Carlingford se trouve à environ 27 km au nord-est de Dundalk (par la route) (15,6 km à vol d'oiseau), 90 km au nord de Dublin et 11 km au sud de la frontière avec l'Irlande du Nord.
La ville conserve un cheminement médiéval aux ruelles étroites.
Dans la rue Tholsel se trouvent la dernière porte de la ville fortifiée médiévale, appelée le " Tholsel", qui, apparemment, servait également de prison.
La rue Tholsel abrite encore un « hôtel de ville » du XVIe siècle, connu sous le nom de « The Mint ».
Histoire
Époque médiévale
Carlingford a été occupé au XIIe siècle par les Normands sous le commandement d'Hugh de Lacy dès le début de la construction du château sur un éperon stratégique rocheux.
Un village s'est alors installé près de cette forteresse. Le château est connu sous le nom de King John's Castle à la suite d'une visite du roi en 1210.
C'est maintenant une vaste ruine assise sur un rocher solide dont les côtés sont entourés par la mer.
Les montagnes s’élèvent à l’intérieur des terres, à leur pied se trouve un étroit passage précédemment commandé par la forteresse.
Années prospères
La position stratégique de Carlingford sur la côte est de l'Irlande (avec Carrickfergus et Drogheda) en a fait un port de commerce important. Ce commerce a conduit à sa prospérité relative aux 14ème, 15ème et début du XVIe siècle.
En 1388, la ville fut réduite en cendres par une armée écossaise sous le commandement de William of Nithsdale. Il s'agissait d'un raid punitif à la suite d'attaques irlandaises contre Galloway dont le seigneur était le père de Nithsdale, Archibald Douglas.
Carlingford a reçu cinq chartes au total.
La première en 1326 d' Édouard II et la dernière en 1619 sous James I. L'essor du commerce a incité des marchands à s'installer dans la région. La prospérité de l'époque a permis la construction du Mint et du château de Taeffe.
En 1637, l'inspecteur général des douanes publie un rapport compilé à partir des droits dus par chaque port et leurs "annexes".
Carrickfergus est le premier à figurer sur la liste, suivi de Bangor, Donaghadee et Strangford.
Carlingford et Coleraine doivent chacun 244 £ de droits et sont à rang égal[3].
Carlingford était réputée pour ses huîtres vertes, sa principale source d’activité, de pair avec la pêche au hareng. Les huîtres étaient appréciées partout en Grande-Bretagne et en Europe[4].
Guerres et ruine
La rébellion irlandaise de 1641, déclarée par les Irlandais d'Ulster, la conquête cromwellienne de 1649, et les guerres williamites qui ont suivi en 1690 ont eu des conséquences néfastes sur l'économie locale. Isaac Butler signale : à Carlingford, la ville était en "état de ruine" en 1744[5]. Le « dernier clou du cercueil » fut la désertion en eau libre des riches bancs de harengs qui occupaient le lough au début du XVIIIe siècle.
Ère moderne
L'incapacité de Carlingford à utiliser un matériel moderne d'envergure a permis à son agencement médiéval et à ses vestiges historiques de rester relativement intacts. La région fut ouverte au tourisme dans les années 1870 par la ligne de chemins de fer de Dundalk, Newry et Greenore qui passait par Carlingford.
Cette ligne a été fermée en 1951. Ces moyens de transport ont fait du tourisme une source essentielle d’emplois.
La pêche était également importante économiquement ; en particulier les huîtres et les crabes du port voisin.
La ville accueille le festival annuel des huîtres de Carlingford qui a généralement lieu en août.
Un ferry part permet de relier le village d'Omeath à 5 km, pendant les mois d'été.
Le jour des élections législatives irlandaises de 1918, le groupe de Camlough des Irish Volunteers se rendit en train de Newry à Carlingford. À son arrivée, un grand nombre d'habitants de Carlingford portaient les drapeaux de l'Union Jack.
Les volontaires ont ordonné à tous les militaires de la Couronne qu'ils avaient vus en service dans les rues ou dans les salles de vote de retourner dans leurs casernes et d'y rester pendant leur présence à Carlingford. Des attaques ont été perpétrées sur les volontaires par des groupes dans les rues. Les volontaires ont cherché à protéger les électeurs qui se rendaient aux urnes jusqu'à la fermeture des isoloirs. Seamus Lyang de Dundalk était commis au scrutin à Carlingford et lorsque les bureaux de vote ont fermé leurs portes, les volontaires ont dû prendre Lyang sous leur protection et l’escorter hors de Carlingford. Tous les cafés et les commerces de Carlingford étaient hostiles aux volontaires et refusaient de les servir. Après la clôture du scrutin, les volontaires sont rentrés à Camlough.
King John's Castle. Bien que la partie occidentale ait été commandée par Hugh de Lacy avant 1186, le château doit son nom au Roi John (le frère de Richard Cœur de Lion) qui est venu à Carlingford en 1210. La partie orientale a été construite au milieu du XIIIe siècle avec des modifications et des ajouts des XVe et XVIe siècles.
Dans les années 50, le Bureau des travaux publics (OPW) a entrepris des travaux de conservation afin de stabiliser la structure. Une vue sur la jetée nord et le lough est possible depuis la zone d'observation située du côté est du château. Le château lui-même est fermé au public pour des raisons de sécurité.
Château Taaffe / Merchant House. Hôtel particulier fortifié qui, selon la tradition locale, appartenait à la riche famille de Taaffe qui a obtenu le titre de comte de Carlingford en 1661. Cependant, rien ne permet de penser qu'il ait appartenu aux Taaffe. Les premières cartes topographiques prouvent qu'il existait déjà avant que cette famille reçoive son titre de comte de Carlingford. Les Taaffe résidaient principalement à Sligo.
Les bâtiments situés à proximité du port suggèrent un dépôt commercial au rez-de-chaussée, les étages supérieurs étant réservés à la résidence. La construction suggère deux phases : la tour principale construite au début du XVIe siècle et l'extension latérale édifiée plus tard.
The Tholsel. L'"entrée de ville" est le seul exemple subsistant de son genre à Carlingford et l’un des rares existant en Irlande. La fonction initiale, contrôlée par une police armée, consistait à prélever des taxes sur les marchandises entrant dans la ville - les meurtrières sur les murs en témoignent. En 1834, l'édifice fut utilisé par la corporation des notables de Carlingford pour ses réunions et une assemblée l'aurait occupé pour élaborer des lois dans le cadre de "The Pale".
Le bâtiment a également été utilisé comme prison au XVIIIe siècle.
The Mint. Maison de ville fortifiée de trois étages appartenant à une riche famille de marchands située dans le centre de Carlingford. Bien que le droit de battre monnaie n'ait pas été accordé à Carlingford avant 1467, il est peu probable qu'il ait été réellement utilisé à cet usage. [citation nécessaire] La caractéristique la plus remarquable est constituée par les cinq fenêtres en calcaire très décorées. Les motifs sont un exemple de l'influence de la Renaissance celtique sur l'art au XVIe siècle.
Abbaye de Carlingford. Les Dominicains se sont établis à Carlingford en 1305, principalement à l'initiative de leur maître, Richard Óg de Burgh, second comte d’Ulster, le couvent lui-même étant dédié à St. Malachie. Dissous en 1540 par Henri VIII, il devint l'objet de conflit entre les Dominicains et les Franciscains dans les années 1670. Les Dominicains obtiennent son attribution par Oliver Plunkett. Le monastère a été abandonné au XVIIIe siècle par les Dominicains au profit de Dundalk. Les vestiges d'aujourd'hui consistent en une nef et un chœur séparés par une tour. Il reste des vestiges de bâtiments d'époque au sud, autour d'un ancien moulin.
Mur fortifié de la ville. Confié par charte en 1326 par Édouard II aux hommes de loi de Carlingford, il leur permit de procéder à l'encaissement d'une taxe pour sa construction. Il est probable que le mur ait eu un fossé extérieur pour renforcer ses défenses. Son objectif était de servir de barrière pour garantir que les marchandises entrant dans la ville passent par une porte de ville (et puissent donc être taxées), mais elle avait également pour but de créer une frontière entre Gaels et Normands.
Ghan House. Une maison géorgienne construite par William Stannus en 1727. Elle est entourée de murs à créneaux et comprend une tour de garde. Le premier étage contient le salon avec un plafond décoratif en plâtre rococo de guirlandes de fleurs et de bustes en médaillons réputés être des dames Stannus. Le sous-sol contient deux passages souterrains (maintenant bloqués) qui menaient à l'actuel Centre du patrimoine.
The Spout. Fontaine construite vers 1830 : ouverture à tête segmentée, mur en calcaire à couches aléatoires, renforts en fer et en béton, tuyau circulaire en fonte, entonnoir triangulaire en béton coulé supportant un pilier recouvert de mousse, grille en fonte à la base. Ce mobilier urbain inhabituel, alimenté par une source naturelle, est l’un des nombreux témoins historiques du passé de Carlingford. Une plaque indique : "Ce bac et la source qui l'alimente sont une survivance rare du temps où les services publics d'approvisionnement en eau occupaient une place importante dans la vie urbaine. Son eau étanchait autrefois la soif de l'homme et de la bête, tout en fournissant de l'eau pour les tâches ménagères[Note 1]."
Église de la Sainte Trinité. Don de l'église d'Irlande à Carlingford. Cette église médiévale restaurée est également connue sous le nom de « Holy Trinity Heritage Centre ». Les expositions à l'intérieur exposent l'histoire de Carlingford, des Vikings à nos jours. Les récitals musicaux y sont fréquents.
Market Square. À présent rue principale de Carlingford, c'était le lieu d'un marché hebdomadaire dont la création remonte à 1358. C’est maintenant l’intersection de la rue Dundalk avec le début de River Lane.
Transports
La gare de Carlingford a ouvert ses portes le . Elle a définitivement fermé le [6], lorsque les chemins de fer de Dundalk, Newry et Greenore (Dundalk, Newry and Greenore Railway) ont cessé leurs activités.
En 1948, le film Saints and Sinners est tourné à divers endroits autour de Carlingford, dont une scène à la gare pour l'arrivée d'un train DN & GR (Dundalk, Newry and Greenore Railway).
La ligne 161 des bus Éireann est en service du lundi au samedi. Elle offre sept trajets à destination de Dundalk via Greenore et quatre trajets à destination de Newry via Omeath. Ce service ne fonctionne ni le dimanche ni les jours fériés[7].
Le dimanche, la ligne 701 de Local Link Louth Meath Fingal, desservie par Halpenny Travel, assure trois trajets vers Dundalk et trois trajets vers Newry via Omeath.
Personnalités locales
Thomas D'Arcy McGee (13 avril 1825, Carlingford - 7 avril 1868, Ottawa, Ontario, Canada) fut le premier homme politique canadien à être assassiné, probablement par un Fénien. Ancien politicien radical, McGee est devenu un modéré et a exhorté les catholiques irlandais à traiter leurs griefs par des méthodes parlementaires plutôt que par la force.
Peter Boyle (26 avril 1876, Carlingford - 24 juin 1939, Doncaster (Royaume-Uni), dans le Yorkshire, en Angleterre), footballeur. Couronné cinq fois pour l'Irlande, a joué avec les vainqueurs de la FA Cup Sheffield United FC en 1899 et 1902.
Daniel Joseph Anthony "Tony" Meehan (2 mars 1943 - 28 novembre 2005), musicien né à Londres, membre fondateur du groupe The Shadows, avec Jet. Harris, Hank B. Marvin et Bruce Welch. Il a joué de la batterie sur tous les premiers hits de Cliff Richard et The Shadows. Il est enterré dans le cimetière de Carlingford.
Terry Brennan (né le 24 mai 1942), politicien irlandais du Fine Gael. Il a été sénateur.
↑(en) « The plaque reads: "This trough and the spring which feeds it, is a rare survival from the days when public water utilities were an important part of urban life. Its water once slaked the thirst of both man and beast as well as providing water for household tasks." »
↑(en) « Carlingford », sur Placenames Database of Ireland (consulté le ).
↑(en) O'Sullivan, Aidan et Breen, Colin, Maritime Ireland. An Archaeology of Coastal Communities, Stroud, Tempus, , 256 p. (ISBN978-0-7524-2509-2), p. 212.
↑(en) Philip Dixon Hardy, The Dublin penny journal . Volume 1, Issue 1, Carlingford, JS Folds, , p. 25.
↑(en) Journal of Isaac Butler, 1744. Itinerary of a journey through counties Dublin, Meath, Louth, containing drawings, inscriptions, historical references, quaint descriptions of springs habits and customs, (lire en ligne).