les bâtiments, 3 pour le développement)[20], le coût du programme atteint 34 milliards[19]. Le , l'Australie annonce avoir choisi les sous-marins du programme Barracuda[26],[27],[28].
Cependant, le , le gouvernement australien annonce la rupture du contrat. L’administration américaine de Joe Biden a en effet annoncé le même jour la création d’un vaste partenariat de sécurité dans la zone indo-pacifique entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni. Ce nouveau pacte est appelé « AUKUS », d’après les initiales des pays fondateurs (Australia, United Kingdom, United States). La France, pourtant présente dans la région via ses territoires d'outre-mer, n’a pas été consultée au préalable. Dans le cadre de ce partenariat, l’Australie va bénéficier d’un transfert de technologies américaines et britanniques pour construire des sous-marins à propulsion nucléaire et non plus conventionnels comme ceux retenus initialement par la marine australienne sur la base d'une compétition dont Naval Group fut sorti vainqueur en 2016. Cette annonce a déclenché une crise diplomatique entre la France et ses alliés américains et australiens. La Nouvelle-Zélande a déjà annoncé que ces futurs sous-marins australiens seraient interdits dans ses eaux territoriales. En effet ce pays n'y admet aucun navire à propulsion nucléaire depuis 1985[29],[30],[31], politique actée par une loi de 1987.
Solution à développer au titre de l'AUKUS
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D'ici à l'entrée en service de la solution retenue pour la mise à disposition d'un sous-marin d'attaque nucléaire, les exemplaires de la classe Collins vont devoir subir des refontes afin de porter leur date de retrait du service à 2048, au moins[33]. Saab Kockums AB en attend du gouvernement fédéral une formalisation écrite.
↑(en) Andrew Davies, « Keeping our heads below water: Australia’s future submarine », Policy Analysis, no 16, (lire en ligne)
↑(en) Mark Thomson et Andrew Davies, « Strategic choices: Defending Australia in the 21st century », Strategic Insights, no 45, (ISSN1449-3993, lire en ligne)