Le château est le centre d'une seigneurie ainsi que d'une châtellenie dans le cadre de l'organisation du comté de Savoie.
Le château fait l’objet d’une inscription partielle au titre des monuments historiques par arrêté du [1]. Seules les façades et les toitures sont inscrites.
Situation
Le château de Chevron est situé dans le département français de la Savoie sur la commune de Mercury, dans le bourg, derrière l'église.
Histoire
Gérard, Gérald, Gherard, Gerardus ou Giroldus de Chevron ? (†1061), pape sous le nom de Nicolas II, et dont la filiation n'est pas prouvée, serait né à Chevron.
Le château fut construit par Humbert V de Chevron (1311-1366)[3] en remplacement de celui de Châteaux-Vieux, distant de 4 kilomètres, détruit par un incendie en 1335. Selon Salch, le château appartiendrait au XIVe siècle au comte de Savoie[4]. Le , Humbert de Chevron est investi par le comte de Savoie, Amédée VII, des châteaux et mandements de Chevron et de Bonvillard[5]. Le , le comte de Savoie, Amédée VIII, accorde l'investiture du château de Chevron, du consentement de Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie, sa mère et tutrice, à Humbert, seigneur de Chevron[6].
La mère de François de Sales, Françoise de Sionnaz, naît au château et Gaspard de Chevron Villette (†1630)[3] est le dernier de la famille à y résider. Il passe à la famille de Valpergue par le mariage, en 1634[3], de la sœur de Gaspard, Jeanne-Françoise, avec Charles-François de Valpergue. Charles-Maurice de Valpergue, petit-fils de Charles-François, le vend, en 1684[3], à Philippe de Valpergue, son oncle. Ce dernier ayant épousé Catherine de Bertrand de Chamousset, fille du baron de Gilly, c'est leur fils, Guillaume qui en a la possession en 1713[3] ; parti en Piémont, il vend le château, en 1755[3], à François-Joseph de Sallier de La Tour, marquis de Cordon.
Le château, déclaré bien national est vendu, en 1792, à monsieur François Cléry.
François Moesne l'acquiert en 1828[3] et morcelle le domaine. Il vend une moitié du château à François Chevaillier et l'autre à François Revet ; les jardins et la grange sont eux vendus à monsieur Losserand. En 1831[3], Chevaillier en rachète la demi-part et devenu unique propriétaire le vend à la famille Dunand en 1836[3].
Durant près de deux ans, pendant la Seconde Guerre mondiale, la famille Dunand-Bénéteau, y a caché à ses risques et périls une famille juive de dix personnes ; tous ont survécu. La famille a été distinguée du titre de « Justes parmi les nations » de Yad Vashem et de l'État d'Israël en récompense de leur courageuse attitude.
Description
Le château de Chevron a été construit au XIVe siècle et remanié au XVIIe siècle. La façade ouest a seule gardé des traces de son passé. La tour est percée à ses différents niveaux de meurtrières et sa façade s'éclaire par de larges fenêtres à meneaux. Les armes de la famille de Chevron Villette, qui en surmontent l'entrée principal et l'escalier à vis, peuvent être datés du XIVe siècle.
À la fin du XIXe siècle, on a détruit deux tourelles, placées devant le château à 20 m de celui-ci sur ses côtés nord-ouest et sud-ouest. Il reste, aujourd'hui, les vestiges de l'ancienne chapelle castrale, dédiée à sainte Catherine, dans une tour ronde situé à 10 m en devant de l'angle sud-est du château, où se faisait l’accès principal. Cette chapelle présente une voûte sur croisées d'ogive constitué de huit nervures et dont le sommet arbore une rosace en saillie. Elle s'éclaire par une fenêtre romane ; quant à la porte, elle a fait place à une cheminée. Une frise circulaire, dont il reste des traces, était peinte à la base du dôme.
Un bâtiment, au nord, distant de 40 m du château, abritait les caves, les écuries ainsi que les prisons.
Châtellenie de Chevron
Le château de Chevron est le siège d'une châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum)[7]. La châtellenie est constituée de sept villages[7].
Jacques Paquelet est mentionné comme châtelain et receveur de mars 1523 à mars 1531[8]. Dans le comté de Savoie, le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[9],[10]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[11]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[12].
↑Trésor des chartes des ducs de Savoie, op. cit., p. 26.
↑ a et bBernard Demotz, « La noblesse et la guerre dans la Savoie médiévale », dans Jacques Paviot et Jacques Verger, éditeurs scientifiques, Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge : Mélanges en l'honneur de Philippe Contamine, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, (ISBN978-2-84050-179-4), p. 197-205.
↑Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN978-2-85944-438-9), p. 237-257.
↑Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
Marius Hudry, Histoire des communes savoyardes : Albertville et son arrondissement (vol. 4), Roanne, Éditions Horvath, , 444 p. (ISBN978-2-7171-0263-5), p. 77-80. ([PDF] lire en ligne)
Michèle Brocard (ill. Edmond Brocard), Les châteaux de Savoie, Yens-sur-Morges, Éditions Cabédita, coll. « Sites et Villages », , 328 p. (ISBN978-2-88295-142-7), p. 174-175.