Tighina est le théâtre du principal affrontement de la Guerre du Dniestr, l'autre étant la centrale hydroélectrique(en) de Dubăsari. La bataille, qui s'est déroulée dans les faubourgs de la ville, est l'incident le plus sanglant et le plus important du conflit[1].
Concernant les affrontements du 19-, les médias russes ont accusé les troupes moldaves de s'être livrées à des exécutions sommaires de civils et d'avoir pris pour cible des ambulances[2]. Le , le cessez-le-feu étant en négociation, la journaliste française d'origine moldave Olga Căpățînă filme un tir transnistrien d'artillerie qui anéantit un car de civils (surtout des femmes), trois autres véhicules, une vedette des garde-frontières moldaves et quelques maisons à proximité de la forêt de Hârbovăț/Гербовецкий (limite ouest de Bender-Tighina) : les artilleurs du groupe opérationnel des forces russes en Transnistrie, voyant du mouvement, pensaient tirer sur « d'importantes concentrations de forces moldaves »[3] et les tirs font, selon Olga Căpățînă, 112 morts. Selon les témoignages qu'elle a recueillis, de nombreux civils ont péri, non pour avoir été sciemment mitraillés, mais parce que les combattants tiraient en aveugle sur les positions adverses[4].
Olga Căpățînă affirme que le nombre des victimes de la guerre du Dniestr s'élève à environ 3 500 morts et autant de blessés, et non 6 000 à 8 000 morts comme l'ont affirmé les médias tant moldaves que russes ; elle note qu'il y a eu dans chaque armée des russophones et des roumanophones mélangés, et qu'il ne s'agit pas d'un conflit « ethnique » entre Roumains et Russes comme cela a été présenté en Occident, mais d'un conflit géopolitique entre la Moldavie et la Russie pour le contrôle des industries et des voies de communication du Dniestr[5].
Les médias transnistriens ont toujours qualifié le gouvernement moldave (même lorsqu'il était prorusse) de « nazi » et la bataille de Tighina de « nouveau Stalingrad », la Russie étant le « pays sauveur ». Du point de vue moldave, la bataille de Tighina n'est que l'un des premiers épisodes des nombreuses guerres russes pour reconstituer l'URSS[1]. Rétrospectivement, cette bataille apparaît comme une « répétition générale » ou un « modèle » pour la guerre du Donbass en Ukraine[8].
↑ ab et cBaidaus, « Portraying heroes and villains: Moldovan and Transnistrian print media during the 1992 war in the Dniester Valley », Canadian Slavonic Papers, vol. 60, nos 3–4, , p. 497–528 (DOI10.1080/00085006.2018.1520419, S2CID158812133, lire en ligne).