Château du Raincy

Château du Raincy
Image illustrative de l’article Château du Raincy
Restitution 3D du point de vue depuis le Belvédère, en 1663.
Période ou style Architecture baroque
Type Château
Architecte Louis Le Vau
Propriétaire initial Jacques Bordier
Destination initiale Maison de plaisance
Propriétaire actuel Personnes privées
Destination actuelle Domaine disparu et loti
Coordonnées 48° 53′ 49″ nord, 2° 30′ 56″ est
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Département Seine-Saint-Denis
Commune Le Raincy
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Château du Raincy
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Château du Raincy

Le château du Raincy est un château, aujourd'hui disparu, qui a été construit entre 1643 et 1650 pour Jacques Bordier, intendant des finances, à l'emplacement d'un ancien prieuré de l'abbaye bénédictine de Tiron sur la route de Paris à Meaux, sur la commune actuelle du Raincy (Seine-Saint-Denis). Il a été détruit en 1819.

Histoire

Avant le château classique

Le château de Jacques Bordier

Le château du Raincy du côté de l'entrée.

En 1633, « la terre des Rincis » fut achetée par Jacques Bordier, conseiller d'État et intendant des finances du roi Louis XIII, qui fit construire en 1640, à l'emplacement d'un prieuré tombé en ruine, un château d'une magnificence royale. Louis Le Vau fut chargé de la construction du bâtiment et, selon la tradition, André Le Nôtre des jardins et Charles Le Brun de la décoration intérieure à laquelle travaillèrent également François Perrier, Van Obstal, Charles-Alphonse Dufresnoy, Philippe de Buyster, Louis Testelin et Giovanni-Francesco Romanelli. Entouré de fossés secs et flanqué de cinq pavillons, le château du Raincy était une demeure d'une magnificence royale. Les écuries monumentales pouvaient accueillir 200 chevaux. Le parc de 240 hectares était l'un des plus vastes de la région parisienne. Les travaux coûtèrent la somme fabuleuse de 4 500 000 livres et engloutirent la fortune de Jacques Bordier. Le roi Louis XIV, accompagné de sa mère Anne d'Autriche, vint spécialement inaugurer le château, dont la notoriété était parvenue jusqu'à la cour.

Château du Raincy - Vue de profil - Jean Marot

Vers 1652, Bordier reçut la permission d'enclore le parc dont jusque-là rien ne permettait de le distinguer de la vaste forêt de Bondy.

La princesse palatine, Anne de Gonzague de Clèves

À la mort de Jacques Bordier, en 1660, le domaine passe à son fils, Hilaire Bordier, qui le vend le à la princesse palatine, Anne de Gonzague de Clèves, épouse d'Édouard de Bavière (Pfalz-Simmern), prince Palatin du Rhin.

A son invitation, Molière donne au Raincy en 1664 la première représentation de Tartuffe.

La Palatine est proche du Grand-Condé, père de l'un de ses gendres, Henri-Jules de Bourbon-Condé, qui, l'un et l'autre, séjournent fréquemment au Raincy.

À la mort de la Palatine, en 1684, le domaine passe à ses trois filles, entre lesquelles il reste en indivision, jusqu'à ce qu'elles le vendent en 1694 à Louis II Sanguin, marquis de Livry, premier maître d'hôtel du Roi, capitaine des chasses de Livry et de Bondy.

Le marquis de Livry

En 1697, le marquis de Livry obtient le rattachement du domaine du Raincy à son marquisat de Livry, puis en 1700 le détachement du domaine du Raincy de la paroisse de Bondy et son rattachement à celle de Livry[1]. Proche de la cour, le marquis de Livry reçoit au Raincy de nombreux membres de la famille royale. En quittant Paris après sa visite en 1717, le tsar Pierre le Grand fait étape au Raincy.

A sa mort, en 1723, Louis II Sanguin de Livry a pour successeur, son fils Louis Sanguin de Livry, chef d'escadre des armées navales, chevalier de l'ordre du Roi, qui héberge au Raincy le poète Alexis Piron. Louis Sanguin de Livry meurt en 1741, laissant le Raincy à son fils, Paul Sanguin, aussi premier maître d'hôtel du Roi, mort en 1758.

Après ce décès, son héritier, son frère, Hippolyte François Sanguin, marquis de Livry[2], vend le Raincy en 1769 à Louis-Philippe d'Orléans, duc d'Orléans (1725-1785)[3].

Les ducs d'Orléans

Louis Philippe d'Orléans

En 1769, Louis-Philippe d'Orléans, achète le domaine du Raincy, moyennant un million de livres, en se défaisant de son château de Bagnolet.

Sur ce million, seuls 763 000 livres sont acquittées. Venant d'offrir, en 1767, la seigneurie voisine de Villemomble à Mademoiselle Le Marquis, dite Madame de Villemomble, avec laquelle il entretenait des liens cordiaux, et souhaitant continuer à pouvoir la rencontrer amicalement, il fit pratiquer le percement d'une porte dans le mur d'enceinte donnant sur Villemomble. Il confia la modification des intérieurs à l'architecte Henri Piètre, alors architecte ordinaire du prince.

Il fait aménager une salle à manger et reprendre la distribution intérieure du château. En mai 1773, la partie centrale du château est ravagée par un incendie, mais rapidement restaurée, elle est occupée ensuite par le duc et son épouse morganatique, Madame de Montesson[4].

Il fit redessiner le parc « à l'anglaise » par un certain Pottier, Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis ce dernier, retiré du service militaire, s’était fait une réputation de dessinateur de jardins anglais ; ce fut l'un des premiers parcs à l'anglaise de France.

Vers 1773, c'est ce même Pottier qui le réaménagea et l'agrémenta de cascades artificielles et y fit bâtir des dépendances telles qu'une vacherie et, spécialement sur demande du duc d'Orléans qui était très féru de chasse, un chenil. Un accord fut signé entre le président Hocquart, alors seigneur de Gagny et de Montfermeil, et Louis-Philippe d'Orléans pour la réalisation d'un aqueduc afin d'alimenter les fontaines du château; celui-ci prenait ses sources à la fontaine Martelet, le lac des Sept-Îles, et la fontaine Saint-Fiacre. Une pompe à feu fut construite par un mécanicien anglais nommé Spiring spécialement pour grossir le flux d'eau ; elle pompait une nappe située à 75 m en contrebas, cette dernière serpentait dans le parc sous forme de rivière artificielle et débouchait dans un lac où se trouvait un pavillon bâti sur un rocher en son milieu. Le mur d'enceinte était alors percé de 5 portes d'accès : les portes de Gagny, de Villemomble, de Bondy, de Chelles, et la principale, la porte de Livry au flanc de laquelle se situait un lac, une laiterie, une orangerie située dans le parc de l'actuel lycée Albert Schweitzer ; quant à la porte de Chelles, qui se situait au lieu-dit le petit Raincy, elle abritait un appartement pouvant accueillir un hôte.

L'Ermitage nommé ainsi car d'après Charles Beauquier les jours de réception au château un domestique déguisé en ermite disait la bonne aventure aux invités.

Philippe Égalité

En 1785, le fils de Louis-Philippe d'Orléans, Louis-Philippe Joseph d'Orléans, le futur Philippe Égalité, hérite du domaine après la mort de son père. En 1787[réf. nécessaire], il ordonna d'embellir les jardins, le parc et le château. Pour cela il fit appel à Thomas Blaikie. Ce jardinier écossais renommé, réputé notamment pour la conception du jardin de Bagatelle, dont le style était très en vogue à l'époque, transforma le parc en jardin paysager, une mode arrivant de Grande-Bretagne, et s’appliqua à répartir bosquets et plantations tout en respectant les irrégularités du terrain, comme le veut la conception de ces parcs nouvelle manière. Il y bâtit des installations agricoles, une ferme mais aussi une ménagerie, intégrées au parc paysager. Les fabriques du parc sont connues par de nombreuses gravures et par les tableaux de Carmontelle. La vieille Tour date de la première campagne de travaux, c'est-à-dire de 1777. Les constructions du Chenil, de la Ferme, de la vacherie et de l'orangerie quant à elle eurent lieu au cours des années 1786-1787[réf. nécessaire]. Parmi ces fabriques, il faut citer les maisons russes, construites comme des isbas, qui furent particulièrement célèbres.

Alexander Howatson succéda à Blaikie : ce dernier le trouvait médiocre mais considérait malgré tout qu'il s'occupait avec brio des pelouses du château du Raincy dont il avait la charge.

Louis-Philippe Joseph d'Orléans engagea du personnel d’outre-Manche pour gérer l’ensemble des plantations et activités du parc. Le personnel et leurs familles furent logés dans des maisons individuelles et autorisés à cultiver quelques arpents de terre pour leur propre compte. Progressivement, ce que l’on appellera le « hameau anglais » se constitua et la maison dite du régisseur (18 bis boulevard du Nord) en rappelle le souvenir.

Après la Révolution : divers occupants

M. Sanguin de Livry

Pendant la Révolution française, les sans-culottes saccagèrent le château qui représentait à leurs yeux l'opulence de la monarchie. Le domaine fut confisqué. Il fut racheté par M. Sanguin de Livry, petit-fils du marquis de Livry, qui y donna des fêtes célèbres auxquelles participèrent Madame Tallien, Madame Récamier et le danseur Trenitz.

Claude-Xavier Carvillon des Tillières

Le château passa ensuite à Claude-Xavier Carvillon des Tillières (1801).

Gabriel-Julien Ouvrard

Le munitionnaire Gabriel-Julien Ouvrard, qui louait le château depuis 1799, l'acheta en 1806 mais fit banqueroute l'année suivante. Le château revint à Claude-Xavier Carvillon des Tillières qui le loua au général Junot. Ouvrard confia la démolition et la reconstruction d'un édifice de taille plus modeste à l'architecte Louis-Martin Berthault. Ce dernier remania également le parc. Ce château de construction néo-classique est connu par une gravure de 1808[5].

Napoléon Ier

En 1812, le domaine est racheté par Napoléon Ier.

Laissé à l'abandon, le château fut occupé par l'armée prussienne et dut être détruit en 1819.

Louis-Philippe

Le domaine revint alors au duc d'Orléans, futur Louis-Philippe Ier, qui passa au Raincy, jugé plus sûr que son château de Neuilly, la journée du . Par la suite, il ne s'en servit plus que comme terrain de chasse. Les invités logeaient alors dans les maisons russes.

La révolution de 1848 puis le lotissement du parc

Le domaine fut saccagé lors de la révolution de 1848 et les décrets du et du en dépossédèrent définitivement la famille d'Orléans pour le faire entrer dans le domaine de l'État. Le parc fut loti sous le Second Empire et forma la commune du Raincy, créée en 1869 par division de la commune de Livry[6].

De nos jours

D'après des documents cartographiques de diverses époques, le château du Raincy se trouvait dans l'axe de l'actuelle avenue de la Résistance, légèrement au sud de la mairie. Durant la Première Guerre mondiale, le général Maunoury y établit son quartier général au sein de l'actuel hôtel de ville. On y accédait depuis la route de Meaux (actuelle route nationale 3) par une longue allée bordée d'alignements d'arbres, correspondant à l'avenue Jean-Jaurès, aux Pavillons-sous-Bois, puis à l'avenue Thiers au Raincy.

Certains des objets qui ornaient le château du Raincy se trouvent aujourd'hui au musée du Louvre, notamment des bustes en marbre de Henri II, Charles IX, Henri III et Henri IV. Il ne reste rien des bâtiments, sinon quelques très modestes vestiges de certaines fabriques du parc (le chenil, la ferme – actuelle église Saint-Louis –, une partie de l'orangerie), un étang à l'intérieur du lycée, ainsi que les deux pavillons de garde sur la route de Meaux, qui ont donné son nom à la commune des Pavillons-sous-Bois.

Notes et références

  1. Jean Astruc, Le Raincy "Forêt j'étais ville je suis", Le Raincy, Ville du Raincy, , 200 p., p. 37-38
  2. Etienne Pattou, « Famille Sanguin de Livry et de Meudon », sur racineshistoire.free.fr (consulté le )
  3. Jean Astruc, Le Raincy "Forêt j'étais ville je suis", Le Raincy, Ville du Raincy, , 200 p., p. 37-50
  4. Jean Astruc, Le Raincy "Forêt j'étais ville je suis", Le Raincy, Ville du Raincy, , 200 p., p. 49-59
  5. Alexandre de Laborde, Description des nouveaux jardins de la France et de ses anciens châteaux, Paris, Imprimerie de Delance, , 226 p. (lire en ligne), p. 135-143
  6. Plan général du lotissement du parc du Raincy, dressé par M. Frion, imprimerie de Régnier et Dourdet

Annexes

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Sources et bibliographie

  • Jean Marot, Recueil des plans, profils et élévations des [sic] plusieurs palais, chasteaux, églises, sépultures, grotes et hostels bâtis dans Paris et aux environs par les meilleurs architectes du royaume desseignez, mesurés et gravez par Jean Marot, vues 24, 25, 26, 27, 28 et 29 (Voir)

Articles connexes

Liens externes