Contrairement à des rumeurs récurrentes accusant Isabeau de Bavière d'avoir négligé ses enfants, les historiens modernes démontrent en réalité qu'elle est restée proche de ces derniers pendant leur enfance[3], en particulier le dauphin qu'elle protège. Elle les fait voyager avec elle, et leur achète des présents et des textes de dévotion. Par ailleurs, dans le contexte d'une épidémie de peste qui éclate en à Paris, elle consent avec difficulté à se séparer de ses enfants pour les envoyer en sécurité loin de la capitale.
L'importance dynastique du dauphin surgit rapidement[1], car Charles VI est atteint quelques mois après sa naissance, le , de sa première crise de démence en la forêt du Mans, qui l'écarte progressivement des affaires gouvernementales et le contraint à déléguer son pouvoir à un conseil de régence, auquel prend part Isabeau de Bavière[4]. La popularité de l'enfant est grande, si bien que son impopulaire tante paternelle Valentine Visconti, duchesse d'Orléans, est accusée en d'avoir tenté de l'empoisonner[5].
Le , le duc Philippe II de Bourgogne, oncle de Charles VI, obtient de son neveu un accord prévoyant les fiançailles de sa petite-fille Marguerite avec le dauphin Charles. Cette future alliance matrimoniale a pour but de rapprocher la famille royale du clan bourguignon, dont les velléités de pouvoir au sein du conseil de régence sont accrues depuis les crises de folie récurrentes du roi. Après la conclusion formelle des fiançailles en , Marguerite de Bourgogne est désignée à la cour sous le titre de « madame la dauphine ».
Toutefois, le dauphin Charles n'épousera jamais sa fiancée, ni ne montera sur le trône de France, puisqu'il meurt prématurément le au château de Vincennes, à l'âge de huit ans. Après sa mort, son corps est acheminé vers la basilique Saint-Denis, où il est inhumé en la nécropole royale auprès de son frère aîné Charles. Ses titres de dauphin de Viennois et de duc de Guyenne sont immédiatement repris par son frère cadet Louis, tandis que Marguerite de Bourgogne est fiancée à ce dernier le [6] et l'épouse le .
(en) Rachel Gibbons, « Isabeau of Bavaria, Queen of France (1385-1422): The Creation of an Historical Villainess », Transactions of the Royal Historical Society, 6e série, vol. 20, (DOI10.2307/3679229, JSTOR3679229).