En 1911, il s'installe pendant un an à Garin (Erzurum en turc), où il remplace le chroniqueur arménien assassiné Yeghiché Topjian pour le journal dachnakHaratch ; il se rend alors régulièrement dans les régions de Moush et de Sassoun, escorté d'une compagnie armée dirigée par Stepan Zorian (aussi connu sous le nom de Rostom)[1]. Il retourne ensuite à Constantinople et intègre la rédaction du journal Azatamart[1].
Il échappe à la rafle des intellectuels arméniens de la capitale ottomane du 24 avril 1915 et vit alors en clandestinité, période durant laquelle il fait parvenir au journal Hayastan de Sofia des informations, des articles sur les exactions exercées envers les Arméniens ; il reconnaît alors le caractère singulier des atrocités qui sont en train d'avoir lieu par rapport aux vexations connues par les Arméniens avant le génocide[2]. Les autorités ottomanes ne parvenant pas à le localiser, elles décident de la déportation de son père à Konya, d'où ce dernier finit éventuellement par s'échapper[1]. Chavarche Missakian est dénoncé par un espion bulgare[1] en tentant de gagner la Bulgarie[5] et finit par se faire arrêter le 26 mars 1916, puis est emprisonné et torturé (il se jette du troisième étage de sa prison pour s'enfuir, sans succès)[2]. Il est condamné à mort mais sa peine est commuée à cinq ans de prison[1]. Il est finalement libéré après l'armistice de Moudros[3].
Après la guerre, il est nommé rédacteur en chef du journal stambouliote Djagadamard, quotidien de la FRA[1],[4]. En 1919, il participe au neuvième Congrès de la FRA à Erevan et est élu au Parlement de l'éphémère Première République d'Arménie[1].
Exil en France
En novembre 1922, Chavarche Missakian est obligé de s'exiler à Sofia, où il se marie avec Dirouhie Azarian[2] (1891-1964), enseignante à Dörtyol en 1913, puis comptable du journal Djagadamard[4]. Il est envoyé à Paris en novembre 1924[3] par la FRA pour animer la toute nouvelle communauté arménienne qui s’y est formée[5]. Il est aussi, et surtout, envoyé dans la capitale française pour participer au dixième Congrès de la FRA (novembre 1924 – janvier 1925)[4]. À l'occasion du Congrès, il est élu élu membre du Bureau de la FRA[1],[3], rôle qu'il tient jusqu'en 1933[1]. Chavarche Missakian participe aussi au journal Troshak, organe de la FRA qui avait déménagé dans la capitale française, dans la deuxième partie des années 1920, avec Arshag Jamalian et Simon Vratsian, dernier Premier ministre de la Première république d'Arménie[6].
Peu après, il fonde 1er août 1925 en son propre nom le journal Haratch, quotidien en langue arménienne[2]. Il paraît sans interruption jusqu'à l'Occupation, moment où Chavarche Missakian, socialiste convaincu (le journal socialiste Le Populaire le désigne comme un « camarade »[7]), saborde volontairement son journal par antinazisme[8], puis le fait reparaître après la Libération[3]. Sa femme y participe en signant des billets d’humeur sous les pseudonymes de Sossi ou Nodji[4]. En 1942-1943, il fait paraître la revue clandestine Haygachên (Հայկաշէն, 2 numéros), puis la revue Aradzani (Արածանի, « Un confluent ») en 1944-1945, qui connaît 3 numéros[9].
En 1945, Chavarche Missakian se charge d’organiser les jeunes de la « nouvelle génération » arménienne de France en fondant le Nor Séround (principale organisation de jeunesse militante, affiliée à la FRA) et en leur offrant un journal, Haïastan[10], qui est encore publié aujourd’hui[5].
Après la Seconde Guerre mondiale, l'URSS autorise et encourage le « Nerkaght », c'est-à-dire l'immigration des Arméniens de la diaspora en RSS d'Arménie, en particulier pour combler les pertes subies par les Arméniens soviétiques pendant le conflit ; environ 150 000 personnes répondent à l'appel. Chavarche Missakian tente alors en vain de décourager les candidats au départ en les mettant en garde contre les fortes déceptions, et leur recommande d'accepter la « rose avec les épines »[11].
↑« Une manifestation commémorative à la mémoire de Mikaelian Varandian », Le Populaire, Parti socialiste, , p. 6 (lire en ligne sur Gallica)
↑Pierre Terzian, « La question arménienne aujourd'hui », Critique Socialiste, Syros, no 44 « Arménie du génocide à l'explosion », , p. 59 (lire en ligne sur Gallica)
↑Anahide Ter Minassian, « La diaspora arménienne », Hérodote, La Découverte, no 53 « Géopolitique des diasporas », 2e trimestre 1989, p. 148 (lire en ligne sur Gallica)