Le Bambusa emeiensis ou Bambou du mont Emei[n 1] est une espèce de bambou de la tribu Bambuseae, de la famille des Poaceae (graminées), de 5 à 10(–12) m de hauteur et de 5 à 8 cm de diamètre, originaire de Chine.
Cette espèce de bambou est utilisée pour fabriquer des remèdes médicinaux, de la vannerie et du papier.
Nomenclature et étymologie
L'espèce a été décrite et nommée Bambusa emeienis (à partir Dendrocalamus affinisRendle, 1904) par L.C. Chia & H.L. Fung, en 1980 dans Acta Phytotaxonomica Sinica 18(2): 214, 1980[1],[n 2].
Le nom de genre Bambusa est un mot de latin scientifique obtenu par dérivation à partir de l’étymon de base Bambu, emprunté au portugaisbambu, mambu (XVIe), lequel est emprunté au marathe et au guzrati, langues dravidiennes de la côte ouest de l’Inde[2].
en raison de différence de sensibilité individuelle entre les différents taxinomistes quant à la circonscription de l'espèce
Bambusa emeiensis f. chrysotricha (Hsueh f. & T.P.Yi) Ohrnb., Bamboos World Intro. 4: 18 (1997)
Bambusa emeiensis f. flavidovirens (T.P.Yi) Ohrnb., Bamboos World Intro. 4: 18 (1997)
Bambusa emeiensis f. viridiflava (T.P.Yi) Ohrnb., Bamboos World Intro. 4: 18 (1997)
Lingnania distegia f. flavidostriata X.Jiang & Q.Li, J. Sichuan Agric. Coll. 2(2): 129 (1984)
Neosinocalamus affinis f. chrysotrichus (Hsueh f. & T.P.Yi) T.P.Yi, J. Bamboo Res. 4(1): 13 (1985)
Neosinocalamus affinis f. viridiflavus (T.P.Yi) T.P.Yi, J. Bamboo Res. 4(1): 13 (1985)
Sinocalamus affinis f. chrysotrichus Hsueh f. & T.P.Yi, J. Yunnan Forest. Coll. 1982(1): 68 (1982)
Sinocalamus affinis f. viridiflavus (T.P.Yi) Hsueh f. & T.P.Yi, J. Yunnan Forest. Coll. 1982(1): 68 (1982)
Description
Les chaumes du Bambusa emeiensis font de 5 à 10(–12) m de hauteur et de 5 à 8 cm de diamètre, avec des entrenœuds mesurant de 15 à 30(–60) cm de long, initialement rigides, brun pâle, avec des parois de 8–12 mm d’épaisseur, et des nœuds aplatis. Les branches sont absentes des nœuds inférieurs et nombreuses à partir du milieu. Les gaines des chaumes sont caduques, coriaces, à pubescence pale et à poils épineux brun foncé, les deux faces hispides[5].
Les feuilles sont de taille variable, la ligule tronquée fait 1–1,5 mm fimbriée (frangé); les oreillettes et les soies buccales sont absentes ; le limbe foliaireest étroitement lancéolé, de 10–30 cm de long sur 1–3 cm de large.
L’inflorescence itérative porte des pseudo-épillets de 1,2 à 1,5 cm de long, 2 ou 3 bractées et 3 à 5 fleurons, avec un fleuron terminal stérile.
L’espèce présente un grand intérêt systématique, avec des parties végétatives typiques de Bambusa subg. Lingnania, alors que la structure de l’épillet diffère du reste du sous-genre, avec ses caractéristiques de B. subg. Dendrocalamopsis[5].
Elle pousse dans les vallées fluviales et les zones vallonnées, entre 800 et 2 100 m.
C’est l’espèce de bambou la plus communément cultivée sur le plateau du Yunnan et dans les provinces adjacentes.
Utilisations
Médicinales
En médecine traditionnelle chinoise, les fleurs, les feuilles et les pousses de Bambusa emeiensis sont utilisées pour produire des remèdes[6].
Vannerie
Les tiges du Bambusa emeiensis peuvent être utilisées pour tisser des paniers, des corbeilles (筛篮 shailan), des balais de cuisine, des pelles à poussières, des râteaux etc. Les chaumes sont coupées en sections d’égale longueur, fendues en minces lames, lissées puis tissées.
Elles peuvent également être utilisées pour produire du bambou reconstitué pour les revêtements de sol et les meubles.
Âgé de 2 à 3 ans, elles sont particulièrement adaptées à la production de textiles en fibre de bambou.
Fabrication du papier
Les premiers papiers fabriqués avec du bambou sont apparus sous les dynasties Wèi et Jìn 魏晋 220-420. Ils sont devenus courants sous les Song 宋 920-1279. En raison de la croissance rapide du bambou et de l’abondance de la ressource, le papier de bambou a rapidement remplacé le papier de chanvre et le papier d’écorce. Seul le papier de Broussonetia put résister et s’imposer dans le nord de la Chine là où le bambou ne pousse pas[7].
La première description un peu précise à être publiée est celle de l’encyclopédie illustrée des techniques 天工開物, Tiangong Kaiwu, publiée en 1637. Elle donne les principales étapes de la fabrication du papier de bambou suivantes: le tri des matériaux, le trempage, l’ébullition, l’écrasement, la décoloration, le recueil de film de pâte sur un tamis de bambou, le pressage des feuilles, l’exposition au soleil et le séchage[8]. Si les anciens textes ne permettent pas d’identifier le plus souvent l’espèce végétale ayant servi à fabriquer le papier, par contre les analyses microscopiques des papiers dégagés sur les sites de fouilles archéologiques permettent de connaître la nature des fibres, de voir comment elles sont organisées et d’identifier bien souvent l’espèce papetière (Pan Jixing[9],[10]).
Yi Xiaohui 易晓辉 indique que pour la fabrication à la main des papiers traditionnels, les Chinois ont utilisé outre le 慈竹 cízhú Bambusa emeiensis, le bambou amer (苦竹 kǔzhú, Pleioblastus amarus), le bambou moso (毛竹 máozhú, Phyllostachys edulis), le bambou jaune (黄竹 huángzhú, Dendrocalamus membranaceus)[11].
Horticulture
En Chine, le Bambusa emeisensis, est planté dans les jardins, au bord des étangs.
Notes
↑le site Khartasia, qui se définit comme une base réunissant les informations sur les constituants végétaux du papier, le nomme « Bambou chinois du mont Omei », Omei est une ancienne orthographe de Emei, voir LAROQUE Claude, Université Paris Panthéon-Sorbonne, « Bambou chinois du mont Omei », sur Khartasia (consulté le )
↑les auteurs sont 贾良知 Jiǎ Liángzhī, et 冯学琳 Féng Xuélín
↑Alain Rey (direction), Marianne Tomi, Tristan Hordé, Chantal Tanet, Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Tomes I et II, Le Robert,
Entrées de Wikipedia traitant de la fabrication du papier. Celles marquées de ** comportent des dessins à l’encre illustrant le processus de fabrication du papier.