Les Chemins de fer russes (connue sous le nom de RJD ; russe : Российские железные дороги, РЖД ; en translittération française : « Rossiïskié Jeleznié Dorogui » ; traduction littérale : « les Chemins de fer russes ») constituent une société à actionnariat étatique gérant les chemins de fer de Russie. Divisés en réseaux régionaux, les RJD exploitent le deuxième plus grand réseau mondial avec près de 85 200 km de voies[5]. Cette compagnie est l'une des plus grosses au monde (elle pèse pour environ 3,5 % dans le PIB russe) et compte près d'un million d'employés. Elle assure 32,7 % du transport de passagers en Russie (près d'un milliard de voyageurs par an) et 42,3 % du transport du fret (environ 1,2 milliard de tonnes par an)[6].
À l'international, les RJD communiquent sous le nom anglais de Russian Railways.
Historique
Héritiers des chemins de fer soviétiques(en) (Cоветские железные дороги, dont le sigle était CЖД) dont ils ont repris le réseau et le matériel roulant positionné en Russie, les chemins de fer russes furent longtemps organisés au sein d'un ministère autonome (ministère des Voies de Communication / Министерство путей сообщения), mais depuis le 1eroctobre 2003 les chemins de fer russes ont le statut de société anonyme par actions (en russe, otkrytoïe aktsionernoïe obchtchestvo), dont l'État russe est le seul actionnaire avec 100 % des parts. Les chemins de fer russes ont hérité de 987 des 2 046 entreprises qui se trouvaient sous la tutelle du ministère des Voies de Communication. Ces 987 entreprises représentant 95 % de la valeur totale des actifs du ministère.
En 2005-2010, la compagnie des chemins de fer russes a lancé un programme de trains à grande vitesse : le premier, le Sapsan, relie Saint-Pétersbourg, Moscou et Nijni Novgorod ; le deuxième, l'Allegro[7], qui est mis en service en , relie Saint-Pétersbourg à Helsinki par Vyborg. Le Sapsan est le train à grande vitesse le plus rapide de la compagnie, son taux de remplissage (selon les chiffres de 2010) est de 84,5 % et sa rentabilité d'environ 30 %[8].
Les RJD ont racheté en 45 % des actions de la banque Kit finance en constituant un consortium avec le groupe minier d'extraction diamantifère Alrosa, afin de renflouer les finances de cet établissement qui avait été particulièrement touché par la crise financière.
En , les chemins de fer russes ont racheté à PSA Peugeot Citroën 75 % du capital de leur filiale de transport et de logistique GEFCO, pour 800 millions d'euros[9],[10].
Le , Vladimir Poutine rend publique sa décision de lancer en 2014 la construction d'une ligne de train à grande vitesse reliant Moscou à Kazan via Vladimir, Nijni Novgorod et Tcheboksary[11]. Cette ligne est de 770 kilomètres, reliant Moscou à Kazan non plus en 11 heures et demie, mais en 3 heures et demie. C'est un investissement qui représente plus d'un trillion de roubles, pour une période de cinq ans[12],[13].
En avril 2022, CMA CGM annonce acquérir la participation de 75 % de Gefco détenue par les Chemins de fer russes, ainsi que la participation de 25 % de Stellantis pour un montant estimé à entre 450 et 500 millions d'euros[14],[15].
Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a annoncé en juin 2008 le lancement d'un programme d'investissement dans le réseau ferroviaire. Programmé jusqu'à l'année 2030, ce programme qui prévoit 600 milliards de roubles (au cours de 2008, environ 20 milliards d'euros) d'investissements prévoit la construction de nouvelles lignes et le renouvellement du parc de matériel roulant. 40 % de ce plan de modernisation devra être financé par les RJD, le complément du financement provenant du budget fédéral et du budget des régions. Au cours des vingt-deux prochaines années devraient être construits 20 000 km de nouvelles lignes, dont 1 500 km de lignes à grande vitesse. Les investissements dans les infrastructures devraient être concentrés dans les régions de l'Altaï, de Touva et de Yakoutie, afin de permettre leur désenclavement et leur développement économique. Le plan prévoit l'acquisition par les chemins de fer russes, pendant cette période, de 3 000 locomotives, 900 000 wagons de marchandises et 29 500 voitures pour passagers.
Programme d'investissements
Le montant des investissements des RJD atteignait en 2012 460,1 milliards de roubles[16].
En 2009, le budget des investissements atteignait 262,8 milliards de roubles (hors TVA), dont :
activisation du développement des infrastructures du nœud ferroviaire de Moscou.
Le ministre des finances de la fédération de Russie, Anton Silouanov, déclare le que le gouvernement se dirige en 2013 vers 300 milliard de roubles pour moderniser les infrastructures des RJD, grâce à l'épargne issue des caisses d'épargnes russes. C'est la Vnesheconombank qui s'occupe des investissements issus des fonds de pension dans des obligations à long terme pour la rénovation des infrastructures des chemins de fer russes. L'idée d'utiliser l'argent « à long terme » des pensions pour des investissements également à long terme dans les chemins de fer revient à Vladimir Poutine en . En , le président des chemins de fer russes Vladimir Yakounine amorce le projet après une réunion avec le Premier ministre de rénovation du BAM pour la somme de 208 milliards de roubles impliquant à cette fin la Caisse nationale de prévoyance, projet en partie financé par l'épargne-retraite par l'émission d'obligations d'infrastructures. La mesure alternative, c'est-à-dire des prêts sur le marché de la dette, a été jugée par M. Yakounine impraticable en raison des taux d'intérêt élevés, et aurait rendu ce projet de rénovation des infrastructures non rentable[17].
Les projets d'avenir jusqu'en 2020 concernant la modernisation et l'agrandissement des réseaux et des infrastructures, sans compter les projets de trains rapides et les projets de trains à grande vitesse, représentent une somme supérieure à 2200 milliards de roubles — soit 2,2 trillion en échelle courte, ou 2,2 billion en échelle longue — (environ 70 milliards de dollars), selon le rapport annuel des RJD de 2011. Sept projets prioritaires sont distingués : l'accès aux ports de la région nord-ouest de la fédération de Russie ; l'accès aux ports du sud de la fédération de Russie ; les infrastructures de la Sibérie-Occidentale et du nord du district fédéral de l'Oural ; le réseau transsibérien ; le BAM ; la ligne Mejdouretchensk-Abakan-Taïchet ; le nœud ferroviaire de Moscou(ru). Cependant la compagnie reconnaît que ses moyens de financement sont insuffisants[18]. En 2021, le chiffre d'affaires de la société s'élevait à près de 20 milliards d'euros[19].
Organisation
L'État, actionnaire unique, approuve la nomination du président de la compagnie, la formation du comité de direction annuel, ainsi que la publication du rapport annuel. Le président de la société est Vladimir Yakounine, nommé le qui succède à Guennadi Fadeïev ( - ). Depuis , Kirill Androssov est le président du comité de direction, succédant à Alexandre Joukov ( - ). Le président Yakounine est assisté d'un premier vice-président, Valentin Gapanovitch, responsable de la politique de développement, et d'un vice-président, Alexeï Vorotilkine, responsable du matériel roulant.
Filiales régionales
Les RJD sont divisés en 16 filiales territoriales régionales :
Les RJD sont actionnaires de plus d'une centaine de sociétés, surtout dans le secteur des transports. Entre autres, les RJD sont actionnaires des compagnies suivantes :
Compagnie centrale des trains de banlieue (Центральная пригородная пассажирская компания), réseau de la région de Moscou, Moscou, 49 %
Transmachholding (Трансмашхолдинг, fabrication de matériel roulant, etc.), Moscou
TransTelekom (ТрансTелеком, télécommunications, réseau interne des RJD), Moscou, 100 %
JelDorIpoteka (Желдорипотека, développement immobilier), Moscou, 100 %
JASO (ЖАСО, assurance), Moscou
La compagnie des chemins de fer russes dispose d'une filiale spécialisée dans les activités de commerce international et représentante de RJD sur les marchés internationaux, RJD Trading Company[22].
En , les RJD ont signé un contrat avec la compagnie espagnole Talgo. Il prévoit la conception de wagons passagers adaptés aux conditions climatiques extrêmes en Russie[27].
Réseau et matériel roulant
Les RJD exploitent un réseau d'environ 85 200 km dont l'écartement de 1 520 mm se différencie de l'écartement standard (1 435 mm) des pays voisins de l'ex-URSS (les anciennes républiques soviétiques ont conservé l'écartement russe). Cet écartement a engendré le surnom de "région 1520". 22 000 km de lignes sont électrifiés en courant alternatif (25 000 volts, 50 Hz) et 18 800 km en courant continu (3 000 volts).
Les RJD possèdent un parc de 20 000 locomotives, 25 000 voitures pour passagers et 650 000 wagons de marchandises. D'autres opérateurs de transport possèdent en tout 270 000 wagons de marchandises. En 2007, les RJD ont consommé 44 milliards de kWh, soit 6 % de l'électricité produite en Russie, et 10 % de tout le gazole consommé en Russie.
Depuis les années 1960, un réseau international de voitures-lits de type universel a été mis en place entre la Russie et les principales capitales des nations d'Europe et d'Asie. Paris est notamment relié à Moscou par le Moscou express.