La butte des Moulins était d'origine à la fois naturelle et artificielle. À l'origine, elle a été constituée par la Seine lors de sa grande extension pendant la période glaciaire, où elle s'étendait de son lit actuel jusqu'à l'emplacement des grands boulevards actuels[1]. Le fleuve avait érodé des terrains plus tendres autour de la butte en la dégageant.
Mais, à partir du Moyen Âge, cette butte a aussi été renforcée avec des gravats, les déblais des remparts démolis et aussi des immondices diverses plus ou moins enterrées.
À partir de 1536, la butte fut couronnées de moulins[2] éponymes.
La butte des Moulins sur le plan de Dheulland (1552).
La butte des Moulins sur le plan de Mérian (1615).
La butte visible sur le plan de Jacques Gomboust (1652).
Les travaux de construction furent repris sous Louis XIII : on abaissa la butte de moitié en 1615 et l'on traça douze rues dont la rue des Moulins en 1624 ; les moulins subsistèrent toutefois jusqu'à la fin du XVIIe siècle[2].
Cette butte, comme la butte Saint-Roch sa voisine, furent incorporées dans Paris lors de la construction de l'enceinte de Louis XIII. Elles étaient des endroits très mal famés[4]. Ces deux buttes qui étaient couvertes de sordides masures comprenaient des logis de mendiants, de faiseurs de tours, de montreurs d'ours, de sorciers et de charlatans. Sur les pentes, comme sur celles de la butte voisine, il y avait des guinguettes et des cabarets qui vendaient du vin de Suresnes ou du clos Georgeau[5] tout proche, qui fleurissaient grâce au voisinage du marché aux pourceaux.
La butte des Moulins fut totalement nivelée avec la butte Saint-Roch lors du percement de l'avenue de l'Opéra au cours des années 1870. Ces travaux amenèrent la suppression de plusieurs rues secondaires du secteur, telles que la rue des Moineaux et la rue des Orties.
Dans le roman La Débâcle d'Émile Zola, pendant la Commune de Paris de 1871, c'est « rue des Orties, en haut de la butte des Moulins, dans une maison à six étages, une étroite chambre meublée, une sorte de belvédère, d'où l'on voyait la mer sans borne des toitures, depuis les Tuileries jusqu'à la Bastille » que logea Maurice qui, ayant quitté l'armée, allait participer à la Commune.
Notes
↑Danielle Chadych et Dominique Leborgne, Atlas de Paris. Évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, , 199 p. (ISBN2-84096-154-7), p. 15.