Il s'agit de la bataille de chars (contre chars) la plus importante à cette date. Le combat peut être vu comme une victoire française[1] ou allemande. En effet, pour Robert Frank, le bilan de cette bataille est ambigu. Il s’agit d’une victoire technique et tactique pour la France. Sur le plan technique, la bataille a montré une supériorité des chars français, notamment des Somua que les obus allemands ne réussissent pas à percer. Sur le plan tactique, elle a retardé l’avancée allemande et permis à la 1re armée française de s’installer sur ce qu’elle pensait être alors le front principal. Cependant, d’un point de vue intellectuel et stratégique, il s’agissait d’une défaite, le haut commandement français ayant été leurré par l’appât constitué par le corps blindé du général Hoepner. Cela attirait les meilleures unités françaises et les empêchaient ainsi d’intervenir à Sedan, où se déroulait l’opération décisive[2]. Au total 50 (plus 200 endommagés)[3] à 164[4] chars allemands sont détruits contre 105[4],[5] à 170 français[6].
Campagne précédant la bataille
Dans le cadre du plan Dyle et dans le cadre plus général de la manœuvre Dyle-Bréda qui vise à atteindre au plus vite les Pays-Bas, le corps de cavalerie du général Prioux doit couvrir les troupes françaises montant vers le nord en se portant au-devant des Allemands pour combler le vide stratégique autour de Hannut et de Crehen. C'est en effet là que les blindés allemands sont supposés passer car il n'y avait pas d'obstacle naturel hormis le ruisseau de la Petite Gette.
Les troupes belges doivent d'abord défendre le canal Albert, puis battre en retraite pour se positionner au nord-ouest du corps de cavalerie, le long de la ligne KW. Cette ligne, constituée de blockhaus, de barrages routiers et de barrières Cointet, s'étend d'Anvers à Wavre.
Forces en présence
Le corps de cavalerie français affronte frontalement le 16e corps allemand.
Corps de cavalerie
Le corps de cavalerie français comprend deux divisions légères mécaniques (DLM), regroupant chacune deux brigades légères mécaniques, l’une avec deux régiments de chars (40 chars moyens et 40 chars légers chacun) et l’autre avec un régiment de découverte (automitrailleuses) et un régiment de dragons portés (infanterie motorisée)[7] :
2e DLM (général Bougrain), subdivisée en deux brigades, la 3e BLM (regroupant les chars) et la 4e BLM (reconnaissance et infanterie) :
3e DLM (général Langlois) subdivisée en deux brigades, la 5e BLM (général de La Font, regroupant les chars) et la 6e BLM (colonel des Loges, regroupant reconnaissance et infanterie) :
Ces deux unités, créées en 1937 et 1940, sont puissantes, rapides et bien entraînées. Adaptées au combat moderne, elles sont parmi les meilleures unités de l’armée française[14], bien que manquant de moyens antiaériens. Chaque division dispose en plus de 16 chars de réserve[14]. Ce corps de cavalerie est envoyé pour couvrir à partir du 10 mai dans la plaine belge le déploiement des forces franco-belgo-britanniques par Gamelin, généralissime des armées françaises. Sa mission est de retarder jusqu’au matin (jusqu’au soir initialement) du 14 mai l’avancée allemande[7].
Les Français combattent initialement avec des soldats belges mais leur résistance dans le secteur s'effondre le au soir[15].
XVI. Armee-Korps (mot.)
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Le 16e corps allemand (XVI. Armee-Korps (mot.) en allemand) lui est opposé. Il est constitué autour de deux divisions :
autre unités : Artillerie-Abteilung 611, 2e bataillon de l'Artillerie-Regiment 93[18]
Bien entraînés, les régiments de chars utilisent au maximum leur matériel, constitué de Panzers I, II, III et IV, moins puissants (sauf le Panzer IV) mais plus rapides que les chars français ; le partage des tâches entre les membres de l’équipage de chaque char était aussi beaucoup mieux pensé que dans les chars français[19]. Face aux 415 chars français (sans compter les puissantes AMD), les Allemands engagent 623 chars mais seulement 73 Panzer III et 52 Panzer IV, les seuls utilisables en combat antichars[20].
La bataille de Hannut et celle de Gembloux sont liées. Elles entrent dans la stratégie visant à arrêter l'offensive allemande en Belgique.
Le général Prioux exploite les coupures de la Méhaigne et de la petite Gette. Dès le 11 mai, la retraite des forces belges percées sur le canal Albert a exposé le flanc gauche du corps français, qui combat en reculant[14]. Les Belges, positionnés au nord-ouest, couvrent les blindés du général Prioux[réf. nécessaire].
Le 13 mai, la 2e DLM attaque la 3. PzD, mais cette offensive est repoussée par les 88 mm antiaériens allemands, utilisés en antichars[24]. La progression de la 3. PzD, au nord, menace de tourner la 3e DLM, qui doit reculer l’après-midi, malgré la résistance des 1er et 2e cuirassiers[25]. Le recul est plus important que la veille : 10 à 15 km, Hoepner n’exploitant pas celui-ci à cause de problèmes logistiques de ravitaillement en carburant.
Le 14 mai, les deux divisions françaises continuent leur recul en combattant, sans céder réellement à la pression allemande[26] mais en subissant des pertes importantes[6]. Les Français se replient derrière la ligne Dyle-Namur, par la trouée de Gembloux, comme prévu dans les plans[26].
La totalité des chars allemands participe aux combats ; seuls 239 chars français sont engagés[14].
Bilan de la bataille
Bien que forcé au recul et ne pouvant engager toutes ses forces (dans l’ignorance des effectifs face à lui), le corps de cavalerie remplit sa mission retardatrice.
Cette bataille prouve les qualités au combat de chars français comme le Somua S35 face aux Panzers allemands plus légers[18],[14]. Les Allemands engageront leurs canons de 88 mm anti-aériens pour stopper les S35[27]. Par contre, le canon SA 18 de 37 mm utilisé par la majorité des Hotchkiss H39[28] se révèle impropre au combat antichar[21]. D'après Gérard Saint-Martin, la tactique employée (concentration des chars plutôt que la dispersion) pendant la bataille de Hannut montre une bonne connaissance des nouvelles tactiques d'utilisation des blindés en campagne par le général Prioux, ce qui est une situation exceptionnelle dans la campagne de France[14]. Toutefois, l'ordre donné par le général Prioux de résister sans se replier le n'est pas conforme aux missions de la cavalerie. De même les réserves blindées françaises sont dispersées linéairement et non regroupées[3]. L'historien allemand Karl-Heinz Frieser insiste sur le défaut de la tactique française, à savoir une défense en « collier de perles » le long des différents villages, qui permet aux Allemands de concentrer leurs forces pour percer la ligne française en un point précis et ensuite forcer le corps entier à reculer[29].
le Lieutenant-colonel Georges Hillion qui était adjudant au sein de la 1ère DLM du Colonel Touzet du Vigier, est porté disparu le 13 mai 1940 à la bataille de Thisnes. Seul rescapé mais grièvement blessé (26 blessures) il sera rapatrié à Hennebont en 1941 et sera placé à la tête de la 1ère Compagnie du 7ème Bataillon FFI du Morbihan.
Avec la bataille de Flavion, au sud-est de la Belgique, menée par les chars du général Bruneau contre ceux du général Hoth, les batailles de Hannut et de Gembloux n'en forment qu'une seule qui démontre la qualité des blindés français et de leur commandement[réf. nécessaire], malheureusement sans un soutien suffisant des aviations française et anglaise[réf. nécessaire][Information douteuse] et sans couverture française au sud contre l'offensive allemande consécutive à la percée de Sedan, qui allait entraîner la retraite générale des armées alliées et leur défaite.
↑Alya Aglan et Robert Frank, Chapitre 5. Juin 1940 : la défaite de la France ou le sens de Vichy » dans Alya Aglan et Robert Frank (dir.), 1937-1947, La guerre-monde, tome 1, Paris, Collection Folio, Gallimard, (ISBN9782070442652), pp. 261-263
Gérard Saint-Martin (préf. Pierre Messmer), L'arme blindée française, t. 1 : Mai-juin 1940 ! Les blindés français dans la tourmente, Paris, Economica, coll. « Campagnes & stratégies » (no 25), (réimpr. 2011), 365 p. (ISBN2-7178-3617-9).
Gérard Saint-Martin, « Le corps de cavalerie en Belgique du 10 au 14 mai 1940 : actes du colloque du 16 au 18 novembre 2000 », dans Christine Levisse-Touré (directeur de publication), La campagne de 1940, Paris, Tallandier, , p. 168-175.
Roger Maudhuy, Quand les chars français battaient les panzers allemands : la bataille de Hannut, 12-14 mai 1940, Les éditions de Gérardmer, .
Karl-Heinz Frieser (trad. de l'allemand par Nicole Thiers), Le mythe de la guerre-éclair : la campagne de l'Ouest de 1940 [« Blitzkrieg-Legende : der Westfeldzug 1940 »], Paris, Belin, , 479 p. (ISBN2-7011-2689-4).
« Histoire – Ces soldats méconnus », L'Express, .
Cédric Mas, « La Bataille de Hannut », Batailles & Blindés, Caraktère, no 41, (ISSN1765-0828).