Une jeune Américaine, Ann Lake, vient d'emménager à Londres avec sa fille Felicia Lake, surnommée Bunny. Son frère, Steven Lake, qui réside à Londres, l'aide à s'installer. Lorsqu'elle vient chercher sa fille à l'école, Ann Lake ne retrouve pas Bunny. Steven la rejoint pour l'aider. Ils recherchent l'enfant dans tous les recoins de l'école, en vain.
La police est rapidement prévenue, et l'enquête commence sous la direction du superintendant Newhouse. Celui-ci, voyant les recherches ne pas aboutir, remet en cause l'existence même de Bunny Lake. Il s'intéresse alors au lien particulier entre Ann Lake et son frère, en les interrogeant notamment sur leur enfance. Il découvre qu'Ann, petite, avait eu une amie imaginaire : une petite fille dénommée Bunny.
Lorsqu'Ann retrouve par hasard un objet prouvant l'existence de la petite fille, tout bascule... La présence d'esprit d'Ann et l'opiniâtreté de Newhouse permettront de résoudre l'énigme de la disparition de Bunny Lake.
« L'originalité profonde de ce film réside dans son style, cette fluidité constante que Preminger maintient de bout en bout. Une tension progressive n'est pas le but recherché. La mise en scène ne se resserre pas peu à peu sur des personnages et des situations de plus en plus tendus [...]. Il respecte constamment une réalité qui, sous nos yeux, se métamorphose et qu'il enregistre simplement. Ces longs plans filés, cette sérénité de la mise en scène opposent encore aux scènes convulsives de la fin, un regard apaisé, une attention scrupuleuse, à la limite antidramatique. »
« Malgré un climat propre du cinéma fantastique traditionnel (une clinique de poupées, des enfants qui disparaissent, des cauchemars, la nuit au quartier de Soho), c'est surtout la rigueur mathématique du scénario et de son impeccable logique qui séduit l'intelligence du spectateur : pas une contradiction, pas un détail en plus ou en moins, pas une faille dans l'exposé. Bien sûr le spectateur est trompé mais pas par le réalisateur ! [...] Une fois de plus, au-delà d'une trame dramatique passionnante, Preminger raconte la lutte de l'esprit humain contre le monde qui l'entoure et les pressions morales qui le conditionnent. »
« La psychopathologie fournit aux thrillers une mine inépuisable de situations rocambolesques à l'aide desquelles, pourvu que l'on ait du métier, on peut bâtir un film honnête. [...] D'un genre sans doute secondaire, mais d'une mise en scène impeccable, sans longueurs inutiles comme sans effets d'ordre viscéral (tels que la "musique" ou les "éclairages" dont souffrent les films d'épouvante)[3]. »
« Œuvre très intrigante, Bunny Lake marque le retour de Preminger au film noir treize ans après le remarquable Un si doux visage. À nouveau le réalisateur excelle à créer une atmosphère — ici plus angoissante que désespérée — grâce notamment à un judicieux emploi du noir et blanc.[...] À noter la remarquable interprétation de Laurence Olivier en inspecteur quotidien et abrupt. »
La disparition mystérieuse d'un personnage que personne ne semble avoir vu et dont l'existence même finit par sembler douteuse constitue la clef du scénario d'Une femme disparaît (The Lady Vanishes, 1938) d'Alfred Hitchcock, bien que ce film soit un huis clos, contrairement à celui de Preminger.
L'argument du film (la disparition d'une petite fille dont l'existence même est remise en cause et l'obstination de sa mère à la chercher) a été repris dans Flight Plan de Robert Schwentke en 2005, avec Jodie Foster. À la différence du film de Preminger, mais comme celui de Hitchcock, ce film est un huis-clos.
Notes et références
↑Frédéric Vitoux, Midi/Minuit Fantastique n° 14, juin 1966.