Un camion rempli de 47 000 litres de GPL rate un virage terminant une longue et sinueuse descente sur l'axe principal du village, la route nationale 4, et s'encastre dans le parapet droit du pont de la Sûre, la rivière locale. Le camion explose en plein cœur des deux villages, détruisant plusieurs maisons et allumant des dizaines d'incendies[1].
De par les taxes sur le carburant et les produits de luxe qui sont bien moins élevées au Luxembourg qu'en Belgique, la route est jalonnée, sur son côté oriental (donc luxembourgeois), de stations-service proposant à prix grand-ducaux, le carburant, les alcools et le tabac notamment.
À l'époque, la « nationale 4 » est l'unique grand axe reliant le centre de la Belgique (Bruxelles et Namur), et l'au-delà, au sud (Bastogne, Arlon puis Luxembourg-ville) (les autoroutes E42 et E411 n'existant pas encore à ce moment-là). Elle est en effet à quatre voies sur la majorité de son tronçon, sauf lors de la traversée de certains villages de l'Ardenne belge, comme Martelange par exemple. Elle est donc très fréquentée et ce par tous types de véhicules, y compris les camions. Traversant le massif ardennais c'est une route réputée pour ses montées et descentes sinueuses et sa dangerosité en période hivernale, vu le climat de la région.
L'accident
Le lundi , vers 11 h 50, un camion citerne de la société Cargaz rempli de 47 000 litres de GPL, entame sa descente dans Martelange par la N4. Il a pour destination la France et est en provenance des Pays-Bas via Bastogne. Arrivé en bas de la sinueuse pente, le poids lourd rate le virage à l'entrée du village pour une raison inconnue. Les causes avancées sont une vitesse excessive, une anomalie des freins ou une distraction du chauffeur mais rien ne sera jamais établi avec certitude. Il en résulte que le semi-remorque s'encastre dans le pont de la Sûre, la rivière locale, et explose en quelques secondes.
La déflagration des 47 000 litres de GPL souffle des dizaines de maisons et allume autant d'incendies. La citerne du camion est projetée à 400 mètres de là et retombe sur le toit d'un atelier, rue de la Hardt. La cabine est catapultée sur la station serviceAral, à 60 mètres de l'autre côté du pont, dans le village voisin de Rombach, au Grand Duché. Cette dernière s'embrase et explose également, entrainant un effet domino enflammant d'autres stations et d'autres maisons aux alentours. Une voiture située non loin, s'enflamme instantanément et les secours en retireront quatre cadavres calcinés. La plupart des maisons du village ont leurs vitres brisées ou leurs toitures soufflées. Les blessés se comptent par dizaines, autant que les corps jonchant le sol.
Vingt-deux personnes meurent dans cette catastrophe, dont le conducteur du camion, et 47 sont blessées[2].
Bilan matériel
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Tout le centre du village ainsi que celui de Rombach (le village jouxtant Martelange mais côté luxembourgeois, donc de l'autre côté de la route), fut détruit, soit par le souffle des explosions du camion et des stations services, soit par le feu.
Les causes
Les causes ne sont pas connues. On avance la défaillance des freins du camion, une vitesse excessive ou la distraction du conducteur, mais ce n'est que spéculation, les indices étant presque tous calcinés et le chauffeur décédé.
Les conséquences
Aménagement de la nationale 4
La N4 a été modifiée à l'entrée nord du village, en haut de la côte, en élargissant un virage. On ne passe donc plus devant le monument du sanglier mais bien derrière.
Un projet de contournement de Martelange fut étudié mais jamais concrétisé[3], particulièrement après l'ouverture des autoroutes A4/E411 (en 1988) et A26/E25 (en 1989), qui désengorgèrent le goulot d’étranglement que représentait Martelange sur la nationale 4[4].
L'entrée du village en venant de Bastogne fut équipée à deux reprises de dispositifs permettant l'arrêt d'urgence d'un camion dont les freins seraient défaillants. Ce sont deux bandes de gravier et de sable le long de la route dans le sens de la descente, conçues pour qu'un camion s'y enfonce et s'y arrête avant le village.
Autres conséquences
C'est à la suite de cette catastrophe que s'accéléra la professionnalisation des pompiers de la province de Luxembourg. La caserne d'Arlon fut la première à franchir le pas en 1967 puis ce fut au tour de celle de Marche-en-Famenne, qui devinrent tous deux des corps de classe Y. Il fallut attendre la fin des années 1990 pour que, petit à petit, d'autres casernes plus modestes emboitent le pas. Elles sont aujourd'hui toutes réunies sous la tutelle de la Zone de secours Luxembourg, qui couvre tout le territoire provincial et compte environ 200 pompiers professionnels en 2017, ainsi que 500 pompiers volontaires.