La famille de Brosses est originaire de la Haute-Savoie et tire son nom d'un fief de Faucigny. Sa filiation est établie depuis l'an 1400[3]. D'autres sources mentionnent que la famille de Brosses, anoblie en 1530 par le duc de Savoie, est originaire de la Bresse, autrefois province du duché de Savoie[4]. La Bresse est rattachée au royaume de France en 1601, au cours du règne du roi de France Henri IV, par le Traité de Lyon. Gustave Chaix d'Est-Ange écrit que la famille de Brosses appartient à la noblesse de robe[5]. Il ajoute que, selon un auteur, elle serait d'origine italienne au XVe siècle[5] mais selon Régis Valette son principe de noblesse prouvé remonte à 1530[6].
Charles de Brosses nait le à Dijon (au palais d'Orange, aujourd'hui 8, place Bossuet) ; il est baptisé en l'église Saint-Jean de Dijon le même jour. Il est le fils de Charles de Brosses seigneur baron de Montfalcon, conseiller au parlement de Bourgogne et de Pierrette Fevret de Saint Mesmin. Son parrain est Charles Fevret de Saint Mesmin, seigneur de Fontette, conseiller au parlement de Metz, son aïeul maternel et sa marraine Françoise Moisson du Bassin, veuve de Messire Pierre de Brosses, baron de Montfalcon, seigneur de Tournay, conseiller au parlement de Bourgogne, son aïeule paternelle.
Ses études et sa carrière
Il fait ses humanités chez les jésuites de sa ville natale où il a notamment pour condisciple Buffon, qui reste son ami sa vie durant. Il étudie ensuite le droit. Il est nommé, à vingt-et-un ans, conseiller à la grand-chambre du parlement de Bourgogne.
En 1739-1740, il effectue un long périple en Italie, en compagnie de Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye (1697-1781)[7], du frère jumeau de celui-ci, Edmond de Lacurne (1697-1779), de Bénigne Le Gouz de Gerland, grand bailli dijonnais (1695-1774), Germain-Anne Loppin de Montmort, marquis de La Boulaye (1708-1767)[8], et d'Abraham-Guy de Migieu, marquis de Savigny[9] (1718-1749)[10]. À son retour, il épouse le Françoise Castel de Saint-Pierre (-Église), petite-nièce de l’abbé de Saint-Pierre, l’auteur de la Paix perpétuelle, fille du marquis de Crèvecœur (-sur-Eure), écuyer de la duchesse d’Orléans, parent du maréchal de Villars. Celle-ci mourut le . Il épouse en secondes noces Marie-Jeanne Le Gouz de Saint-Seine (1747-1778) en . Il devient président à mortier au parlement de Bourgogne, puis premier président en 1775.
Un érudit
Cédant aux incitations de Buffon, lecteur des Petites Lettres de Maupertuis, il rédige l’Histoire des navigations aux terres Australes, compilation de tous les voyages alors connus dans les mers du Sud, précédée d’un plaidoyer en faveur d’une campagne de voyages d’exploration dans ces eaux afin d’y découvrir et exploiter le continent Austral qui, pour des raisons mécaniques, ne pouvait manquer de s’y trouver. Charles de Brosses entretient une correspondance avec l’Écossais Alexander Dalrymple, futur premier Hydrographe de sa Majesté Britannique et concurrent malheureux de James Cook à la tête du voyage de découverte finalement entrepris par ce dernier.
Passionné par l’œuvre de l’historien romain Salluste, c'est pour rechercher le livre perdu de sa grande histoire de la République romaine qu’il part en Italie. Cette recherche s’étant avérée infructueuse, il occupe trente années de sa vie à composer une Histoire de la République Romaine dans le cours du VIIe siècle (1777), dans laquelle, après avoir traduit tous les morceaux conservés du travail de Salluste, il s’efforce d’en combler les lacunes.
De son voyage en Italie, il ramène cependant l’ouvrage qui contribue à établir sa réputation, les Lettres écrites d’Italie, publiées pour la première fois sous le titre Lettres historiques et critiques écrites d’Italie (1799) d’après une mauvaise copie tombée entre les mains d'Antoine Sérieys, puis rééditées par Romain Colomb d’après le texte authentique sous le titre L’Italie il y a cent ans, ou Lettres écrites d’Italie à quelques amis en 1739 et 1740 (1836), avant d’être enfin édité et annoté par Hippolyte Babou sous le titre le plus usité Lettres familières écrites d’Italie (Poulet-Malassis et De Broise, 1858)[12].
Charles de Brosses meurt dans les bras de sa fille après une maladie de trois jours à Paris le ; il est inhumé à Paris dans l'église Saint-André-des-Arts, depuis démolie.
Lettres sur l’état actuel de la ville souterraine d’Herculée et sur les causes de son ensevelissement sous les ruines du Vésuve, Dijon, Desventes, 1750, in-8 : Premier ouvrage qui ait été publié au sujet d’Herculanum.
Histoire de la République Romaine dans le cours du VIIe siècle, par Salluste, en partie traduite du latin sur l’original, en partie rétablie & composée sur les fragments qui sont restés de ses livres perdus, remis en ordre dans leur place véritable ou le plus vraisemblable, Dijon, Frantin, 1777, 3 vol. in-4
Lettres écrites d’Italie :
Lettres historiques et critiques écrites d’Italie, an VIII (1799), 3 vol. in-8 édités par Antoine Sérieys
L’Italie il y a cent ans, ou Lettres écrites d’Italie à quelques amis en 1739 et 1740, éd. Romain Colomb, Paris, Levavasseur, 1836, 2 vol. in-8
Lettres familières sur l'Italie, éd. Yvonne Bézard, Paris, Firmin Didot et Cie, 1931
Lettres d’Italie, nouv. éd. par F. d’Agay, Paris, Mercure de France, coll. « Le temps retrouvé », 1986 et 2005
Lettres familières, texte établi par Giuseppina Cafasso, introduction, notes et bibliographie par Letizia Norci Cagiano, Naples, Centre Jean Bérard, 1991, 3 tomes (édition critique qui fait aujourd'hui autorité)
↑Guillaume Fatio, Pregny, Commune genevoise et coteau des altesses, Pregny, Commune de Pregny, , 340 p., p. 43
↑Régis Valette, Catalogue de la noblesse française, Robert Laffont, 2007, p.53
↑ a et bGustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome 7, pages 203 à 204, « Brosses (de) » (présentation en ligne).
↑Voir l’excellente édition des Lettres d’Italie du président de Brosses, introduction et notes par Frédéric d’Agay, Mercure de France, 1986, 2 vol.
↑Dans un sens plus large que celui, restreint par Jules Dumont d'Urville en 1831, il s'appliquait alors à toutes les îles des Mers du Sud (océan Pacifique).
Charles de Brosses 1777-1977, Actes du colloque organisé à Dijon du 3 au pour le deuxième centenaire de la mort du Président de Brosses, Slatkine, Genève, 1981, 273 p.
Hermann Harder, Le Président de Brosses et le voyage en Italie au XVIIIe siècle, Genève-Moncalieri, Slatkine-CIRVI, Biblioteca del Viaggio in Italia n° 5, 1981
Philippe Foro, « Charles de Brosses entre Salluste et le patrimoine antique de Rome », Anabases. Traditions et réceptions de l’Antiquité, no 5, , p. 149–159 (ISSN1774-4296, DOI10.4000/anabases.3163, lire en ligne, consulté le )
Sylviane Leoni, dir., Charles de Brosses et le voyage lettré au XVIIIe siècle (actes du colloque de Dijon, 3-), Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, coll. « Écritures », 2004
Gilles Bertrand, « Charles de Brosses. Dijon, -Paris, », dans Célébrations nationales. 2009, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, Direction des Archives de France, Délégation aux célébrations nationales, 2008, p. 88-90.