Fils d’Andrzej Xawery Chojecki et de Karolina Tarzycka, Chojecki milite très jeune dans la presse nationaliste de gauche, à Varsovie, où il passe sa jeunesse. Ami du poète Norwid, il contribue au mensuel Przegląd Warszawski[n 4]) et le mensuel Biblioteka Warszawska[n 5], de 1840 à 1842. En 1841, il fonde un journal, l’Écho, qui n’a qu’une courte durée[2]. Il est également secrétaire du conseil d’administration des Dyrekcja Warszawskich Teatrów[n 6].
En 1844, ses activités de militant pour la cause polonaise le contraignent, pour échapper à une condamnation politique des autorités russes, à s’exiler en France[3]. Dès l’année suivante, il s’est engagé activement dans les mouvements de gauche européens.
En 1846, il publie Czechja i Czechowie[n 7], sur l’histoire des terres tchèques[4] Il effectue, à l’occasion des révolutions de 1848, de nombreux voyages, souvent politiques, en Europe, notamment comme délégué à la diète révolutionnaire de Prague, d’où il doit s’enfuir, pourchassé par la police autrichienne[3].
En 1849, il devient rédacteur en chef de la Tribune des peuples, l’hebdomadaire politique romantique-nationaliste radical fondé par le poète polonais Adam Mickiewicz[5]. À ce titre, il est en contact avec de nombreux émigrés russes et allemands de premier plan[6], comme Alexandre Herzen[7]. La Tribune des peuples paraît de mars à novembre 1849, avec une interruption par la censure du 14 avril au 31 aout 1849.
Lorsque ses activités militantes lui valent d’être interdit de séjour, le , il quitte la France, le 26 juin suivant, pour l’Égypte[10], recommandé par le père Enfantin[11]. Il y rencontre Gustave Flaubert[n 8]. Il va ensuite en Italie et en Suisse, avant d’être autorisé à revenir en France, en [10]. En , il s’engage dans l’armée turque[n 9], pendant la guerre de Crimée mais, malade, la quitte avant le déclenchement des hostilités[10].
Alors qu’il avait soutenu, jusque dans les années 1850, des idées révolutionnaires-démocrates et utopistes-socialistes, comme dans Rewolucjoniści i stronnictwo wsteczne w r. 1848[n 10], il finit par se rapprocher des cercles savants et intégrer l’élite littéraire parisienne, devenant le familier des frères Goncourt[12]. Le prince Napoléon l’emmène comme interprète dans une croisière en Islande sur le Reine Hortense[n 11], puis, devenu ministre de l’Algérie, le prend sous sa protection et crée pour lui une place de bibliothécaire dans son ministère[13].
Naturalisé français le [14], il préside le conseil d’administration du journal Le Temps[2].
En janvier 1862, Napoléon III lui octroie un poste de bibliothécaire-adjoint du Sénat, remplaçant Étienne Gallois[15]. Il occupera ce poste jusqu’à sa mise à la retraite, en janvier 1896[16].
Il est fait chevalier en 1857 puis officier de la Légion d’honneur le [17]. La même année, il est commissaire général du vice-roi d’Égypte à l’Exposition universelle de Paris[2].
Sous le nom de plume de « Charles Edmond », il a écrit des romans (Souvenirs d’un dépaysé, 1862 ; Le Neveu du comte Sérédine, 1898 ; etc.) et des pièces de théâtre (Il a notamment collaboré aux comédies d’Adolphe d'Ennery et d’Édouard Foussier).
Il a aussi écrit avec Jules Claretie sous le nom de plume commun de « Jules Tibyl ». On lui doit également le livret de l’Aïeule, avec d’Ennery[n 12] et du Dompteur, également avec d’Ennery[20].
Il est l'auteur d’ouvrages sur la Pologne (La Pologne captive et ses trois poètes : Mickiewicz, Krasinski, Slowacki, 1864). Il a lui-même contribué à l’histoire de la littérature polonaise sous la forme d’un roman réaliste, Alkhadar (1854), racontant les vicissitudes d’un conspirateur romantique dans le contexte de la gentry terrienne de la Galice polonaise, ruinée par le capitalisme[6].
Il a également traduit en polonais de nombreuses œuvres en langue française, dont le célèbre roman fantastique de Jan Potocki, Manuscrit trouvé à Saragosse (1847). Après que les sections du roman de Potocki ont été perdues, d’autres fragments ayant été publiés séparément en 1804 et 1813-14, les sections manquantes ont pu être restaurées grâce à la rétro-traduction en français de la traduction polonaise de Chojecki[21].
Notes
↑L’acte de décès de la ville de Meudon mentionne donne le 16 novembre 1822 comme date de naissance.
↑Le dossier de Légion d’honneur donne le 26 décembre 1822 comme date de naissance.
↑Le dossier de la Légion d’honneur donne Lublin comme lieu de naissance.
↑(pl) Czechja i Czechowie : przy końcu pierwszéj połowy XIXgo stulecia, Berlin, F. Schneider, , 270 p. (lire en ligne).
↑Société d'histoire de la Révolution de 1848, Bibliothèque de la Révolution de 1848, t. 23-24, Paris, Société d'histoire de la Révolution de 1848, (lire en ligne), p. 167.
↑ a et b(pl) Jan Zygmunt Jakubowski, éd., Literatura polska od średniowiecza do pozytywizmu (La littérature polonaise du Moyen Âge jusqu’au positivisme), p. 498.
↑Raoul Labry, Herzen et Proudhon, Paris, Bossard, , 248 p. (lire en ligne), p. 608.
↑Voir les index dans la plupart des vingt-six tomes de la Correspondance de George Sand, édités par Georges Lubin, Paris : Garnier, c1964-1991.
↑Emmanuel Desurvire, Charles Edmond Chojecki : patriote polonais, explorateur, soldat, poète, dramaturge, romancier, journaliste, bibliothécaire, t. I, Saint-Escobille, E. Desurvire, , 462 p. (ISBN978-1-4709-7793-1, lire en ligne), p. 94.
↑Emmanuel Desurvire, Charles Edmond Chojecki : patriote polonais, explorateur, soldat, poète, dramaturge, romancier, journaliste, bibliothécaire, t. V, Saint-Escobille, E. Desurvire, , 474 p. (ISBN978-1-291-10088-4, lire en ligne), p. 314.
↑Jean-Claude Polet, Patrimoine littéraire européen : Index général : Anthologie en langue française, t. 13, Bruxelles, De Boeck Supérieur, , 600 p. (ISBN978-2-8041-3162-3, OCLC44747048, lire en ligne), p. 333.
↑Emmanuel Desurvire, Charles Edmond Chojecki : l’œuvre et la vie ; une biographie d’après, Saint-Escobille, E. Desurvire, , 602 p., 24 cm (ISBN978-1-291-66064-7, OCLC909000223, lire en ligne), p. 257.
↑Jules Claretie, La Vie à Paris, 1895, 1896, 1897, 1898, 1899, 1900, t. 11, Paris, Charpentier et Pasquelle, , 436 p. (lire en ligne), p. 346.
Le Ménage Hubert, précédé de Une journée à Bellevue, avec Jules Claretie sous le nom commun de « Jules Tibyl », Paris , Édouard Dentu, 1884, lire en ligne sur Gallica.
Le Neveu du comte Sérédine, scènes de la vie russe, 1898.
Bibliographie
Emmanuel Desurvire, Charles Edmond Chojecki : patriote polonais, explorateur, soldat, poète, dramaturge, romancier, journaliste, bibliothécaire, t. I-VI, Saint-Escobille, E. Desurvire, .
Emmanuel Desurvire, Charles Edmond Chojecki : l’œuvre et la vie ; une biographie d’après, Saint-Escobille, E. Desurvire, , 602 p., 24 cm (ISBN978-1-291-66064-7, OCLC909000223, lire en ligne).
Emmanuel Desurvire, Charles-Edmond Chojecki et ses intimes : Sand, Flaubert, de Goncourt, Proudhon, Herzen, Czosnowska, suivi de son théâtre français, Bonnelles, E. Desurvire, , 265 p., 1 vol. 24 cm (ISBN978-0-244-42088-8, OCLC1111606692)