Charles Le Moyne de Longueuil et de Châteauguay, né à Dieppe en Normandie (France) le et mort à Montréal (Nouvelle-France) en février 1685[1], fut une figure marquante des débuts de l'histoire de Montréal. Il fut à la fois interprète pour les langues amérindiennes, officier, négociant et seigneur. Le territoire qu'il s'est vu concéder en 1657 sur la rive sud du Saint-Laurent, à l'est de Montréal, est à l'origine de la ville de Longueuil.
Biographie
Interprète auprès des Amérindiens
Charles le Moyne est le fils de Pierre Le Moyne (ou Lemoine), aubergiste français, et de Judith Du Chesne (ou Duchesne), originaires de Longueil ou possédant des terres à Longueil, situé à une douzaine de km de Dieppe, d'où le pseudonyme de sieur de Longueil. Il serait venu en Nouvelle-France grâce à son oncle maternel, le chirurgien Adrien Du Chesne. Il arrive en Nouvelle-France en 1641 et, à 15 ans, est reçu comme « donné » par les jésuites de la mission en Huronie. Il vit quatre ans à Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons et y apprend des langues amérindiennes. En 1645, il est interprète, commis et soldat à la garnison de Trois-Rivières[2].
Un des premiers chefs militaires de Montréal
En 1646, il se fixe définitivement à Ville-Marie, qui deviendra Montréal. Il est, avec Pierre Picoté de Belestre, l'un des chefs militaires du petit village de Montréal et engage d'incessantes escarmouches avec les Iroquois (de 1648 à 1666)[2].
Il montre notamment son courage en en accourant, avec deux autres Français, pour délivrer les époux Catherine Mercier et Jean Boudard, malgré la présence d'une quarantaine d'Iroquois. Il ne peut toutefois délivrer Catherine Mercier, qui est amenée captive par ses ravisseurs et brûlée vive deux mois plus tard, après qu'on lui ait arraché les seins et coupé les oreilles et le nez[3],[4].
À l’été 1671, il est l'interprète de Daniel de Rémy de Courcelle lors de son expédition au lac Ontario. Il joue à cette époque un rôle diplomatique important entre la Nouvelle-France et les Indiens (notamment en 1682–1683)[2].
En 1657, la famille de Lauson lui octroie, sur la rive sud de Montréal, un fief taillé à même l’immense seigneurie de La Citière ; le fief est agrandi en 1665 (île Sainte-Hélène et île Ronde)[2].
En 1672, les titres de sa seigneurie de Longueuil sont confirmés et accrus. En 1673, il reçoit une concession à Châteauguay. En 1676, Le Moyne réunit tous ses fiefs sous le nom de Longueuil[2].
À l’été de la même année, avec l'aide du père Jean de Lamberville, il contribua à sauver l'expédition du gouverneur de La Barre contre les Iroquois en amenant ces derniers à négocier la paix[2].
En 1668, Le Moyne reçoit ses lettres de noblesse. « Non enregistrées dans les délais prescrits et, partant, théoriquement annulées, ces lettres furent néanmoins reconnues par les autorités coloniales et par le roi lui-même[2].» En 1683, La Barre, en raison de ses mérites dans la guerre contre les Iroquois, le recommande pour le poste de gouverneur de Montréal[2].
Il meurt en et est inhumé dans la crypte de l’église Notre-Dame de Montréal. Il était « le plus riche citoyen du Montréal de son temps[2]».
« Tout ce que Le Moyne pouvait ramasser, il ne le dépensait pas dans une vie dissolue, comme c'était le cas de tant de ses contemporains, mais était investi dans des améliorations à la production. C'est ainsi qu'il devint le possesseur d'une seigneurie modèle. »[5]
Famille et descendance
Charles le Moyne épouse à Ville-Marie le Catherine Thierry (1640–1690), fille adoptive d’Antoine Primot et de Martine Messier. Ils eurent 2 filles et 12 fils, presque tous célèbres[2] :
Jeanne Le Moyne, épouse de Pierre Payen de Noyant, lieutenant de vaisseau, mort à son bord.
Marie-Anne Le Moyne, épouse de Jean-Baptiste Bouillet de La Chassaigne, major des troupes de la Marine au Canada.
Selon les archives de la ville et les travaux de l'anthropologue Marcel Trudel, Charles LeMoyne posséda au minimum huit esclaves soit : François, Marie-Élizabeth, Marie-Charlotte (noirs) ainsi que Marie-Joseph, Marie-Charlotte, Joseph, Jacques-Charles (autochtones,panis). Plusieurs membres de sa famille possédèrent également plusieurs esclaves.
Notes et références
↑Il y a différentes orthographes du nom, Lemoine étant la plus courante, et il est sieur de Longueil qui est un village à une douzaine de km de Dieppe.